Le concours national Limousin qui s’ouvre ce jeudi 12 septembre à La Souterraine sera regardé très attentivement par les éleveurs étrangers, notamment espagnols. Nos voisins sont en effet friands de cette race, tant du côté du consommateur que du côté de la production. Pourtant, les conditions climatiques, a priori, ne sont pas favorables aux limousines. Mais c’est sans compter sur leur incroyable capacité d’adaptation.
Des champs de tournesol à perte de vue. Une immense plaine. Une mosaïque de terres arides. Et pourtant, cet énorme plateau de la Castille Léon est le berceau de la race limousine en Espagne.
Ici pas de prairie verdoyante. La plaine a des airs de paillasson. Près des murs en pierre sèche, quelques vaches à la robe rouge feu caractéristique. C’est ce troupeau qu’Olivier Rambert, exportateur de limousines et Sébastien Lagrafeuil, éleveur en Corrèze, sont venus examiner. Presque une visite d’inspection. Dix génisses ont été achetées l’an dernier par David, un jeune producteur qui accueille les deux experts. Toutes ont bien vêlé et elles se préparent à une deuxième mise bas.
"Dans ma ferme, on a toujours eu des Limousines, c'est une tradition familiale. Elles s'adaptent parfaitement sur tous les terrains, sec comme au printemps, comme en ce moment. Il n'a pas plu. Elles s'adaptent quand même", explique David Fernandez Arroyo, éleveur dans l'exploitation "Cisternas Mateo S.L.".
L’adaptation, le maître mot.
Cette adaptation est indispensable dans cette région, a priori, hostile aux limousines. "C'est très sec. On n'a pas d'herbe comme dans nos pâtures corréziennes ou en Bretagne. Après, il y a aussi des petits moustiques qui passent, quelques maladies à vecteur. Et malgré tout, on observe ne très bonne adaptation des animaux. Tout va bien !", se réjouit Olivier Rambert, chef de service Interlim génétique service.
Et au milieu du cheptel, Ubu, un jeune taureau de 800 kilos, acheté au pôle de Lanaud en juin. Parfait pour la reproduction. Il s’est déjà mis au travail. Loin de chez lui. Sans état d’âme.
Cette région du sud-est de l’Espagne, qui domine le Douro, à deux pas du Portugal, est l’une des plus dépouillées de la péninsule. Il n’a pas plu depuis trois mois. Pas une goutte d’eau n’est tombée sur les parcelles de David qui poursuit sa tournée. "Il fait des bons choix, il travaille bien, donc il peut être un des bons éleveurs espagnols dans quelques années et représenter la race limousine de la meilleure des façons", explique Sébastien Lagrafeuil.
Dans ce territoire rural, la vache allaitante est vénérée. Chaque lundi, une foire agricole accueille les plus beaux cheptels. Avec une fois l’an, le concours national Limousin et ces éleveurs, véritables ambassadeurs de la race.
La Limousine a tout pour plaire
"C’est une race avec une bonne facilité de reproduction, avec une finesse des os et en plus, elles sont très dociles", explique Juan Pablo Garcia Hijas, éleveur dans la région de Madrid.
À les entendre, ces bêtes n’auraient aucun défaut, aucune faiblesse. Bref, le nec plus ultra. "C'est pour ça que les éleveurs qui engraissent achètent plus des broutards limousins. Ça donne plus de valeur à la viande et ça rapporte plus d'argent", confie Ramon Cambrai, président de l'association limousine de Catalogne.
L’adaptation ne va quand même pas de soi. Tout dépend évidemment de la génétique, mais aussi de l’alimentation. C’est ce qui intéresse aussi les deux représentants du Limousin qui découvrent une autre exploitation. À défaut d’herbe, les animaux mangent du foin sec et un complément de luzerne, paille, maïs et farine de céréales. Aucun manque apparemment, malgré les conditions climatiques.
"Il y a beaucoup de relief, il y a des pierres, donc il faut des bons aplombs. Si on veut envisager que ces vaches nous fassent un petit veau par an pendant sept ou huit ans, il faut vraiment que ce soit bien choisi au départ et je pense qu'on a bien choisi", estime Olivier Rambert.
Ce qui rassure aussi ce responsable de l’exploitation, récemment engagé dans la sélection en limousines qui ont, à l’entendre, un sacré caractère. "Le seul point négatif, c'est que lorsqu'elles s'énervent vraiment, elles sont brusques et plus têtues que les autres", constate Felipe Martine.
En tout cas, Felipe et les siens, ont bien l’intention de continuer à accroître leur cheptel. En éleveurs attentifs à leurs animaux qui ne manquent pas de noblesse.
Un concours à suivre
Le Concours National de la race Limousine aura lieu du 12 au 15 septembre à La Souterraine en Creuse. 170 éleveurs et plus de 600 bovins sont attendus. À cette occasion, les équipes de .3NoA et de la rédaction de France 3 Limousin se mobilisent avec une émission spéciale de Dimanche en Politique, une émission spéciale de Noa Sur terre et la Retransmission en direct des épreuves du concours des prix d'ensemble sur .3 NoA de 15 heures à 17 heures ce samedi 14 septembre. (Diffusion sur .3 NoA : dimanche 15 septembre à 19.00 - Diffusion sur France 3 Nouvelle-Aquitaine : dimanche 15 septembre à 10.35)