À Limoges (Haute-Vienne), le quartier de Beaubreuil ne compte plus que trois médecins généralistes. Mais l'un d'eux s'apprête à arrêter d'exercer, suite à une agression. Une situation inquiétante, pour les habitants de ce désert médical urbain.
Le quartier de Beaubreuil, à Limoges (Haute-Vienne), est une petite ville à lui tout seul. Ses 10 000 habitants ne peuvent compter que sur trois médecins généralistes. Mais ils ne seront bientôt plus que deux : l'un d'entre eux va jeter l'éponge suite à une agression.
Une ancienne habitante du quartier est en train de regarder le nombre de médecins sur l'écriteau du cabinet médical. "Je le fais pour des amis, qui trouvent compliqué de trouver un médecin aujourd'hui", explique-t-elle.
Lors de sa création en 1976, la structure comptait quatre médecins généralistes. Leur nombre a diminué de moitié aujourd'hui. Et à partir de janvier prochain, le cabinet ne devrait plus compter qu'un seul généraliste.
Pour une dame habitante du quartier depuis 40 ans, la situation est donc très inquiétante. "C'était une très bonne doctoresse, elle va beaucoup nous manquer", déplore-t-elle. "On aimerait bien avoir un autre médecin, qu'on pourrait garder. C'était pratique de tout avoir sous la main."
Un climat d'insécurité pesant
Une opinion partagée par Christina Alves, l'infirmière du groupe médical de Beaubreuil. Elle pointe les difficultés de déplacement de la patientèle du quartier. "Ils font appel à SOS médecins, mais il y en a de moins en moins qui viennent dans le quartier, sauf ceux qui ont plus de 70 ans. On s’est battus pour avoir plus de médecins, mais ils ne semblent pas avoir envie de s’installer ici."
Christina Alves a elle-même subi une agression il y a une dizaine d’années. Le climat d'insécurité pèse lourd sur l'exercice de son métier. "On vient ici pour soigner, on est agressé et on ne sait pas pourquoi. On aimerait bien travailler dans de bonnes conditions. Les gens ont besoin de nous."
Des mesures incitatives pour attirer les jeunes médecins
De son côté, l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine est consciente du manque de médecins sur ce territoire urbain. En avril dernier, elle a donné à Beaubreuil le statut de zone dite fragile dans le cadre du contrat local de santé. La phase de diagnostic est en cours, en partenariat avec la ville de Limoges.
Des aides financières seront mises en place afin de pallier le manque de médecins généralistes. "Nous avons classé Beaubreuil, comme les autres quartiers politiques de la ville, en zone d'action complémentaire, ce qui n’était pas le cas jusque-là", détaille Sophie Girard, directrice de la délégation 87 de l’ARS Nouvelle-Aquitaine. "Et cela pour déterminer des mesures incitatives à l'installation des médecins."
Contactés, les trois médecins du quartier n'ont pas souhaité répondre à nos questions.