Limoges : les restaurants sont-ils prêts à rouvrir leur terrasse ?

Un retour à la normale pour la mi-mai, c'est la promesse d'Emmanuel Macron lors de son allocution du 31 mars 2021. Mais dans les faits les terrasses pourront-elles réellement rouvrir ? Et est-ce réellement souhaitable ? Nous avons posé la question aux intéressés.

Le samedi 15 mai 2021, serait-il en train de devenir LA date synonyme d’espoir pour les restaurateurs et leurs clients impatients ? 

C’est en tout cas la date promise, ou presque, par Emmanuel Macron pour la réouverture des terrasses de restaurants. Le 31 mars dernier le président de la République annonçait "Cette tenaille (en parlant du reconfinement, ndlr) va nous permettre, à partir de la mi-mai, de rouvrir progressivement le pays. Retrouver cette culture qui nous a tant manqué, retrouver les lieux de rencontre, les commerces, retrouver cet art de vie à la française, les restaurants, les cafés".

Le 15 avril, Emmanuel Macron évoquait à nouveau un retour des terrasses de restaurants dès la mi-mai lors d’une rencontre avec une dizaine de maires. Mais pour l’heure aucun calendrier précis n’est confirmé. 

Rouvrir les terrasses, oui mais...

Cependant toute la profession ne parle que de ça et espère une réouverture mais pas dans n’importe quelles conditions comme le souligne Alain Guilloux président pour la Haute-Vienne de L’UMIH (l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) : "C’est compliqué de n’ouvrir que les terrasses. Surtout dans une ville comme Limoges. Ici ce n’est pas comme en bord de mer. Tout le monde n’a pas de terrasse, et quand il y en a elles sont souvent petites. Je crains qu’avec les mesures de distanciation ce ne soit pas rentable. Et quand il pleut, comment faire?"

Agnès Chanard est la patrone de La Souris Verte, rue des Tanneries, en centre ville de Limoges. Elle a une terrasse qui en temps normal peut accueillir 30 convives. Cependant l'idée d'une réouverture le 15 mai ne la réjouit pas : "Je ne pourrais pas accueillir plus de 15 personnes et avec 15 couverts on ne vit pas." D'autre part, la restauratrice soulève une autre problématique : "Je ne me vois pas rouvrir si mes confrères, installés à quelques mètres de moi mais qui n'ont pas de terrasse, ne peuvent pas rouvrir. Cela me ferait vraiment mal au coeur et je ne le souhaite pas."

Et décidément, les restaurateurs sont solidaires car de son côté, Thierry Barreau, le chef du Colisée rue du Maupas, ne voit pas d'un mauvais oeil la réouverture des terrasses même si lui n'en n'a pas : "C’est très bien il faut commencer par quelque chose c’est positif même si moi je n'ai pas de terrasse. Moi si je peux continuer à travailler dans les petits chalets des restaurateurs installés par la ville de Limoges, ça me convient."

 

Mais au fait une terrasse, tout les restaurateurs peuvent en avoir une ?

S'ils possèdent une espace privé leur permettant de la déployer, oui bien sûr.

Cependant, une terrasse représente un certain investissement, comme l'explique Alain Guilloux : "Pour créer une terrasse de 10 couverts, il faut compter entre 5 et 10 000 euros. Un beau parasol c’est 1000 euros. Une chaise 80 une table 120.  Ce n'est pas neutre dans ces moments difficiles."

Si le restaurateur ne dispose pas d'espace privée, il peut faire une demande à la ville pour empiéter sur l'espace public, le trottoir. Mais cela se fait sous certaines conditions. Il faut, par exemple, être certain que l'espace occupé par la terrasse laisse un passage d'au moins 1m50 de large pour la circulation des piétons.

Il y a ensuite deux types de terrasses, celles sans ancrage au sol, dites terrasses estivales et les autres, qui peuvent accueillir du public toute l'année parce qu'elles sont couvertes.

"Je vais faire la demande pour installer une terrasse, mais je ne pense pas avoir l'autorisation, il y a un feu de signalisation juste devant le restaurant. Je réfléchis à ouvrir les vitrines de mon restaurant pour qu'il soit plus aéré." Confie Thierry Barreau.

La ville de Limoges est pourtant particulièrement clémente depuis un an avec les restaurateurs qui souhaitent créer une terrasse. De même, la charte des terrasses est appliquée de manière plus souple depuis le début de la crise sanitaire, moins d'exigences concernant le mobilier par exemple (sans pour autant autoriser les parasols publicitaires ou le mobilier PVC trop bas de gamme). Et puis la municipalité fait des efforts financiers également, la redevance terrasse est d'1€ symbolique le premier mois, et elle sera proportionnelle au nombre de mois d'ouverture.

Terrasses à Limoges
Infogram

En 2019 le nombre de demandes de terrasses estivales était de 41 pour la ville de Limoges, 96 demandes en 2020, 93 pour le moment en 2021. En 2019 Limoges comptait 3373m² de terrasses, pour l'année 2020 cette surface a été étendue à 4769m².

D'autres pistes ?

Dans la semaine, des représentants des restaurateurs rencontreront Jean Castex pour discuter des modalités de réouverture et sans doute d'un calendrier.

Mais pour Alain Guilloux président pour la Haute-Vienne de L’UMIH la priorité n'est pas la réouverture des terrasses : "Pour nous ce qu'il faut faire en premier lieu, c'est autoriser la réouverture des restaurants d'hôtels. C'est primordial pour les hôteliers et leurs rares clients. Aujourd'hui le service en chambre demande une mise en place supplémentaire et c'est très compliqué."

Ensuite, selon le représentant du syndicat, il faut rouvrir de manière équitable : "Il faut que tous les établissements puissent rouvrir, peut-être uniquement pour le service du midi dans un premier temps. Il faut également encourager la mise en place du traçage par QR code plutôt qu'avec les cahiers d'inscription sur lesquels les clients peuvent indiquer des informations erronées."

Le système de QR code devait d'ailleurs être développé par le gouvernement qui semble abandonner cette idée. Une idée qui est pourtant largement plébiscitée par plusieurs gorupements de professionnels

Alain Guilloux, Thierry Barreau et Agnès Chanard souhaitent tous les trois que les villages des restaurateurs mis en place par la ville de Limoges puissent continuer d'exister au delà du 15 mai. Pour le moment la ville les a autorisés jusqu'au 9 mai place de la Motte, jusqu'au 7 mais place Jourdan, en précisant que ces dates n'étaient pas définitives.

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