Limoges : PEARL, un trésor d'innovations contre la pollution des eaux

La société PEARL, installée au technopole de Limoges, a conçu un système innovant et naturel de captation des métaux lourds dans l'eau. Le résultat de longues études qui ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine du traitement des eaux industriels et courantes. 

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Spécialisée dans l'analyse de la radioactivité depuis 15 ans, PEARL, start up hébergée à Ester Technopole, a développé récemment un concept innovant de capture des métaux lourds, procédé totalement écologique comme l'explique Christian Bouthillon, président de PEARL et ingénieur agricole : ''A l'origine, un professeur de l'université s'est intéressé au traitement des déchets nucléaires. Cela a conduit à la création de ce laboratoire avec une activité sur le traitement du radon. De là, nous avons travaillé sur le traitement des eaux usées chargées de métaux lourds grâce aux écorces''.

PEARL a tout d'abord axé son activité sur la mesure et l'analyse de la radioactivité naturellement présente en Limousin. Elle traite aujourd'hui l'eau pluviale et de consommation courante. Clément Foussard, technicien spécialisé, détaille le processus d'analyse : ''On fait des analyses sur des prélèvements d'eau pour vérifier la concentration en radioactivité. Par exemple, j'analyse le radon dans l'eau. Une fois que j'ai mis l'échantillon dans le capteur, j'obtiens des valeurs de concentration dans l'eau''.

Biosorb, un concept innovant écologique

Fort de cette expertise, cette PME a ensuite élaboré Biosorb, un système écologique innovant de dépollution : il permet de piéger à plus de 99% les métaux dissous comme, entre autres, le plomb, le cuivre, le nickel et le zinc. Un processus inspiré de la nature elle-même : ce phénomène est présent à la surface des arbres. Loïc Jauberty est docteur en chimie, à l'origine des recherches il y a 15 ans. Désormais responsable de la recherche et du développement chez PEARL, il nous révèle les caractéristiques de ce mécanisme naturel : ''Ce sont simplement des écorces qui ont été broyées, tamisées et ensuite qui ont été activtées comme on peut activer un charbon actif que l'on peut retrouver dans des carafes filtrantes chez soi au quotidien. Ces écorces sont ensuite introduites dans un feutre de lin de façon à pouvoir utiliser ce procédé directement dans le traitement des eaux sans que les écorces soient entraînées par le flux de l'eau qui est traitée''.

Biosorb permet de piéger 99% des métaux lourds dissous dans l'eau

Loïc Jauberty Docteur en chimie chez PEARL

De nouveaux marchés et perspectives 

Les tapis Biosorb sont fabriqués à Valliquerville en Normandie, dans l'usine partenaire Eco Technilin. 10 000 m2 ont été vendus à des industriels depuis leur commercialisation en 2019. PEARL a déposé 3 brevets internationaux et noué des contacts à l'étranger, au Chili et à Singapour notamment. L'entreprise développe désormais ses capacités de traitement avec des stations de 50 m3/heure, 10 fois plus performantes qu'auparavant.

L'entreprise se développe, une commerciale vient d'être recrutée. Objectif : toucher ainsi de nouveaux marchés. '' Pour face à notre développement, nous avons acquis en 2020 deux machines d'analyse et de traitement, l'une pour la partie air, l'autre pour la partie eau'',  confirme Pierre de Courson, directeur commercial, ''les perspectives de développement sont liées aux traitements de finition dans les stations d'épuration et à la couverture de nouveaux secteurs que nous allons démarcher qui sont l'agriculture, la chimie et la pharmacie''. Cible également privilégiée : les stations d'épuration, un projet de test est en cours à Limoges. Dans cette optique, PEARL ambitionne une progression de son chiffre d'affaire de 10 à 20% chaque année.

Quand écologie rime avec économie

Pascal Boyer, spécialiste de la gestion de l'eau, met cette innovation en perspective. Il administre le réseau Soltena, Solutions pour la Transition Ecologique en Nouvelle Aquitaine, basé à Limoges. Ce réseau comprend 240 acteurs (universitaires, collectivités, entreprises...) liés à l'environnement, la transition énergétique et l'économie circulaire. Il résume ainsi sa pensée : ''L'écologie n'est pas qu'un concept politique, c'est très économique finalement. Si une entreprise utilise de l'eau pour sa production (une laiterie ou une exploitation bovine par exemple) et si cette eau n'est pas en quantité et en qualité suffisante, la production risque de s'arrêter, ce qui est dramatique, y compris pour l'emploi. De même, si l'on est pas économe, le procédé va coûter plus cher, le produit final va coûter plus cher. Nous avons une multitude d'exemples comme ça qui démontre l'intérêt d'aller vers cette transition écologique''.

Le Limousin plutôt bon élève 

Et d'ajouter : ''Le Limousin est plutôt bon élève et on peut citer un exemple probant : Limoges Métropole a décidé d'aller vers ce qu'on appelle les territoires en transition hydrique. C'est une première quasiment en Europe. Limoges Métropole veut apporter de l'innovation dans la gestion de l'eau au quotidien aussi bien pour les entreprises que pour l'agriculture ou le particulier en allant chercher tous les points sur lesquels on peut amener de la durabilité sur l'utilisation de l'eau. Il s'agit, par exemple, de réutiliser l'eau passée dans une station d'épuration pour de l'arrosage, de l'irrigation ou du maraîchage. L'idée est de mettre en synergie tous les acteurs concernés pour mieux utiliser cette ressource et la rendre ainsi durable''.

Un enjeu particulièrement important dans le Limousin et dès à présent. Celui que l'on désigne comme l'un des châteaux d'eau de la France, ne possède que  très peu de nappes phréatiques du fait de son terroir granitique. Ces eaux qui courent (Cher, Corrèze, Vézère, Vienne, Creuse) alimentent les régions en aval, mais le phénomène de sécheresse de l'été 2019 risque rapidement de se reproduire avec le dérèglement climatique. Certaines communes de Corrèze avaient dû être ravitaillées par citerne en eau potable. Comment s'en prémunir dans les secteurs les plus consommateurs d'eau quesont l'industrie et l'agriculture ? Eléments de réponse avec notre magazine ''Enquêtes de région" intitulé : ''La sécheresse, une fatalité ?''.

 

 

 

 

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