L'eau potable est généralement issue des nappes phréatiques mais toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Le Limousin fait notamment exception. Il est davantage exposé au manque d'eau.
Géographiquement, le Limousin est situé sur les contreforts du Massif Central. Il est le premier obstacle pour les nuages qui viennent de l’Atlantique. Cette région est donc d’ordinaire très verte et ne manque pas d’eau.
Mais ces dernières années, on a constaté d’importants déficits pluviométriques. Ils sont d’autant plus inquiétants en raison de la géologie particulière de la Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Creuse.
Presque aucune nappe d'eau
La France compte des milliers de nappes souterraines. Bassin aquitain, vallée du Rhône ou encore le Bassin parisien constituent d'importantes réserves d'eau.Mais tout comme dans les zones montagneuses, en Limousin le sous-sol est essentiellement constitué de roches très anciennes dégradées par l’érosion (les altérites), et de granites fissurés.
L’eau de pluie passe dans les altérites, puis dans les fractures granitiques, avant de s’écouler vers les cours d’eau. Les volumes stockés sont donc très limités et n’excèdent pas 1 à 2 mois de consommation.
L’eau qui est consommée dans le Limousin provient des fissures granitiques. Ce sont des sources.
Ces deux dernières années, les précipitations ont été très faibles durant la période hivernale. D’où des phénomènes de sécheresse plus importants en été.
Gouzon et le bassin de Brive
En Creuse, le secteur de Gouzon est le seul à bénéficier d’une petite nappe d'eau. Elle est constituée par des sables dans lesquels l’eau pénètre très rapidement. Une réserve qui n'est donc que peu efficace.Quant au bassin de Brive (Corrèze), il fait exception. Il est constitué de roches calcaires poreuses. Les stocks sont plus importants qu’ailleurs, puisque le précieux liquide est à la fois conservé à l’intérieur de la roche et dans les fractures. Mais cette eau peut être plus sujette à des pollutions et doit être traitée.
Les barrages
Dans les années 1950 et 1960, les responsables politiques Limousins ont anticipé le manque d’eau. Ils ont fait construire plusieurs grands barrages. Des eaux stockées en surface qui permettent de passer l’été sereinement à Limoges, et le long des bassins de la Dordogne et de la Vézère.Aujourd’hui, le déficit se fait par contre cruellement sentir dans les petites communes dont les réserves proviennent uniquement des ressources souterraines.
La Creuse, département le plus sec.
Lors de l’hiver 2018/2019, la Creuse a été le département le moins arrosé de Nouvelle Aquitaine.Il ne peut compter sur aucun barrage. Les ressources en eau proviennent donc essentiellement des sources (résurgences des fissures granitiques), ou des forages (petites nappes d’eau souterraines).
La sécheresse perdure depuis l’été 2018 et la situation devient problématique dans certaines villes comme Guéret.
Pour mieux répartir les ressources en eau, l’interconnexion des différents syndicats des eaux du département pourrait permettre une meilleure répartition des ressources dans l’année. Reste pour cela à obtenir l'adhésion des responsables politiques locaux.
Economiser l’eau potable en Creuse
"On a 100 jours de provision d'eau devant nous" : le maire de Guéret n'a jamais connu une telle sécheressehttps://t.co/Q7rFKOIPJG pic.twitter.com/4b3Oh247wd
— franceinfo (@franceinfo) August 25, 2019
Par ailleurs, la préfecture souhaiterait inciter les agriculteurs à puiser l’eau que consomment leurs troupeaux dans les altérites, une ressource qui n’est que très peu utilisée.
Pour un coût tout relatif, ils implanteraient des pointes filtrantes tout près de leur bétail. En buvant, les animaux déclencheraient une pompe qui remplirait leur abreuvoir. Pour l'hydrogéologue Murielle Thinon-Larminach
Le BRGM (Bureau de géologie minière) réfléchi à développer une méthodologie pour l’implantation de ces pointes filtrantes sur des bassins pilotes en partenariat avec la Chambre d’Agriculture et l’Université de Limoges avec le concours financier du Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne.L’eau que consomment les vaches ne viendrait donc plus du réseau et coûterait bien moins cher.