Des élèves qui ont décroché, qui sont absents ou à qui le système scolaire traditionnel ne correspond pas… Dans le micro-lycée Utrillo de Limoges, rattaché au lycée Valadon, cette structure permet à des jeunes de réussir leur bac et de se préparer à l’avenir.
Des cours en petit comité, et adaptés à ceux qui ont décroché du système scolaire traditionnel. Dans le micro-lycée Utrillo de Limoges, au sein du lycée Suzanne Valadon, un dispositif accueille des jeunes de 16 à 25 ans ayant eu des coupures, déscolarisations très longues et permet de les remettre en situation favorable de réussite. Le phénomène de décrochage scolaire a pris de l'ampleur avec la crise sanitaire et les confinements à répétition.
Le rêve de réussir devient réalité
“Déjà, je vais en cours par rapport à quand j'étais en seconde. Je participe, je rends des écrits... Ce qui est miraculeux. J’avais 9,5 de moyenne générale en première parce qu'une fois sur deux, je rendais une copie blanche”, raconte Phil, étudiant en terminale. "On est en petit groupe, tous ensemble, avec des enseignants encourageants. Ça met à l'aise. J'envisage des études supérieures après le bac, ce qui n'était pas le cas avant", sourit-il.
Quant à Alix, il a vu son niveau drastiquement évoluer : “Au collège, ma moyenne ne dépassait pas les 10. Or là, elle atteint les 12, voire même parfois plus !”
Si les enseignements sont les mêmes que dans les cours "traditionnels", les élèves sont accompagnés individuellement par les professeurs. Pas de jugement, ni de pression… Ici, c’est l’humain et la bienveillance qui priment.
"Le moment où vous commencez à paniquer, à vous dire 'je ne me souviens de rien, je vais tout mélanger', moi, je sais la méthodologie à appliquer", rassure Thibaut Lépinat, enseignant.
Quand on envisage un raccrochage, on s'adresse à des individus qui ont une histoire, un passif avec l'institution scolaire. Il faut le connaître et en tenir compte si on veut être dans une trajectoire positive de raccrochage. Il faut maintenir leur niaque.
Thibaut Lépinat, enseignant
Chaque année, 100 000 jeunes sortent du système scolaire français sans aucun diplôme
Contexte familial, troubles de l’attention ou encore découragement... La plupart ont un parcours atypique. Mais grâce à cet environnement, ils reprennent confiance en eux. “Je suis dyslexique. On m'a toujours dit que je ne pourrai jamais aller en général, que ce n'était pas fait pour moi. C'est pour ça que je me suis orientée vers la voie professionnelle, et j’ai remarqué que je pouvais le faire, c’est pour ça que je suis là. Mon projet est d'aller en fac de sociologie pour faire sociologue", confie Lou, élève de première.
À l’origine du projet, Carole Durce-Deloustal. La coordinatrice pédagogique a vu de nombreux élèves réussir depuis l’ouverture du micro-lycée en 2016. Selon elle, certaines de ces méthodes pourraient être utiles dans les établissements dits "traditionnels" : “Le micro-lycée est là pour raccrocher des élèves qui ont décroché. Mais les outils techniques, humains, qu’on utilise au quotidien peuvent être efficients, avec des élèves en cours de décrochage, autrement dit en préventif et plus en curatif.”
Chaque année, 100 000 jeunes sortent du système scolaire français sans aucun diplôme. Ces raccrocheurs passeront leur baccalauréat à la fin de l’année, comme les autres lycéens de l’académie.