Ils ont vécu mai 68. Certains ont participé au mouvement, d’autres au contraire l’ont subi, voire rejeté. Pour les 50 ans du plus important mouvement social du 20ème siècle, France 3 Limousin dresse le portrait d'habitants de la région, qui racontent leur mai 68.
Michel Bruzat, 67 ans, est le créateur et le metteur en scène du théâtre La Passerelle, à Limoges. En mai 68, lorsque la France est secouée par un mouvement social d’une ampleur inédite, il n’a que 17 ans.
Il est alors en première au lycée Gay-Lussac. Timide, réfléchi, "pas un bon élève" selon ses propres mots, il s’ennuie "beaucoup". Avec mai 68, fini l’ennui : au lycée, Michel Bruzat devient un leader, joyeux, enthousiaste, qui n’hésite pas à interpeller professeurs et proviseur. Avec un cheval de bataille : plus question de faire classe assis les uns derrière les autres, devant un enseignant juché sur une estrade. Cette dernière a marqué le metteur en scène : "quand je suis allé voir le proviseur, je me souviens, moi j’étais tout petit, et lui il était très haut sur son estrade, donc il me dominait déjà".
La révolution de Michel Bruzat sera poétique, ne passant pas par des barricades, encore moins par des pavés, mais par des slogans sur les murs, et des vers.
Insoumis et plus affirmé
Utopiste, convaincu qu’un autre monde est possible, Michel Bruzat voit autour de lui des révoltés moins impliqués : "Je me souviens de gens qui en ont profité pour partir en vacances", note-t-il.
La fin du soulèvement restera pour lui le moment le plus marquant. Le proviseur reprend son estrade, mais Michel Bruzat est désormais libre, insoumis et plus affirmé : "D’un seul coup, si tu savais faire quelque chose, tu pouvais le dire."