Le gouvernement démissionnaire affirme que la trésorerie des universités est abondante et qu'elle pourrait financer une partie de la caisse des retraites des fonctionnaires. À Limoges, la moitié de l'argent qui se trouve sur les comptes bancaires de l'Université, serait déjà gagé, selon l'actuelle présidente.
En ces temps de disette budgétaire, l'État est à l'affût du moindre euro pour boucler un budget, qui a valu une motion de censure à Michel Barnier, et sa démission. On attend toujours le nom du prochain Premier ministre.
Il y a quelques jours, le gouvernement a demandé une contribution des universités, pour alimenter le CAS (Compte d'allocation spécifique) pour les pensions des fonctionnaires. Une petite somme rondelette de 500 millions d'euros aurait été la bienvenue.
Refus catégorique
Les présidents d'Université ont refusé catégoriquement cette demande, qui représenterait environ 3% de leur budget. C'est ainsi qu'une journée "Universités en danger" a eu lieu mardi 3 décembre.
Isabelle Klock-Fontanille, actuelle présidente de l'Université de Limoges, affirme : "Nous devons faire face à des charges imprévues telles que l'augmentation du prix de l'énergie, et puis notre masse salariale est plus importante qu'ailleurs, puisque nos enseignants sont plus âgés que la moyenne et ont donc plus d'ancienneté"
France Université a menacé de fermer certaines formations, et de réduire le nombre de places disponibles pour les étudiants dans Parcours sup. La plateforme d'accès à l'enseignement supérieur ouvrira sa carte des formations, disponibles en 2025, le 18 décembre prochain.
Une abondante trésorerie ?
Pour justifier sa demande, Patrick Hetzel, ministre démissionnaire de l'Enseignement supérieur, a publié le palmarès de la trésorerie des universités. Elle serait abondante : plus de deux milliards et demi d'euros qui dormiraient sur des comptes, alors même que l'État en aurait immédiatement besoin.
- L'Université de Poitiers aurait ainsi 67,7 millions d'euros en banque, soit 92 jours de trésorerie ;
- À la Rochelle, l'université totaliserait 14 millions d'euros de liquidités, soit 50 jours ;
- Bordeaux disposerait de 222,7 millions d'euros, soit 135 jours.
Tous ces établissements publics sont donc soupçonnés de thésauriser l'argent abondé chaque année par l'État, ce dernier ne leur impose que quinze jours de trésorerie, pour payer leurs salaires et charges courantes.
À côté des autres universités de Nouvelle-Aquitaine, Limoges joue petit bras avec 27 millions d'euros, soit 52 jours de trésorerie. Une simple règle de trois permet d'établir que l'université aurait besoin de 7,7 millions de trésorerie pour avoir ces fameux quinze jours de liquidités exigés.
À quoi servent les 27 millions de Limoges ?
Aux accusations du ministère, Isabelle Klock-Fontanille, présidente de l'Université de Limoges, répond simplement : "La moitié de nos 27 millions d'Euros de trésorerie sont déjà gagés. Ce sont des avances sur projet".
L'université de Limoges a, par exemple, touché des fonds pour construire un bâtiment qui accueillera les chercheurs du projet Oméga Health, près du CHU.
Il resterait donc 13,5 millions d'euros de véritables disponibilités (la moitié de 27 millions). On calcule un excédent d'environ 6 millions d'Euros, soit 13,5 millions moins les 7,7 de liquidités exigées.
Le responsable financier de l'Université ajoute que le chiffre de 27 millions d'euros est issu d'un budget prévisionnel. Selon lui, la trésorerie de juin sera bien moins importante.
Notre situation financière est saine, mais contrainte.
Isabelle Klock FontanillePrésidente de l'Université de Limoges
On note, au passage, que les finances de l'Université de Limoges se sont bien améliorées. En 2016, les comptes affichaient un déficit abyssal.
De nouveaux financements à trouver ?
Depuis quelques années, il est demandé aux universités de développer des ressources propres comme la mise en place de formations continues. Ainsi, 50% des ressources de l'Université Paris Dauphine provient de cette nouvelle manne financière.
À Limoges, la formation continue permet de dégager des ressources propres d'un montant de quatorze millions chaque année. Un nouveau service a même été créé au sein de la présidence pour gérer le tout.
Le gouvernement démissionnaire souhaite que cet argent soit utilisé pour payer les charges courantes, ce qui lui permettra de moins subventionner, et d'offrir encore plus d'autonomie aux Universités.