"Universités en danger". Pour la présidente de celle de Limoges, "l’avenir de nos enfants est en jeu"

Une journée de mobilisation nationale "Universités en danger" a eu lieu mardi 3 décembre pour protester contre "l'effort budgétaire" demandé aux universités par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Isabelle Klock-Fontanille, présidente de l'université de Limoges, fait le point sur la situation de ses établissements.

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"Aucunes nouvelles mesures ne sont compensées", constate Isabelle Klock-Fontanille. La présidente de l'université de Limoges a participé hier à la journée nationale "Universités en danger". Partout en France, des établissements se sont mobilisés. À Lille par exemple, l’intégralité des sites était fermée, l’alarme a retenti à Evry, des cours ont été suspendus à Nice. La présidente, solidaire du mouvement, a signé un communiqué avec les cinq présidents des universités de Nouvelle-Aquitaine et s'est retrouvée en visioconférence avec ses collègues de France Universités. L'objectif : faire le point sur la situation et envisager la suite du mouvement.

Les raisons de la colère

Les présidents d'Universités protestent contre "l'effort budgétaire" de 350 millions d'euros qui leur a été demandé fin novembre par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, dans le projet de loi de finances 2025. "Cette somme, représentant environ 3% du budget cumulé des universités, découle principalement de mesures salariales et de la prise en charge des pensions de retraite", explique le Ministère dans un communiqué publié mardi 3 décembre.

Le ministère considère que ces efforts budgétaires peuvent être absorbés en 2025 par une majorité des établissements.

Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche

Communiqué de presse, 3 décembre 2024

Mais les présidents des universités en France, par le biais de France Universités, estiment avoir déjà fourni ces efforts "en encaissant des surcoûts massifs liés à des mesures salariales et aux hausses des prix de l’énergie." Dans un communiqué, publié lundi, ils considèrent que le gouvernement persiste à leur imposer, sans financement, une augmentation des dépenses salariales en relevant, entre autres, leur contribution au compte d’affectation spéciale des pensions.

Pour l’Université de Limoges, ça représente deux millions d’euros qui ne sont pas donnés par l’Etat qu’on est obligé de prendre sur nos économies.

Isabelle Klock-Fontanille

Présidente de l'Université de Limoges

En parallèle, l'Université a fait face, ces dernières années, à une explosion de ces dépenses en énergie qui ont triplé, selon la présidente de Limoges : "Aujourd'hui, le budget qui lui est consacré est de 6.5 millions d'euros" contre "quelques millions" auparavant.

Si le monde universitaire limougeaud avec ses 18.000 étudiants, 850 enseignants et 350 formations diplômantes n'est pas en danger, comme peuvent l'être d'autres universités françaises, ces annonces l'empêchent de "monter en puissance et de réaliser de nouveaux projets", souligne la présidente.

Vers une offre réduite de formations ?

Isabelle Klock-Fontanille est catégorique : elle ne veut pas se diriger vers une réduction de l'offre de formations ou la suppression de certaines d'entre elles. Elle évoque toutefois l'importance de se diriger vers des solutions "innovantes" pour réaliser des économies : "Il faut comprendre pourquoi l’offre coûte trop cher et trouver des solutions : apprentissage, l’alternance, la formation continue… Nous devons continuer à développer ces formes-là d’études."

C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu. (...) Nous sommes des établissements publics et si le public ne peut plus remplir ses missions, le privé n’attend que ça.

Isabelle Klock-Fontanille

Présidente de l'Université de Limoges

La suite du mouvement est corrélée à la décision de l'Assemblée nationale et la possible censure du gouvernement Barnier. Néanmoins, des pistes sont déjà évoquées : "Des actions sont prévues. Le bureau de France Universités a rencontré le ministre de l’Enseignement supérieur hier matin. L’entretien ne s’est pas très bien passé. La décision que nous avons prise est d’aller à Bercy, puisque c’est Bercy qui tient les cordons de la bourse, et voir comment on peut avancer. Mais on attend quand même de voir ce qu’il va se passer aujourd’hui."

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