Alors que la concertation publique s'achève ce 20 mars 2022, habitants et élus de Haute-Vienne ont tous des avis bien tranchés sur le projet d'A 147 entre Poitiers et Limoges. Les opposants plaident pour une 2 fois 2 voies et le développement du train.
Dernière ligne droite pour les contributions au projet d'autoroute qui s'achèvent ce dimanche 20 mars. Le 10 mars dernier, ce fut la dernière réunion publique lors d'une "assemblée des territoires de clôture" à Peyrat-de-Bellac.
L'occasion pour la ville de Limoges et les chambres de commerce de la Haute-Vienne et de la Vienne de redire leur grand intérêt pour le projet. "Cette autoroute répondrait aux attentes de désenclavement, aux enjeux économiques et de cohésion du territoire. Le nord de la région doit avoir les mêmes droits que le sud" indique le représentant de la CCI de Poitiers en faisant référence à l'autoroute entre Langon et Pau, qui a aussi de nombreux détracteurs.
"C'est une nécessité de la construire" ajoute Pierre Massy, patron de la CCI de Limoges. "J'ai 15 salariés à Bellac et ce n'est pas facile de recruter dans le nord Haute-Vienne" précise l'entrepreneur de BTP.
Au cours de la soirée, des habitants sont aussi appelés à s'exprimer et plusieurs se disent intéressés, face à la dangerosité de l'actuelle N147, très accidentogène. "Il faut une infrastructure plus performante, plus sécuritaire. Construire une 2 fois 2 voies semble illusoire. Cela prendrait 30 ans" dit cet homme. "J'ai pas forcément besoin de vitesse mais de régularité et de sécurité" ajoute cette dame.
La voie du rail
Plusieurs riverains et responsables d'associations environnementales affichent clairement leur opposition à l'autoroute à cause de son coût évalué à un milliard d'euros et au réchauffement climatique. "300 millions de personnes, réfugiés climatiques vont quitter leur maison dans quelques temps. Il faut plutôt réaménager la nationale et dépenser de l'argent pour la crise climatique" dit ce jeune homme. "Il y aura plus d'effets de serre si on roule sur une autoroute" explique avec des graphiques Michel Galiot, ancien ingénieur météorologiste.
En plus d'aménagements à deux fois deux voies, les anti-autoroute plaident pour le développement du rail pour les passagers et le fret, notamment la ville de Poitiers, à majorité écologiste. La municipalité l'a rappelé lundi 14 mars à Bellac, lors d'une réunion qui a réuni des élus de la Vienne et de la Haute-Vienne, toutes tendances politiques confondues, qui veulent des alternatives à l'A147.
Alternatives
"On est opposés à la construction d'une autoroute. On met un point important sur les déplacements et la mobilité au quotidien. Cela passe par des travaux importants en matière de transports collectifs, en particulier du train, pas assez utilisé" explique Robert Rochaud, adjoint au maire de Poitiers en charge des finances.
Pour Jean-Louis Pagès, conseiller régional EELV, l'autoroute est un "concept des année 50 qui n'a plus lieu d'être". "Nous voulons au contraire une solution des années 2030,2040. Une époque où on aura des transports qui vont diminuer du fait du réchauffement climatique, d'une pénurie de ressources, des prix des énergies. Nous voulons une solution alternative qui irrigue les territoires plutôt que les appauvrir, une solution de type 2 fois 2 voies".
Les porteurs du projet d'autoroute prévoient actuellement 8 échangeurs sur les 118 kilomètres de tracé.
Trop peu de sorties pour certains maires comme celui de Bellac, Claude Peyronnet. "Le projet n'est pas sérieux". Car selon lui, il faudrait construire une nouvelle voie de contournement de la ville car l'autoroute passera sur l'actuelle déviation qui évite aux poids-lourds de traverser le centre ville.
Après tous ces avis et contributions, un rapport sera rendu courant mai. Il aidera le gouvernement à rendre ses conclusions sur le projet vers le 20 juin.