Il n’avait sans doute rarement, en tout cas jamais depuis que les relevés existent, autant plu en Limousin que lors de ces six derniers mois. Et encore, l’impression ressentie est parfois pire que la réalité ! Mais tous les records sont en passe d’être battus, et, selon les météorologues, ils ne font que préfigurer ce qui nous attend dans les prochaines années.
Pour qui était à Limoges en début de soirée de ce dimanche 19 mai, l’orage qui s’est abattu avait tout du Déluge, avec un D majuscule, comme dans l’histoire de Noé… Pourtant, aussi violent qu’a été l’épisode, il n’a finalement pas tant plu en cette soirée dominicale.
En effet, Météo France, sur sa station de Limoges-Bellegarde, n’a relevé, entre guillemets, que 16 millimètres de précipitations cumulées sur cette journée, quand il y en avait eu 30 mm le 13 mai, ou encore 28, le 27 avril dernier !
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Cela dit, le cumul des précipitations du 13 mai avait été relevé sur la journée entière, contre quelques heures à peine ce dimanche. Néanmoins, l’impression que le ciel nous tombe sur la tête ces derniers mois est loin d’être erronée ; tous les records sont en passe, ou sont déjà battus ! Et ce, malgré un hiver 2023-2024 un peu plus sec que les précédents, c’est dire.
Du jamais vu depuis l’existence des relevés de Météo France en Limousin
Si l’on ne prend que la période récente, le temps de cochon n’est pas une impression, mais une réalité.
Depuis le 25 avril dernier, sur la seule capitale limousine, on n’a compté que six jours de sec, dont seulement quatre d’affilée, du 8 au 11 mai.
Sur le seul mois de mai, pas encore achevé, 163 millimètres de pluie sont tombés, quand on n’en comptait en moyenne que 92.5 mm, sur l’ensemble du mois, sur ces trente dernières années, soit une augmentation de 176% !
C’est à peine mieux à Brive (19), avec 131 mm, et à Guéret (23), où 126 mm ont été relevés.
Le record est pour Bugeat, en Corrèze, où on comptait 196 mm cumulés depuis le 1ᵉʳ mai, ce mardi matin, et déjà plus de 200 mm à l’heure où ces lignes sont écrites !
Les cumuls, depuis la mi-octobre, encore plus impressionnants
Pour Limoges, on est déjà arrivé à 1 115 mm, quand le précédent record, datant de 1994, n’atteignait "que" 947. À titre comparatif, le cumul le plus bas sur la même période date de 2011, avec seulement 427 mm.
À Brive, les cumuls atteignent 957 mm, pour un précédent record de 748 en 1994.
À Guéret, 827 mm, contre 679 mm, en 2013 cette fois.
Et c’est encore Bugeat, en Corrèze, qui pulvérise les "scores" : 1712 mm, contre 1560 en 1966 !
Une tendance qui pourrait s’accentuer dans les prochaines années
Selon Thierry Gonain, météorologue à Météo France Limoges, les effets déjà palpables du réchauffement climatique ont dégagé des tendances qui devraient s’accentuer dans les prochaines années.
"Quand on constate ces derniers mois, en exagérant un peu, on pourrait parler de certains lieux, comme Bugeat, dignes d’endroits de pleine mousson ! On n’en est pas encore comme en Asie bien sûr, mais les tendances sont à l’augmentation des précipitations, sauf en période estivale. Et si je parle de mousson, c’est que l’évolution des précipitations ne concerne pas que leur cumul, mais de la manière même dont elles vont tomber. On s’attend en effet à des pluies moins continues, moins longues dans leur durée, mais plus fortes dans leur intensité. Plus d’averses, et plus d’orages violents, notamment en hiver. Une tendance qui devrait également se retrouver lors des automnes et des printemps. Quant aux étés, si on les envisage plus secs, ils devraient, eux aussi, connaître des phénomènes plus violents. C’est particulièrement visible quand on étudie les masses nuageuses au-dessus des mers ou des océans : on constate qu’elles se gonflent et se dégonflent beaucoup plus, et beaucoup plus rapidement qu’avant, provoquant ces phénomènes violents."
L’avenir serait donc aux marchands de pébroques, et aux Saint Médard plus fréquentes, ce qui aurait réjoui les Frères Jacques.
Et ce qui ne rendra pas plus optimiste, c’est que les prévisions à long terme, certes pas les plus fiables, pour les prochaines semaines, ne voient pas de franche amélioration avant au moins, et au mieux, la mi-juin, et encore, plus sur les températures que sur le temps lui-même. Il n’y a plus de saison ma brave dame !