En France, le plus gros producteur de déchets, c'est le bâtiment. Les entreprises du BTP ont l'obligation de trier et faire recycler une partie de ces déchets. À Saint-Junien, un particulier a créé sa propre déchetterie destinée aux professionnels afin de leur faciliter la tâche dans le but de recycler un maximum de déchets. Il s'est aussi ouvert aux déchets verts.
Devant un tas de branchage ce jour-là, un tracteur remplit une benne sans relâche dans un pré. Entretenir les parcs et les jardins, c'est le métier de Florian Bourgain à bord de l’engin. En ce moment, c'est la taille ; viendront ensuite l'élagage, la tonte, le ramassage des feuilles. En tout, 1500 tonnes de déchets verts collectés chaque année.
Une fois la benne chargée, direction le centre de recyclage de Charles Désaulière. À 10 kilomètres du lieu de l’élagage. Sur place, les deux hommes se connaissent, ils se tutoient, ils sont complices. Le fait d’emmener ses déchets ici est une démarche volontaire, et éco-responsable.
« On peut, du coup, transformer cette matière et puis la réutiliser. Il est préférable de l’emmener pour que Charles puisse la broyer, la cribler pour qu’on puisse réutiliser le compost, pour les plantations par exemple, plutôt que de mettre cela dans un trou, ou de craquer l’allumette, ce qui est aujourd’hui interdit », se satisfait Florian Bourgoin, qui fait de l’entretien des Parcs et jardins.
De ces déchets verts, il ne restera rien. Ils serviront pour le compost, le bois énergie, la terre végétale.
Dans son centre de recyclage, Charles Désaulière reçoit surtout les déchets des entreprises du bâtiment,
« Typiquement, on a donc des morceaux de béton, de la vaisselle, de la brique, éventuellement du vert. Et surtout des parties métalliques. Et ces parties métalliques, par le procédé de broyage qui possède un overband, vont être triés et mis de côté, et bien évidemment, seront renvoyées en filière de revalorisation », détaille Charles Désaulière, gérant et créateur de Recycl & Mat.
Les déchets seront transformés en pierre, pour les allées, les bordures, les sous-couches des routes. Tout ce qu'il ne peut pas recycler sur place, comme le carton, les palettes, le plâtre, Charles Désaulière l'envoie dans les filières adaptées, les plus proches possibles.
Une fibre écologique et un passé dans le BTP ont amené l’homme à créer sa propre déchetterie professionnelle.
« J’ai vu tous ces déchets qu’on jetait dans des endroits plus ou moins bien, je me suis dit qu’il faut absolument qu’on trouve quelque chose. À Saint-Junien, on n’avait pas de plateforme de gestion de déchets, où les entreprises ne sont pas obligées de parcourir 45 kilomètres pour emmener des déchets. Le but ultime, c’est quand même qu’elles puissent faire du double fret. Ils nous emmènent des déchets et s’ils ont besoin d’autres matériaux, par exemple de l’empierrement, on peut les recharger. Et ainsi, ils peuvent repartir avec du matériau prêt au réemploi », Charles Désaulière, gérant et créateur de Recycl & Mat.
Depuis 2020, date de sa création, la société a trié 26 000 tonnes de déchets, 30% en plus chaque année. Aujourd'hui, Charles Désaulière pense à se diversifier vers le réemploi. Encore plus écologique.
Autre lieu, autre mode de recyclage à Limoges. L'association de réinsertion appelée ALEAS vend du carrelage, des sanitaires, des huisseries, issus de chantiers d'entreprises ou de particuliers. Et ça plaît.
« Je pense que les gens sont très sensibles au réemploi. Ça marche très bien et de plus en plus, surtout dans cette période où les gens recherchent des choses qui ont déjà servi. De la seconde main. C’est quelque chose qui est en pleine expansion », croit savoir Frédéric Chassaing, encadrant technique partie matériaux ALEAS.
L'association récupère aussi du bois voué à la destruction, il donne vie à des meubles. Une économie circulaire et vertueuse, où rien ne se perd.