La colère gronde au sommet de l'élevage de Cournon d’Auvergne. Les éleveurs limousins sont inquiets car les 3 départements du Limousin ne font pas partie des régions où les agriculteurs pourront toucher les aides liées aux calamités agricoles. Rencontre avec Régis Girault, président d'Interlim qui est la structure qui commercialise la race limousine au niveau national.
Pour rappel, le ministre de l’Agriculture a annoncé un avancement du calendrier des calamités agricoles, pour « soulager avant la fin de l’année les trésoreries des exploitations les plus touchées par la sécheresse ». C’était à l’occasion du comité de suivi de la situation de sécheresse dans le monde agricole. Pour l’Etat, « le régime des calamités agricoles sera donc exceptionnellement adapté pour avancer au maximum le calendrier de versement des indemnisations afin de répondre au besoin immédiat de trésorerie des éleveurs les plus touchés et éviter une décapitalisation irréversible ».
Les territoires les plus touchés, identifiés sur la base des cartes indicielles, pourront faire l’objet d’une pré-reconnaissance anticipée dès le prochain comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA) du 18 octobre. « Les agriculteurs, et en particulier les éleveurs, de ces zones pourront ainsi déposer un dossier sollicitant un acompte porté à 50 %, afin que son versement puisse être effectif dès le début novembre et ainsi obtenir un apport de trésorerie crucial et immédiat. Cette anticipation du calendrier permettra également de solder ces dossiers pour la fin de l’année, soit un gain de plusieurs mois par rapport au calendrier habituel », indique encore le ministère.
C’est une déception ces annonces du ministre ?
Quand on entend les annonces du ministre, il y a de quoi être déçu. On s’étonne que ni la Creuse, ni la Corrèze ni la Haute-Vienne ne soient pris en compte, alors qu’on a des sécheresses beaucoup plus catastrophiques que l’année 2003 ou l’année 2011, au cours desquelles les services de l’Etat étaient intervenus rapidement. Je crois que c’est un grand désespoir pour les agriculteurs de nos 3 départements.
Régis Girault, président d'Interlim
Une sécheresse doublée d’une crise énergétique sans précédent, avec les cours de la viande limousine qui continuent d’augmenter. Où en sont les trésoreries des agriculteurs ?
Les trésoreries sont très affaiblies, malheureusement. Certes, l’augmentation des cours a eu lieu depuis un an. Les cours progressent, mais malheureusement la crise énergétique étant là, une partie de nos revenus passent dans les achats des produits consommables, et là malheureusement, nous ne pouvons rien y faire. Et les trésoreries sont en berne. Je n’en dirais pas plus, mais c’est très grave pour l’agriculture.
Régis Girault, président d'Interlim
Il y a un rapport du Sénat qui vient de tomber et qui dit que l’élevage français est en difficulté concernant la compétitivité, est-ce le cas de la race limousine ?
Pas forcément, la race limousine gagne des effectifs, car, qui dit compétitivité dit attractivité pour ce métier. Mais malheureusement, ce métier aujourd’hui ne fait plus envie. Alors que demain, on aura quand même besoin de nous pour produire et pour nourrir les gens.
Régis Girault, président d'Interlim