Malgré l'anomalie météorologique, des températures qui remontent, presque 30 degrés ce mardi après-midi, et quelques gouttes de pluie, les autorités recommandent le maintien des mesures restrictives sur la consommation d'eau car les réserves ne sont pas inépuisables. À l'unanimité, le comité considère qu'il n'est pas temps de lâcher du lest.
« Préoccupant », le mot n’est pas de trop au sein du comité sécheresse de ce mardi en préfecture de la Haute-Vienne.
Nous sommes mi-octobre, avec à l’extérieur presque 30°. Aujourd’hui encore, la sécheresse est une vraie préoccupation.
En centre-ville de Limoges, les signes de cette sécheresse ne sont pas toujours apparents, mais les acteurs réunis en comité à la préfecture ce mardi, eux, suivent de très près ses conséquences au quotidien.
L’état des réserves des eaux souterraines, les niveaux d’étiage, l’utilisation agricole de la ressource. À tout point de vue, la situation est alarmante.
Pour exemple, le débit des rivières qui nécessite aujourd’hui 400 mm de pluie pour recharger les nappes, alors que moins de 10 mm de précipitations sont tombées en Haute-Vienne depuis le début du mois.
Ce déficit pluviométrique menace aussi les réserves en eau potable, aujourd’hui inférieures à 50%.
« On a un problème de recharge de nos réserves d’eau brutes qui sont fortement ralenties, liées au manque de précipitations. Voilà pourquoi on s’est opposé à lever les restrictions actuelles » explique Sébastien Janicot, responsable d’exploitation de l’eau à Limoges Métropole.
« Aujourd’hui, argumente-t-il, il y avait la possibilité de lever quelques restrictions du comité sécheresse, mais on a un problème de recharge de nos réserves d’eau brutes qui sont fortement ralenties à cause des manques de précipitation. Ce n’est pas forcément lié à la surconsommation d’eau, mais à cause du manque de précipitation. Raison pour laquelle nous sommes opposés à la levée de l’arrêté actuel. »
Les réserves sont, pour l’instant, un tout petit peu inférieures à 50 % ce qui ne représente pas une urgence gravissime mais elles sont inférieures à 50 %.
Rencontre avec la préfète de la Haute-Vienne, Fabienne Balussou
Est-ce qu’il y a eu des décisions de prise à l’occasion de ce 13e comité sécheresse ?
Aujourd’hui on a assisté à une réunion de l’ensemble des partenaires qui échangent dans le cadre du comité sécheresse pour faire un point de la situation météo, des perspectives. Pour faire un point aussi sur l’état des réserves des eaux souterraines, sur les réserves en eau potable. Sur le niveau d’étiage. Et vous avez pu constater que la situation est encore préoccupante. On pouvait imaginer, avec l’arrivée du mois de septembre, du mois d’octobre, une reconstitution des réserves des eaux de pluie qui sont habituellement attendues sur cette saison. Mais la vérité c’est que ce n’est pas le cas. On est dans une situation un peu particulière, au regard de toutes les autres années précédentes. On est vraiment en situation de réserves très réduites. Ce qui fait qu’il a été convenu à l’occasion de ce comité de sécheresse de maintenir les mesures de restrictions qui sont appliquées depuis le mois de juillet, qui peuvent, peut-être, ne pas être tout à fait comprises par la population. Quand on regarde par la fenêtre et qu’on voit quelques gouttes de pluie tomber. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’on est dans une situation extrêmement importante en terme de sécheresse il faut en tenir compte.
L’arrêté s’arrête fin octobre, comment cela va-t-il se passer ? Est-ce qu’un nouveau comité va avoir lieu dans les prochains jours ?
Il y aura un nouveau comité qui se tiendra d’ici une dizaine de jours. Et en attendant le prochain comité, je vais simplement reprendre un arrêté qui prolongera les mesures de façon tout à fait administrative.
Et vis-à-vis des agriculteurs, est-ce qu’il y a la possibilité de placer le département en zone de calamité ?
On est dans un traitement particulier avec des procédures particulières. J’ai adressé au ministre un rapport sur la situation de la Haute-Vienne. Et il y a des missions qui vont se mettre en place en lien avec la chambre d’agriculture, et qui vont constater l’état de la production fourragère, et c’est ensuite devant un comité national que les décisions se prendront. Donc je ne peux pas à ce stade vous dire quelles seront les suites données.
Vous prenez vos décisions de manière très collégiales, en vous appuyant sur les données de tous les partenaires du comité...
Oui, c’est important que les mesures soient partagées, qu’elles puissent être analysées ensemble. Et qu’il puisse y avoir des points et des contrepoints. Il y a des acteurs très différents autour de la table, qui n’ont pas forcément les mêmes approches, dans leur activité quotidienne, sur des mesures de fonds qui touchent à la vie de la population. C’est important qu’il y ait un échange qui soit éclairé, qui soit posé, qui soit documenté avec des éléments techniques, pour que les mesures soient prises. Et qu’elles puissent être expliquées. Parce que ce n’est pas tout de prendre un arrêté, et de signer un document administratif. Il faut ensuite que les mesures soient mises en œuvre. Vous avez d’ailleurs pu entendre de la part des producteurs d’eau que les arrêtés ont porté leur fruit. Qu’il y a des consommations d’eau qui ont été réduites. Et je pense que cela tient au fait que les gens comprennent qu’on est dans un temps particulier. Et que la ressource en eau est importante, et qu’il faut la préserver. C’est tout l’intérêt de ce comité sécheresse.
On a vécu plusieurs sécheresses ces dernières années, mais c’est la première année que ce type d’arrêté est maintenu aussi longtemps ?
Oui, mais vous avez vu dans la présentation des courbes qui ont été montrés qu’on est dans cette année 2022 dans une situation très particulière, très inférieure par rapport aux années précédentes. Ce qui me fait dire que les mesures sont proportionnées.
Et d’ailleurs il y a des mesures qui anticipent sur d’éventuelles dégradations climatiques ?
On a aussi entendu de la part des producteurs d’eau leur préoccupation sur la recomposition de la ressource. C’était aussi par rapport aux eaux souterraines, donc les mesures que nous prenons sont des mesures d’anticipation pour la suite.