VIDÉO. Autoroute : quand les bords de l'A20 deviennent un refuge inattendu pour la biodiversité

durée de la vidéo : 00h02mn16s
82 espèces d'abeilles sauvages ont été répertoriées en bord d'autoroute.
On compte plus de 300 espèces d'abeilles sauvages dans le Limousin. Elles sont essentielles pour la biodiversité, mais entre les pâturages et les champs de culture, il ne leur reste pas beaucoup d'endroits. Alors les bords de routes font un excellent refuge. Le CPIE, Centre permanent d’initiatives environnementales du Limousin, réalise le projet Polli-Routes, financé par l'Office FR de la biodiversité. Le but est de mieux comprendre les abeilles sauvages près des grands axes, comme l'A20. ©FTV

On compte plus de 300 espèces d'abeilles sauvages dans le Limousin. Elles sont essentielles pour la biodiversité, mais entre les pâturages et les champs de culture, il ne leur reste pas beaucoup d'endroits. Alors les bords de routes font un excellent refuge. Le CPIE, Centre permanent d’initiatives environnementales du Limousin, réalise le projet Polli-Routes, financé par l'Office FR de la biodiversité. Le but est de mieux comprendre les abeilles sauvages près des grands axes, comme l'A20.

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Le vacarme est assourdissant. Au bord de l'A20, non loin d'Uzerche, les voitures sont lancées à 130 km/h. Un lieu qu'on ne croirait pas propice à l'épanouissement de la biodiversité. Et pourtant. À quelques mètres de la quatre voies, Laurent Chabrol étudie les populations d’abeilles sauvages. Armé d'un filet à papillons et de pièges de couleur disposés au bord de la route, il identifie les différentes espèces présentes en ces lieux. Son étude révèle que dans ce milieu, de prime abord inhospitalier, ces pollinisateurs trouvent un petit coin de paradis. "Au bord de l'autoroute, on a des talus avec plein de fleurs. Le reste de l'environnement ce sont des prés avec de l'herbe ou des cultures, ça n'intéresse pas du tout les pollinisateurs, il n'y a pas de ressources alimentaires pour eux". 

Entre les orchidées et les ronciers, les abeilles s'épanouissent. Ces plantes représentent, pour elles, nourriture et site de reproduction puisqu'elles nichent dans les tiges creuses. Dans les talus écorchés, les abeilles font également leur nid, 70% d'entre elles nichent sous terre. 

Dans cette petite bande de verdure en bordure d'autoroute, Laurent a trouvé pas moins de 82 espèces d'abeilles. "C'est énorme pour des lieux qui sont d'origine humaine". Une concentration tout à fait remarquable et presque inquiétante. Faute d'autres espaces, les abeilles se concentrent où il y a des fleurs. 

Les abeilles sauvages ont peu en commun avec leur cousine domestique. Elles ne font pas de miel, ne vivent pas en ruches, et n’ont donc pas le même rôle.

"Les abeilles sauvages sont beaucoup plus spécialisées. Certaines ne vont polliniser que des campanules, d'autres que les pissenlits. Les abeilles domestiques peuvent se déplacer sur des grandes distances, à peu près trois kilomètres autour de la ruche. Les abeilles sauvages peuvent faire 60 à 250 mètres autour de leur nid", explique Stéphane Vassel, codirecteur CPIE Pays creusois, coordinateur du plan d'action sur les pollinisateurs en Limousin.

Il y a 30 ans, le chantier de l’autoroute A20 a détruit l’écosystème. Ces terres sont donc artificielles. Depuis, la vie a repris son cours. L’étude financée par l’Office Français de la Biodiversité permet de mieux préserver la faune sur les bords de routes.

Pour comprendre l’impact des voitures sur les abeilles sauvages, les scientifiques ont une méthode particulière. Affairée autour du pare-choc de leur voiture, l'équipe bricole une sorte de bouclier avec du plexiglas.

 "On va attacher des plaques de glu quadrillées pour qu'on puisse comptabiliser le nombre d'impacts qu'on va avoir tout en circulant", explique Laurent Chabrol.

Le résultat est surprenant. "On a eu des thrips, des araignées, des petits coléoptères, mais aucune abeille." L'expérience menée sur plusieurs mois n'a jamais prélevé une seule de ces abeilles. 

En France, le déclin des pollinisateurs sauvages est avéré. Il est évalué à 75%. La bonne gestion des bords de routes est désormais primordiale.

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