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VIDEO. Coût de l'énergie : quelles solutions pour les collectivités locales ?

Face à la flambée du prix du gaz et de l'électricité, collectivités locales, entreprises et particuliers voient leur facture énergétique s'envoler. Les augmentations sont parfois exorbitantes. Quelles solutions trouver ? "Enquêtes de région" revient sur cette thématique au coeur des préoccupations des Français.

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Comme toutes les communes à l'approche de cet hiver qui s'annonce si particulier, le Palais-sur-Vienne - ville de 6000 habitants aux portes de Limoges - a fait le point sur le nombre de bâtiments communaux qu'elle doit chauffer et éclairer : un hôtel de ville, un espace culturel, trois gymnases, trois groupes scolaires, cinq stades et des logements sociaux... 

Une facture multipliée par 4

Or ici, comme partout, la facture énergétique de la commune va flamber. "Rien que pour l'électricité, le tarif renégocié à partir du 1er juillet 2022 est passé à 460€ du MWh, soit une augmentation de 750%", annonce Bastien Péry, le directeur général des services.

Au total, la facture énergétique de la commune va passer de 390 000€ en 2021 à 1,6 million d'euros en 2022.

Alors, la mairie n'a eu d'autres choix que de prendre quelques mesures radicales, allant même plus loin que le plan de sobriété imposé par le gouvernement : extinction de l'éclairage public de 21h30 à 6h30, baisse du chauffage de 1 degré dans les écoles, 3 degrés dans les gymnases, hors vestiaires, extinction d'un luminaire sur deux dans certains bâtiments et sur les stades...

"Je suis inquiet pour le service public, pour la pérennité de notre fonctionnement", s'alarme Ludovic Géraudie, le maire du Palais-sur-Vienne, "Les économies d'énergie, ça va un temps. Mais une fois qu'on est à l'os, ensuite il faut regarder où on peut faire des économies. C'est là que le danger arrive, car il faut se demander si on peut continuer tel ou tel service. Je n'ai pas envie qu'on en arrive là, en tout cas dans ma commune."

Les conseillers énergie à la rescousse

Face à la crise énergétique et à l'impossibilité de faire face à l'augmentation inédite des factures, de nombreuses communes demandent de l'aide. Elles peuvent se tourner notamment vers l'ADEME ou les syndicats énergie, qui ont des "conseillers énergie".

Thierry Catel, conseiller énergie du SEHV (syndicat énergie de Haute-Vienne), accompagne ainsi la commune de Peyrat-le-Château, au pied du plateau de Millevaches. Pour remplacer l'ancienne chaudière à fioul qui peinait à apporter un semblant de chaleur aux spectateurs du cinéma, pour un coût toujours plus important, le conseiller énergie a orienté la commune vers un investissement plus global et écologique : une chaudière à granulés de bois qui alimente le cinéma, mais aussi la maire, l'école, le restaurant scolaire et deux logements communaux.

"Le rôle du conseiller énergie, c'est d'accompagner la commune à la base, voir si un projet tient la route économiquement, rentre dans le cadre des aides, notamment le fonds chaleur accordé par l'ADEME. On regarde si un projet est intéressant économiquement, quelle est l'enveloppe de l'investissement et le temps de retour que la commune peut espérer", détaille Thierry Catel.

Face à la flambée du coût des énergies, ces conseillers sont de plus en plus sollicités. Actuellement, le SEHV accompagne 140 communes sur les 195 du département.


Ces communes qui ont anticipé


Certaines communes ont anticipé, en faisant, il y a déjà plusieurs années, des choix différents, qui s'avèrent aujourd'hui particulièrement pertinents face à l'augmentation du prix des énergies fossiles.

C'est le cas de Saint-Yrieix-la-Perche, qui a investi, dès 2018, 4,6 millions d'euros dans une chaufferie biomasse. L'équipement alimente un réseau de chaleur de plus de 4 kms (le deuxième plus gros du département, après celui de Limoges) qui chauffe notamment l'hôtel de ville, l'hôpital, le centre culturel, plusieurs groupes scolaires et le complexe aqua-récréatif Villa Sport.

Un choix qui met la piscine de Saint-Yrieix-la-Perche à l'abri des menaces de fermeture qui pèsent, cet hiver, sur de nombreux équipements aquatiques. Ici, le bois a permis de réaliser d'importantes économies sur la facture de chauffage : "Sur une année, ça représente 350 000 à 400 000€ d'économies. Par rapport au bois, le gaz nous aurait coûté quatre fois plus cher", annonce Daniel Boisserie, le maire de le commune de Haute-Vienne.

Autre exemple, à Verneuil-sur-Vienne. En 2019, dans le cadre de la rénovation et l'agrandissement de l'école maternelle, la commune a fait le choix de la bio construction : ossature bois, isolation en paille, panneaux solaires sur le préau et le restaurant scolaire, grandes ouvertures pour faire rentrer le soleil. Résultat : un bâtiment à énergie positive, qui produit plus d'énergie qu'il n'en consomme.

"Dans les classes, il n'y a pas de radiateur, ni de plancher chauffant. Le chauffage se fait via le renouvellement de l'air, en double flux : on récupère les calories de l'air vicié. On a aussi des capteurs de CO2 qui tiennent compte de l'occupation. Si la salle n'est pas occupée, l'air est moins renouvelé, donc moins chauffé", explique Eric Peyrilloux, chargé de projets à la mairie de Verneuil.

Et évidemment, à la clé, des économies d'énergie.

Dans le contexte actuel, certains investissements se révèlent être de véritables choix d'avenir.

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Comment les collectivités locales peuvent-elles faire face à la flambée des prix de l'énergie ? ©France Télévisions

Habitat : trois pistes pour une maison économe en énergie

Dans ce numéro d'Enquêtes de Région, reportages et invités nous éclairent sur les solutions alternatives pour réduire également les dépenses énergétiques des entreprises et des particuliers. 

Manon et Damien, jeune couple girondin, ont décidé de construire leur maison en paille. 1000 bottes de paille ont été nécessaires pour leur 140 mètres carrés. Une matière première locale et accessible qu’ils ont recouvert d’un mélange d’argile, de chaux et de sable. Le tout constitue une barrière isolante particulièrement efficace, été comme hiver. Pas besoin de chauffage ni de climatisation.

Ce type de construction (utilisé aussi en rénovation) intéresse de plus en plus les professionnels du bâtiment. Artisans, architectes, maîtres d’œuvre se forment auprès du réseau pro paille pour répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de leurs clients.

Autre piste, plus traditionnelle : la maison passive. Son isolation est quasi parfaite. Renforcée au niveau des murs, du sols et du toit. Ses ouvertures sont nombreuses pour capter la chaleur du soleil en hiver et n’ouvrir que le côté abrité des rayons en plein été. Avec un triple vitrage qui ne laisse passer ni le chaud ni le froid. Elles sont équipées d’un système de ventilation renforcée pour assurer le renouvellement de l’air. L’intérieur devient un cocon où la température reste stable tout au long de l’année. Morgane, qui a rénové une bâtisse des années 70 à Andernos dans le bassin d’Arcachon, n’a installé qu’une seule source de chauffage pour l’ensemble de sa maison. Elle ne l’allumera qu’en cas de très grand froid.

Enfin, pour ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts mais vivent dans des passoires thermiques, l’association Les Compagnons Bâtisseurs intervient gratuitement pour améliorer les performances énergétiques. Chez Jessica, mère solo de quatre enfants dans le blayais en Gironde, l’air entre par toutes les ouvertures. Ses factures d’électricité explosent. Nikita, l’un des techniciens de l’association, va colmater les fuites et réparer ce qui peut l’être pour l’aider à limiter les déperditions. L’association intervient auprès de 300 familles chaque année en Gironde, le plus souvent en milieu rural. Jessica, qui a pris l’habitude avec ses enfants de se couvrir de manteaux les mois les plus froids, espère enfin pouvoir passer un hiver au chaud.

Enquêtes de région : crise énergétique, comment passer l'hiver ? 

Présentation: Vincent Dubroca 

Les invités : 

  • Olivier Marfaing, chef du groupement des usines d’Artouste – SHEM Société Hydro-Electrique du Midi 
  • Bertran Loock, responsable service gestion de l'énergie – SHEM  (Bertran sans d) 
  • Patrick Chauvin, directeur développement durable et déchets - Communauté d'agglomération Pau Béarn Pyrénées 
  • Monique Sémavoine, 1ère  Vice-Présidente de la communauté d'Agglomération Pau Béarn Pyrénées. 
  • Eric Aufaure, spécialiste des énergies à  l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie en Nouvelle Aquitaine 

Réalisation : Bruno Villa-Vignolas

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