A demi-mot, Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports a annoncé la fin du projet d’autoroute entre Poitiers et Limoges. Les élus haut-viennois oscillent entre colère et incompréhension.
La mise en service de l’A147 entre Limoges et Poitiers était annoncée entre 2035 et 2037. Cette autoroute, financée à la fois par des fonds publics et privés, aurait dû coûter entre 850 et 900 millions d’euros.
Dans une interview exclusive accordée à France 3 Limousin, Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, a annoncé la fin du projet par ces mots : « D'ici à la fin du printemps, on aura un budget, des projets routiers, on va faire une amélioration significative, mais pas forcément sur le plan autoroutier, si vous voyez ce que je veux dire. »
Les rumeurs ont commencé à circuler il y a une dizaine de jours, après que la commission d’orientation des infrastructures a donné un avis négatif sur l’A147.
Pierre Massy, président de la chambre de commerce et d’industrie de Limoges, ne cache pas sa déception : « Ce qui justifie cet avis est la région Nouvelle-Aquitaine qui n’est pas assez claire dans sa volonté de participer financièrement. Alain Rousset s’était engagé en disant que cette autoroute entre Limoges et Poitiers était fondamentale. Ensuite il a lâché l’affaire. Et dans le même temps, il met 1,3 milliards sur la LGV Toulouse Bordeaux. Les problèmes de compétences n’apparaissent que quand on veut en avoir. La région Nouvelle-Aquitaine ne tient pas son rôle».
Sur ce sujet, Guillaume Guérin, président (LR) de Limoges métropole se veut très réaliste : "Dès lors qu’un projet n‘a pas l’assentiment de tous les acteurs du territoire, il est voué à l’échec. Sur ce projet d’autoroute concédée, il n’y avait pas l’aval du Grand Poitiers, pas l’aval d’un certain nombre de grands élus du territoire concerné. Et il y a eu des difficultés à boucler le tour de table avec les collectivités."
Que ce soit par manque d’infrastructures routières ou ferroviaires, Guillaume Guérin ajoute que de nombreuses ex-capitales régionales connaissent les mêmes problèmes d’enclavement que Limoges.
"Le ministre annonce 2 milliards sur le POLT. Mais c’est dans le schéma directeur depuis bientôt 10 ans. Le nouveau matériel roulant a pris du retard. La régénération des voies aussi. "
L’Etat fait de beaux discours, mais il n’y a rien concrètement. La vraie question est la suivante : est-ce que l’Etat veut jouer ce rôle d’aménageur du territoire ou pas ?
Guillaume Guérin, président (LR) de Limoges Métropole
Découragement
Jean Claude Leblois, président (PS) du conseil départemental de la Haute-Vienne, exprime de son côté son impuissance et sa colère. "J’ai tenté de rencontrer le ministre, sans succès. Ce n’est pas le président Leblois qui en a marre. Je pense que c’est les Hauts-Viennois qui sont déçus sur la façon dont ils sont traités. Nous payons tous des impôts. On en a ras le bol ! Je voudrais le dire fortement. »
Quant à une alternative à l’autoroute qui pourrait prendre la forme d’une 2X2 voies, personne n’y croit vraiment.
Les fameux 6 km en deux voies a la sortie de Limoges n’ont pas pu être réalisés faute de budget. Et le ministre Beaune veut nous faire croire que miraculeusement, entre maintenant et le printemps, il va trouver les centaines de millions nécessaires avec les collectivités locales. Je n’y crois pas un instant.
Pierre Massy, président de la chambre de commerce et d’industrie de Limoges.