Le ministre des Transports présente 2 milliards d’euros d’investissements pour la ligne POLT, enterre l’autoroute Limoges-Poitiers, et annonce le soutien de l’Etat pour la ligne aérienne Limoges-Lyon lors d'un entretien accordé à France 3 Limousin.
Ces dernières semaines, et ces derniers jours, la ligne ferroviaire entre Paris et Limoges a encore fait couler des barils d’encre, entre coup de gueule du PDG de Legrand et longs retards à répétition.
Un déplacement du ministre des transports, Clément Beaune, en compagnie du président de la SNCF Jean-Pierre Farandou, était prévu à Limoges le 17 février. Ils devaient participer au "comité trimestriel" de la ligne POLT, aux côtés de l'association Urgence Polt.
Ce rendez-vous a été reporté au 3 mars prochain en raison de l'hommage national qui sera rendu à Robert Hébras, dernier survivant d'Oradour-Sur-Glane.
Clément Beaune a cependant reçu une équipe de France 3 Limousin au ministère des transports, pour évoquer la situation de l’ancienne région et de sa capitale, dont l’enclavement apparaît de plus en plus problématique.
Deux milliards pour le POLT
D’abord, les appels à l’aide des défenseurs de la ligne POLT semblent avoir été entendus : "C’est une ligne très importante, et c’est une ligne qui est devenue synonyme de galère et de difficulté pour des centaines et des milliers de passagers chaque année (…). C’est une ligne qui, à tous les égards, vieillit, vieillit mal et a été délaissée, avec un sentiment d’abandon."
Après le constat vient l’action. Clément Beaune veut avancer en deux étapes, et la première concerne le long terme : "Un investissement qui est massif, deux milliards d’euros (…). On rachète de nouvelles rames, de nouveaux trains, c’est près de 500 millions d’euros. On refait le réseau, ce qu’on appelle la régénération, c’est plus d’un milliard d’euros d’investissement. Et puis c’est la modernisation du réseau pour améliorer les choses (…). Ça n’enlève pas la galère qu’on vit en ce moment et souvent depuis de longues années. Mais c’est important de donner cette perspective, ce n’est pas à des années-lumière, c’est 2026."
Mais cet investissement devrait s’accompagner d’une mobilisation plus proche dans le temps : "Je suis persuadé qu’on peut faire des améliorations au quotidien, qui sont sur la propreté, sur l’information des voyageurs, sur des petites choses très concrètes comme les toilettes. J’ai demandé à la SNCF d’avoir une charte qualité de service, un contrat avec l’Etat. On le finance, pour prendre des engagements, et ce sera suivi publiquement dans un groupe de travail ouvert (..). Il y a des difficultés techniques, mais on n’est pas obligé d’annoncer les choses au dernier moment. On n’est pas obligé de supprimer des trains sans prévenir (…). Je viens à Limoges avec le président de la SNCF pour qu’ensemble, on entende les difficultés et qu’on y apporte des réponses concrètes et qu’on suive dans le temps."
Enfin, le ministre rappelle que les travaux sont déjà engagés : "Les travaux avancent au rythme prévu. La livraison des nouvelles rames a pris un peu de retard, parce que l’industriel qui les produit a du retard dans ses commandes de matériel, comme dans beaucoup d’industries. Mais j’ai reçu le PDG de l’entreprise qui m’a donné des garanties jusqu’en 2026, pour toutes les rames."
La fin de l’autoroute Limoges-Poitiers
Le ministre des transports revient aussi sur la liaison routière entre Limoges et Poitiers. On comprend que le projet d’autoroute est sur une voie de garage, mais que d’autres projets restent sur les rails :
"Des discussions sont encore en cours. Il va y avoir un investissement important dans le prochain contrat de plan Etat région qui commencera à l’été 2023 (…). Le projet autoroutier suscite énormément de doutes, énormément de questions, financières, environnementales. Je sens qu’il y a une réticence qui est forte. Ce que je ne veux pas, c’est qu’il n’y ait pas d’alternative."
D'ici à la fin du printemps, on aura un budget, des projets routiers, on va faire une amélioration significative, mais pas forcément sur le plan autoroutier, si vous voyez ce que je veux dire."
Clément Beaune - ministre des TransportsEntretien France 3 Limousin
Nous voyons bien.
Clément Beaune a enfin évoqué l’avenir de l’aérien, après la suppression de la liaison entre Limoges et Paris. Actuellement, l’Etat travaille sur le maintien d’une ligne Limoges-Lyon : "L’Etat va d’abord accompagner les collectivités qui font appel à une compagnie pour reprendre une ligne aérienne. L’Etat est prêt à continuer son soutien financier. Dès que les collectivités ont trouvé un prestataire, l’Etat pourra mettre un soutien financier."
Encore des questions
Dernière question au ministre : viendra-t-il à Limoges en train ? "Je viendrai en train, bien sûr. J’espère qu’il n’y aura pas de difficulté, s’il y en a, ça montrera que chacun vit des galères et je les vivrai moi-aussi. J’ai pris plusieurs fois la ligne POLT depuis que je suis ministre des transports : ce sera une troisième fois. C’est une très belle ligne aussi, sur le plan patrimonial, sur le plan de notre histoire ferroviaire. Je crois que les gens y sont très attachés, ils veulent juste que ça marche. On va améliorer à court terme tout ce qu’on peut, et investir pour les 3 - 4 ans qui viennent."
Des éléments restent en négociation, par exemple concernant les dessertes quotidiennes du POLT. Jean-Claude Sandrier, président de l’association Urgence POLT, nous expliquait en janvier : "On en souhaite 14, il n’en est prévu que 11. Sur les temps de parcours, il faut au moins un Paris-Limoges en 2 h 30."
Quel que soit le retard de son train le 3 mars, Clément Beaune sera très attendu sur le quai de la gare des Bénédictins.