Dans une lettre à la SNCF, la direction du principal employeur privé de Haute-Vienne dénonce les retards et les modifications horaires des trains vers Paris, et menace de quitter Limoges.
"C’est avec surprise et exaspération que la direction de Legrand a appris cette semaine les nouvelles modifications horaires des trains Intercités en partance de Limoges à destination de Paris." C’est par cette formule directe que Benoît Coquart, directeur général de Legrand, débute, sans autre préambule, une lettre adressée le 28 novembre dernier au directeur de SNCF voyageurs.
Le ton est corrosif. Il parle de modifications appliquées "sans information préalable et sans concertation", rappelle les retards et les annulations régulières de trains, et dénonce un "réel impact négatif" sur l’activité de son entreprise. Selon lui, "rien ne bouge, et pire encore, la situation se détériore."
Menace de déménagement
Le directeur de Legrand rappelle également qu'il est à la tête de la seule entreprise du CAC 40 de Nouvelle-Aquitaine, et du principal employeur privé de Limoges.
Vient une menace à peine voilée : "Cet échec nous amène à nous interroger sur la considération portée à notre égard mais surtout sur l’intérêt de continuer à localiser sur Limoges nos équipes et nos dispositifs d’accueil clients alors que nous sommes précisément en train de réaménager nos bureaux parisiens."
Poids lourd économique
L'entreprise Legrand est née à Limoges en 1860, avec à l'origine un atelier de porcelaine. La décision de se concentrer sur l'appareillage électrique a été prise après un incendie de l'usine, en 1949. Legrand se présente aujourd'hui sur son site internet comme "le spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment." Son départ de Limoges représenterait localement un véritable tremblement de terre.
Le ministre de l'Economie alerté
Les élus locaux sont en copie de cette lettre, jusqu'au président du Conseil Régional.
Pour le maire de Limoges Emile-Roger Lombertie, le départ de Legrand serait "catastrophique". Il nous déclare avoir "immédiatement saisi le ministre de l'économie Bruno Lemaire qui s'est engagé à suivre personnellement ce dossier." Il ajoute : "Je ne peux que m'associer aux récriminations formulées par le directeur général de Legrand (...). Des promesses ont été faites, il faut agir maintenant."
Cette fin de semaine, la ligne SNCF Paris-Limoges est déjà dans l'actualité après un déraillement à Issoudun et une mobilisation sociale à La Souterraine. Reste à savoir si ce coup de pression économique aura un impact sur son avenir.