La présence de cet oiseau, gros consommateur de poissons, est difficile à estimer. Sur les 100 000 cormorans recensés en France, ils pourraient être un millier en Limousin. Cette espèce protégée fait toutefois l'objet d'une régulation afin de préserver les ressources en poissons.
C’est devenu un habitué des bords de Vienne. Depuis quelque temps, le grand cormoran a pris ses quartiers à Limoges : l’oiseau migrateur y a installé des dortoirs. "Dès que l'espèce a été protégée, l'effectif a augmenté. Il a recolonisé petit à petit l'intérieur des terres et les endroits où il y avait du poisson", raconte Franck Taboury, chargé d'étude ornithologique à la Ligue de protection des oiseaux.
Le cormoran, un oiseau piscivore
Pour éviter l’invasion, la population de cormorans est régulée par des tirs encadrés. Pour y être autorisée, la fédération de pêche doit prouver que ce grand amateur de poisson est devenu un concurrent gênant.
On va identifier les espèces qui sont ingérées dans le contenu stomacal d'oiseaux prélevés sur des piscicultures où on a l'autorisation préfectorale. On les dénombre et on les pèse.
Pierre Pommeret, directeur Fédération Départementale de la Pêche (87)
Car chaque jour, le cormoran se nourrit d'environ 400 grammes de poisson. Jusqu'à présent, les tirs de régulation étaient possibles sur les eaux libres, les rivières, où les cormorans installent souvent leur dortoir. L’interdiction préfectorale est tombée, au grand dam des pêcheurs…
"Ce que nous regrettons en fédération, c'est le fait de ne plus pouvoir réguler l'espèce sur les eaux libres", déclare Pierre Pommeret. "Parce que c'est là que les dortoirs sont présents dans la grande majorité des cas."
Des truites pour empoisonner les étangs
Dormir en bord de rivière et se nourrir dans les étangs ou les piscicultures... Dans des bassins à Bourganeuf (Creuse) grandissent des tonnes de truites, arc-en-ciel et fario, destinées à empoissonner les étangs.
On s'aperçoit depuis une dizaine d'années qu'il y a un ras le bol général. On ne va pas lâcher notre argent pour remettre du poisson systématiquement dévoré par les cormorans !
Olivier Evrard, pisciculteur
Les pisciculteurs déplorent leurs pertes ; les pêcheurs, eux aussi, s’inquiètent : "Moins de poissons, ça veut dire moins de pêcheurs, et bien sûr moins de tourisme, car il y a un enjeu économique, les touristes viennent sur certains secteurs pour aller à la pêche..." affirme Guillaume Perrier, responsable technique Fédération départementale de la Pêche en Creuse.
Une forte concentration de poissons attire les cormorans. Pour limiter la prédation sur les étangs, il existe d'autres solutions. "On pourrait laisser pousser la végétation aquatique ou mettre en place des zones de branchages où les poissons pourraient aller se réfugier quand les cormorans arrivent...", explique Franck Taboury, chargé d'étude ornithologique Ligue de protection des oiseaux.
Le grand cormoran n’a pas fini d’être la bête noire des pêcheurs... Certains de ces majestueux migrateurs se sont sédentarisés en Limousin.