Le projet de report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans pose la question de l’emploi des seniors. Et c’est un vrai problème. Les employés âgés ne sont plus les bienvenus. Ceux qui cherchent du travail ne voient pas le bout du tunnel. En Haute-Vienne, seul un actif sur cinq de plus de 60 ans est en emploi.
Plus la fin de carrière se profile, plus le maintien en emploi est difficile. Quand il ne s'agit pas d'en trouver un... Un sujet mis en lumière avec le projet de réforme des retraites du gouvernement. Une vertu salvatrice car être âgé et sur le marché de l'emploi plonge bien des actifs dans le désarroi, peu importe leurs qualifications.
"La communauté paye pour financer les dégraissages"
C'est le cas de Pierre Monsel, ancien cadre dans une grande entreprise de Limoges. Il explique avoir été poussé vers la sortie par son employeur. Après un infarctus, il est licencié pour inaptitude à 62 ans.
Les réductions d'effectifs ont dégradé l'ambiance au travail et la santé des salariés restants. "Cela fait mal de partir en sachant qu’on n’est pas remplacés et que le travail sera saupoudré sur les restants. Il n'y même plus de transmission entre les générations, déplore-t-il. L’objectif, c’était de diminuer la masse salariale en passant par des départs anticipés et négociés."
Quand on a 58 ans, même si nous allons vivre plus vieux. Nos genoux, nos épaules, notre cœur, notre cerveau… ils ont 58 ans. Avec une pression toujours plus forte sur les salariés, comme travailler toujours plus vite.
Pierre Monsel, ancien cadre dans une grande entreprise
Pas d'autre choix que de s'inscrire à Pôle emploi. "Finalement, c’est la communauté qui paye ce qu’on appelle communément des dégraissages", conclut Pierre, amer. Un comble pour ces actifs qui aimeraient travailler. Une perte de revenus, aussi. Et parfois le sentiment d'être stigmatisés parce que "trop vieux".
Nordin Zemani dresse le même constat. Ce commercial s'est retrouvé au chômage quand son employeur a déposé le bilan. De ces longs mois d'incertitude, il n'a reçu "aucune proposition d’emploi ni de formation."
Aujourd'hui il s'estime heureux d'avoir pu rebondir, mais il ira manifester jeudi 19 janvier, par solidarité, pour tous ceux qui n'ont pas eu cette chance.
Les gens s’en vont un petit peu plus tôt que prévu. Ils bénéficient d’un chèque. Puis s’inscrivent au chômage jusqu’à la retraite, jusqu’à ce qu’ils valident le nombre de trimestres de cotisation nécessaires.
Pierre Monsel, ancien cadre dans une grande entreprise
Un peu plus de la moitié des 55-64 ans travaillait en 2022, selon l'Insee et Pôle emploi. Mais plus on avance en âge et plus le taux descend. En Haute-Vienne, seuls 23 % des plus de 60 ans sont en emploi.
Motiver les employeurs à recruter
Toutefois, notons que la tendance nationale est à la hausse avec le recul de l'âge de départ et le rallongement des années de cotisation opérés depuis 30 ans. En 2001, 1 senior sur 3 était en emploi selon la Dares. Un taux qui monte à 41 % en 2010 et donc plus de 50 % aujourd’hui.
"Il y a beaucoup de séniors qui veulent continuer à travailler pour cela il faut les aider à rester en emploi. Et aujourd’hui les entreprises ne sont pas inciter à le faire", observe Nordin Zemani.
Difficile pour lui de croire aux dernières annonces. Le gouvernement a présenté en même temps que le projet de réforme la création d'un index pour situer et motiver le recrutement des seniors. Dans les grandes entreprises dès cette année puis les moyennes entreprises à partir de 2024.