Un Limousin fera-t-il partie du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne, qui vient tout juste d'être nommée Première ministre ? En attendant la réponse, focus sur les personnalités politiques du Limousin qui ont participé aux différents gouvernements français depuis 1936. Beaucoup sont issus de la Haute fonction publique, mais certains élus locaux ont réussi à tracer leur chemin.
Force est de constater que la plupart des hommes politiques limousins ayant exercé la fonction de ministre sont originaires du département de la Corrèze. Jacques Chirac, qui est arrivé ici en 1967, a marqué le département de son empreinte. Avant cette date, ils sont malgré tout plusieurs à s’être illustré dans de hautes fonctions.
L’avant Chirac
Nous sommes remontés très loin, jusqu’à la fin de la IIIe République. Charles Spinasse a été député et maire d’Egletons (Corrèze), avant de devenir ministre de l’économie nationale sous le Front Populaire. C’est à ce titre qu’il a signé les accords de Matignon en 1936. Il est ensuite devenu ministre du budget. Une fonction qu’il n’a occupé que 29 jours en 1938 pour faire le budget qui a préparé la France à l’augmentation des dépenses militaires.
Pendant la seconde guerre mondiale, il a soutenu le régime de Vichy, ce qui lui a valu quelques problèmes à la Libération.
Henri Queuille est né à Neuvic en 1884. Sa longue et riche carrière politique a inspiré nombre de ses successeurs de gauche comme de droite en Corrèze. Il a été ministre sous la IIIe et IVe République. On lui doit la SNCF, la mécanisation de l’agriculture, la création du Crédit Agricole ou encore la politique de reboisement. Simple et aimable, d’une grande honnêteté il est malgré lui devenu le symbole de l’inefficacité de la IVeRépublique.
Marcel Champeix a été secrétaire d’Etat aux affaires Algériennes de 1956 à 1957. On se souvient du nom de celui qui a été maire de Masseret, député et sénateur, à cause de l’attentat qui a détruit une partie de sa villa. Aujourd’hui encore, l’affaire Nanot, du nom de l’homme qui a été condamné pour ces faits, défraie la chronique.
Edmond Michelet fut le 1er garde des Sceaux de la Ve République. C’est Monseigneur Perrier, qui a publié une biographie très fouillée sur ce personnage qui en parle le mieux : «Edmond Michelet est devenu corrézien, plus exactement briviste, par son mariage. Il n’a jamais exercé de mandat local. Ses engagements chrétiens d’avant-guerre lui font rejeter le nazisme. Il entre donc en résistance. Il sera chef de la Région 5 du Mouvement Combat d’Henri Frenay. Arrêté en février 1943, il est déporté à Dachau, dont il ne rentre qu’à la fin de mai 1945. Désigné puis élu aux assemblées consultative, puis constituante, puis législative de l’après-guerre, il est choisi par le général de Gaulle comme ministre des Armées. Durant la traversée du désert, il est un des rares à être resté constamment fidèle au général. Il n’est pour rien dans les événements de mai 1958, même s’il a toujours espéré le retour du général « aux affaires ». De 1959 à 1961, il est ministre de la Justice. Simone Veil et Michel Rocard figurent parmi ses jeunes collaborateurs. Il succède à Malraux comme ministre des Affaires culturelles. »
L’ère Chiraquienne
Une participation à la Résistance ou une proximité avec le Général de Gaulle étaient des atouts importants pour devenir ministre après la seconde guerre mondiale.
Jacques Chirac a amené avec lui un vent nouveau en Corrèze. Si ses grands-parents étaient originaires du département, il était avant tout un haut fonctionnaire. Il a choisi de bâtir sa carrière politique à partir de la 1ère circonscription du département entre 1967 et 1988. A cette époque, on était persuadé qu’un solide ancrage local était préférable à un éphémère poste ministériel. Il a été ministre sous de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand avant de devenir président de la République.
Jean Charbonnel a été le ministre de l’industrie de Georges Pompidou entre 1972 et 1974. Il a été député de la seconde circonscription de la Corrèze entre 1962 et 1993. Ce haut fonctionnaire a voué un soutien indéfectible au général de Gaulle pendant toute sa carrière.
La gauche au pouvoir
André Chandernagor a été le ministre aux affaires européennes du gouvernement Mauroy en 1981, dès l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir.
Avant cela, il a siégé 23 ans à l’Assemblée nationale. Il fait partie de ces hommes politiques issus du terrain. Son entrée en politique s’est faite en 1953, lors de son élection comme maire de Mortroux (Creuse), d’où était originaire son épouse. Agé de 101 ans, il a été décoré de la plus haute distinction de la République en janvier 2022 par le président Emmanuel Macron qui lui a remis la grand-croix de la légion d'honneur.
Marcel Rigout a été le ministre de la formation professionnelle du gouvernement Mauroy juin et décembre 1984. Cet ouvrier a été plusieurs fois député de la Haute-Vienne entre 1967 et 1988. Il a fait partie des 4 ministres communistes des deuxième et troisième gouvernements Mauroy.
Peut-on dire que Roland Dumas est Limousin ? Le célèbre avocat, devenu poids lourd du gouvernement Mitterrand, est en tout cas né à Limoges en 1922. Il a été ministre à de nombreuses reprises de 1981 à 1993 avant d’être rattrapé par l’affaire Deviers-Joncour.
L’homme est venu à de très nombreuses reprises au cimetière de Louyat à Limoges, pour honorer son père résistant tombé sous les balles nazies.
René Teulade a débuté sa carrière en tant qu’instituteur. Ce natif des bords de la Dordogne a été maire d’Argentat de 1989 jusqu’à son décès en 2014. Il a été le ministre des affaires sociales et de l’intégration de Pierre Bérégovoy entre 1992 et 1993.
Fils d’un préfet, Raymond Max-Aubert est arrivé en Corrèze en 1993 pour se faire élire député de la 1ère circonscription. Il est ensuite devenu maire de Tulle avant de perdre ses deux mandats au profit de François Hollande. Il a été secrétaire d'Etat au développement rural pendant quelques mois en 1995.
Quant à Jean Baptiste Djebbari, il est arrivé en Haute-Vienne en 2017, investi pour devenir député de la seconde circonscription par le mouvement En Marche d’Emmanuel Macron. Il a laissé sa place à son suppléant en 2019 pour devenir ministre délégué en charge des transports.
Alors qu'Elisabeth Borne a été nommée au poste de Premier ministre, ce 16 mai 2022, un Limousin fera-t-il partie de son gouvernement ? Réponse dans les heures qui viennent.