Le projet de maison pour transmettre le savoir-faire de ses artisans verra-t-il le jour sur le domaine du Mas Nadaud en Haute-Vienne ? Une question épineuse avec des réponses incertaines. Le Parc naturel régional Périgord-Limousin risque de perdre ses subventions pour la construction de cette structure.
Un atelier, en pleine nature, est niché dans l’enceinte du Parc naturel régional (PNR) Périgord-Limousin. C'est celui de Cyril Dupré, artisan feuillardier. Il travaille le châtaignier depuis plus de 20 ans. Il fabrique des gaulettes, des ganivelles, des piquets ou encore des feuillards. Pour lui, cet arbre à d’innombrables vertus :
C’est un bois magique ! Il n’y a pas de déforestation, car une fois coupé, il repousse aussitôt. Il y a très peu de bois qui le font. On a la matière première aux alentours, donc pas de transport. En fonction de son âge, on peut l’exploiter pour différentes choses.
Cyril Dupré, feuillardierà France 3 Limousin
Il n’existe aucun lieu et aucun diplôme de feuillardier pour transmettre ce savoir-faire ancestral. Mais un pôle pour la filière du châtaignier pourrait voir le jour à Pageat, sur le domaine du Mas Nadaud.
Un projet qui ne verra pas le jour en 2023
Dans un pré du domaine, les dirigeants du parc imaginent un atelier et un espace de formation pour les artisans. La grange du XVe siècle pourrait devenir la vitrine des métiers. "C’est un espace qui va être réhabilité et qui servira à mettre en valeur la production des artisans", explique Fabrice Château, directeur du PNR Périgord-Limousin.
Ce projet est évalué au moins à 3,7 millions d’euros, au minimum. L’État et la région Nouvelle-Aquitaine pourraient y participer. L’Union européenne a déjà provisionné des fonds en 2022, à hauteur de 2,3 millions d'euros. "Il faut que les travaux soient terminés au 31 décembre 2023. Cela va être compliqué. On n’est pas en mesure de le faire aujourd’hui, mais on y travaille", tente de rassurer Anne-Marie Almoster-Rodriguès, présidente du PNR.
Les fonds européens perdus ?
Mais ce projet ambitieux a été épinglé par la Chambre régionale des comptes l’an dernier : pour ses opposants, il n’est pas réaliste. "En plus, les fonds européens seront perdus. Il va falloir remonter un dossier et retrouver des financements : ce sera compliqué", témoigne Jean-Pierre Pataud, responsable du tourisme durable au PNR Périgord-Limousin. Pour lui, l’alternative serait de vendre le bâtiment et de faire une maison adaptée.
Un argument réfuté par les artisans qui redoutent de voir disparaitre leur métier. "Au sein du PNR, on a tous les bois à côté. On a tous les artisans assez proches qui peuvent venir former. Le Mas Nadaud, c’est idéal", témoigne le feuillardier.
Depuis une vingtaine d’années, les feuillardiers attendent la création d’une maison du savoir-faire autour du châtaignier. Tout comme la maison du Nadaud, ce patrimoine devrait patienter encore un peu pour sa mise en valeur.