Alors que le Grenelle sur les violences conjugales rend ce mardi 29 octobre ses propositions, nous avons rencontré une jeune femme, victime de violences conjugales pendant dix ans, qui a choisi de témoigné.
C'est un témoignage poignant. Celui d'une jeune femme, que nous appellerons Lili, qui nous raconte la gorge nouée comment, pendant dix ans, elle s'est laissée prendre dans un engrenage qui a transformé son amour de jeunesse en véritable cauchemard.
Dans son entourage, personne n'a soupçonné que Lili a été victime pendant dix ans de violences physiques et psychologiques de la part de son mari. Car Lili a un tempérament joyeux et indépendant, avec du caractère. Elle n'a "pas le profil"...Je suis devenue prisonnière d'un labyrinthe. On ne croit pas que c'est possible. On voit des choses dans les médias, les faits divers, ou simplement les films, on se dit que ce n'est pas possible, que la personne ne va pas se laisser faire. On croit que l'autre va changer car il a des attentions plutôt gentilles pour se faire pardonner. On culpabilise. On a l'impression, à cause de la manipulation, que c'est nous qui avons un problème. Et un jour, c'est le déclic. Je me suis dit : "Je subis ou je vis ?"
Angoisses, terreurs, peur de rentrer chez elle... Lili a tout encaissé. Jusqu'à ce jour où, par instinct de survie pour elle et pour son enfant, elle s'est rendue à la gendarmerie.Les gens s'imaginent qu'il y a un certain type de personnes pour ce genre de faits ou de drames. J'ai toujours tout caché, continué à sourire, être pimpante, presque exubérante, pour cacher mon mal-être. On ne pouvait pas savoir que je n'allais pas bien".
Je suis tombée sur quelqu'un qui ne m'a pas lâchée, qui m'a prise en main. Lorsque les violences ont été constatées physiquement par le médecin légiste, tout m'est revenu, des choses très anciennes. J'ai su que je ne reviendrai plus jamais avec cette personne. J'ai choisi de ne plus subir. J'ai choisi de vivre".
Une "fiche réflexes" en Haute-Vienne
Ce mardi 29 octobre, les groupes de travail du Grenelle des violences conjugales ont proposé à la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, plusieurs mesures pour lutter contre les violences conjugales.
65 propositions au total parmi lesquelles améliorer l'enregistrement des plaintes des femmes victimes, désarmer leurs compagnons violents à la première menace, faciliter le signalement par les médecins d'une situation de violence au sein d'un couple, ou encore supprimer l'autorité parentale en cas de féminicide.
La Préfecture de la Haute-Vienne annonce pour sa part, ce mardi 29 octobre, la mise en place dans les semaines qui viennent d'une "fiche réflexes", qui visera à mieux définir le rôle des différents acteurs dans la prise en charge d'une victime de violences conjugales, de l'accueil de la victime au traitement judiciaire, afin de permettre une coordination plus efficace.