L'interdiction de l'utilisation de la cigarette électronique devrait être étendue "à tous les lieux affectés à un usage collectif", estime le Haut Conseil de la santé publique qui va plus loin que ce qui était prévu dans le cadre de la loi Santé.
L'e-cigarette est utilisée quotidiennement par plus d'un million de personnes en France. Selon un avis rendu sur son sité Internet, le HSCP estime qu'elle "peut être considérée comme une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac des fumeurs" et "constitue un outil de réduction des risques du tabagisme".Mais la cigarette électronique pourrait aussi "constituer une porte d'entrée dans le tabagisme" et induire "un risque de renormalisation de la consommation de tabac", relève cette instance consultative. Dans son précédent rapport, elle avait déjà mis en garde contre le "risque d'entrée en addiction" des adolescents avec cet appareil délivrant de la nicotine sous forme de vapeur dans la bouche.
L'e-cigarette dans le dispositif de sevrage tabagique
Pourtant de nombreux médecins et pas des moindres, comme le Professeur Dautzenberg, présentent tous les avantages liés à l'utilisation des cigarettes électroniques dans l'arrêt du tabac. Praticien dans le service de pneumologie de l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, ce médecin affiche clairement ses ambitions dans la lutte contre le tabac. Le jeudi matin, il organise en ce sens des consultations dans son établissement de la capitale. Depuis qu'il a pris le sujet à bras-le-corps, il intègre désormais l'e-cigarette dans ses stratégies d'aide au sevrage tabagique.Interdiction dans les lieux à usage collectif ?
Mais le HSCP préconise non seulement de maintenir les interdictions de vente et de publicité déjà prévues par la loi, mais de les "étendre à tous les lieux affectés à un usage collectif", via des textes d'application à paraître. Et cela "même si les risques liés au vapotage passif sont nuls ou extrêmement limités pour les tiers" dans des espaces fermés.Selon lui, les travaux scientifiques "ne démontrent pas de supériorité radicale de la cigarette électronique, nicotinée ou non" par rapport aux patchs nicotiniques, et ne montrent "aucune différence significative" pour l'abstinence à 6 mois. Le Haut Conseil fait néanmoins état d'"opinions très favorables de professionnels de santé". Ou l'art de dire une chose et son contraire dans la même phrase.
La Fivape (Fédération interprofessionnelle de la vape) a réagi en dénonçant "l'aveuglement coupable" du HCSP et estimé que sa recommandation sur l'interdiction de la e-cigarette dans les lieux publics, comme pour le tabac, pourrait "malencontreusement laisser penser que la vape est assimilable au tabac".