Ce jeudi 19 février, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé que les festivals d'été en plein air pourraient être maintenus, dans la limite d'une jauge de 5.000 spectateurs assis. Comment cette annonce est-t-elle accueillie en Poitou-Charentes ?
Cet été, les festivals de plein air pourront avoir lieu malgré l'épidémie de Covid, à condition de ne pas dépasser une jauge de 5.000 spectateurs, et que ces derniers restent assis. C'est ce qu'a annoncé la ministre de la culture Roselyne Bachelot, ce jeudi 18 février aux professionnels du secteur.
Comment les organisateurs de festivals de Poitou-Charentes réagissent-ils à cette annonce ?
"C'est un bon départ"
"C'est déjà très positif, il y a quelques semaines, nous n'imaginions pas ça" se réjouit Gérard Pont, directeur des Francofolies de La Rochelle, invité du JT de France 3 Poitou-Charentes ce jeudi 18 février. "C'est un bon départ, on peut se réjouir pour les festivaliers, les artistes, les organisateurs".
Je suis déjà très très content qu'on ait une base de départ, les Francofolies auront lieu dans leur forme quasi-habituelle, sur le parking Saint-Jean-d'Acre, devant la scène Jean-Louis Foulquier avec 5.000 personnes assises.
Il précise que les conditions de maintien des festivals pourront être assouplies, en fonction de l'évolution de l'épidémie. "Nous allons nous revoir, avec Mme la Ministre, tous les mois pour savoir si l'épidémie baisse, donc en fonction de cela, on pourra peut-être prévoir 5.000 [personnes] debout, c'est en négociations avec le ministère."
"À 5.000 personnes, nous sommes déjà complets" ajoute le directeur des Francos, expliquant qu'un grand nombre de spectateurs de l'édition 2020 annulée ont conservé leurs billets pour cet été.
"Quelle distance entre les spectateurs ?"
Pour Christophe Blugeon, programmateur des Soirées Lyriques de Sanxay, dans la Vienne, "les annonces de la ministre sont positives". "Notre jauge est d'environ 2.400 à 2.500 places", ajoute-t-il. "Notre public d’opéra est généralement plus âgé et c’est un public qui sera plus largement vacciné donc c’est rassurant."
Néanmoins, il souligne que deux questions restent encore incertaines, avec d'abord la distance physique entre les spectateurs : "on ne sait pas s'il y aura des séparations", et celle du service de restauration : "pourra-t-il être mis en place ? Si non, ça peut engendrer une perte financière."
"Les annonces de la ministre ne suffisent pas"
Pour Michel Rolland, directeur de Cognac Blues Passion, "les annonces de la ministre ne suffisent pas pour l’instant en terme de réponse pour s’organiser."
Lui aussi pointe le manque de précisions sur l'éventuelle distance entre les spectateurs, ainsi que la mise en place d'un service de restauration, dont les recettes sont "indispensables".
"Les annonces d’hier nous permettent d’avoir un certain nombre de repères, mais qui doivent être complétés par un cadre de référence" estime-t-il.
Michel Rolland soulève une autre difficulté : les artistes pourront-ils se contenter des quelques concerts maintenus, ou devront-ils annuler leurs tournées ?
Il faut que l’on revoie notre business-plan. On s’auto-finance à 86 %. Donc en période de pandémie, sans recettes annexes, ça va devenir une faiblesse pour nous. Avec une jauge à 5.000 personnes assises, nous aurons des pertes de billetterie, forcément. Mais nous n’annulerons pas.
"On va essayer de faire quelque chose"
Pour Grégoire Renaudon, directeur du festival Au Fil du Son, de Civray, il va falloir complètement repenser l'évènement.
On ne pourra pas organiser un festival comme au fil du Son selon son ADN d’origine. On ne peut pas vraiment imaginer de concert de rap ou de rock assis
"Nous allons nous réunir et évoquer ce qu’on va pouvoir faire. Pour ma part, je n’imagine pas l’été sans rien. On va essayer de faire quelque chose. Il n’est pas impossible d’organiser un festival assis", réfléchit-il. Pour l'instant, les dates de festival -du 29 au 31 juillet- ne changent pas : "il faut connaître le protocole qui ira avec pour connaître le coût d’organisation d’un festival avec 5.000 personnes assises"
Mais Grégoire Renaudon voit déjà plus loin, avec l'organisation d'un évènement avec des spectateurs debout, peut-être pour le mois de septembre.