La justice va se pencher mardi sur le sort de MoryGlobal et de ses 2.150 salariés, mais le transporteur n'ayant reçu aucune offre de reprise sérieuse, sa liquidation judiciaire semble "inéluctable". Les sites de Poitiers et d'Angoulême vivent sans doute leurs dernières heures d'activité.
Une audience à huis-clos est prévue à 14H30 au tribunal de commerce de Bobigny (93), lequel avait placé la société en redressement le 10 février dernier, avec une période d'observation de six mois.Entre-temps, la situation financière s'est aggravée pour l'ancienne compagnie Mory Ducros, qui n'a pas attiré de candidats crédibles à la reprise. La société Transports Malherbe a finalement retiré son offre, la plus importante parmi celles déposées et qui portait sur uniquement 141 salariés. Dès lors, "la liquidation judiciaire est inéluctable", confie une source proche du dossier.
La justice commerciale prononcera la liquidation dès mardi ou placera sa décision en délibéré. Cette seconde option ne ferait que retarder l'inévitable pour une société ayant subi l'année dernière une perte nette évaluée à 43 millions d'euros.
Silence de l'actionnaire Arcole Industries
Il s'agit d'un nouveau coup de massue pour les salariés, dont un grand nombre ont effectué la majorité de leur carrière dans l'entreprise. Rescapés du plan social déclenché en 2014, après la faillite de Mory Ducros (2.800 licenciements), ils se battent désormais pour obtenir un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) convenable. Les sites de Poitiers (86) et de Champniers (16), près d'Angoulême, ne croient plus en une solution-miracle.Tous réclament l'aide de l'Etat et dénoncent le silence de l'actionnaire Arcole Industries, qui était également celui de Mory Ducros. Le propriétaire "a toujours été absent des débats, des demandes, il n'est pas présent du tout", se plaint Denis Jean-Baptiste, le secrétaire du comité d'entreprise.
Pour les 2.150 collaborateurs de MoryGlobal, il n'est pas question de partir "avec moins que nos camarades de l'année dernière", préviennent les syndicats. Sous la pression du gouvernement, l'actionnaire avait consenti à verser aux licenciés de Mory Ducros 30 millions d'euros de plus que le minimum légal.
Jeudi, l'Etat a demandé "expressément au groupe Arcole Industries d'assumer ses responsabilités d'actionnaire et de contribuer au financement du PSE", répondant au souhait des représentants du personnel, reçus au secrétariat d'Etat aux Transports. A cette occasion, les pouvoirs publics se sont engagés à mettre en place "un dispositif exceptionnel d'accompagnement individualisé", avec le recours à un cabinet de reclassement, une bourse à l'emploi et le versement pendant deux ans d'une somme allant jusqu'à 300 euros par mois pour les salariés ayant retrouvé des emplois moins bien rémunérés.