Accidents de chasse dans les Landes : plusieurs affaires entre les mains du parquet

Dimanche 20 septembre, quatre personnes ont été blessées par des balles ou des plombs. Dans l’un des cas, l’erreur d’un chasseur ne semble faire aucun doute. En revanche, concernant un automobiliste gravement blessé sur l’A63, les investigations se poursuivent.
 

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Ce sont trois affaires très différentes, toutes liées, à priori, à un accident de chasse. "Elles sont entre les mains du parquet de Mont-de-Marsan", annonce la gendarmerie. Concernant celle survenu sur l’autoroute, toutes les pistes doivent être explorées. Quatre blessés en une journée dans les Landes, un décompte dont se serait bien passée la Fédération qui s’efforce de mettre en avant tout le travail fait sur la sécurité ces dernières années.

Accident sur l’A63 : « quinze personnes à entendre »

C’est probablement l’affaire la plus spectaculaire. Dimanche 20 septembre, il est un peu plus de 13h lorsqu’un couple de Néerlandais empreinte l’A63 pour se rendre en Espagne. Peu après le péage de Saugnacq-et-Muret, à hauteur de Liposthey, et alors que la voiture reprend de la vitesse, un balle traverse la vitre arrière gauche du véhicule touche l’homme assis sur le siège passager à l’avant et ressort par la vitre à sa droite. Sa femme, parvient à arrêter la voiture sur la bande d’arrêt d’urgence avant d’appeler les secours. L’homme grièvement blessé a été immédiatement évacué au centre hospitalier de Mont-de-Marsan où il a été « opéré pour retirer les fragments d’ogive qui l’avait percé », relate le Commandant Souplet de l’escadron départemental de sécurité routière des Landes. Par chance la victime n’était pas au volant, ce qui aurait pu causer un grave accident sur l’autoroute.
« On a une victime qui est touchée par une balle perdue », analyse la commandant Souplet, « une balle de chasse au sanglier, donc ça provient forcément d’une action de chasse, ou alors, l’enquête le dira, d’un individu qui serait soit en braconnage, soit d’un autre chasseur qui ne serait pas dans la partie dédiée à cette action de chasse ». Selon les premiers éléments de l’enquête de gendarmerie, « il y avait une battue précisément sur ce secteur-là, l’enquête est en cours, certains ont été entendus », relate la commandant Souplet. « Hier nous étions sur le terrain pour essayer de trouver les secteurs de tir, les angles de tir le positionnement de chacun, l’enquête continue. Quinze personnes à repositionner, à entendre, définir leur action, il y a des gens qui ont tiré.

Pour cette action de chasse il y a eu deux sangliers de tués, l’un des deux a été tué au moment où le véhicule a été touché par une balle perdue.

Commandant Souplet

"Aujourd’hui on ne peut pas non plus désigner cette équipe d’action de chasse comme responsable de cet accident », conclut le gendarme. Même son de cloche du côté de la Fédération de chasse des Landes. L’hypothèse d’un accident de chasse n’est  « pas écartée mais pas confirmée », rapporte Régis Hargues. Pour le directeur de cette fédération, « la blessure semble dire que c’est une balle de fusil et non pas de carabine ».  « En battue aux sangliers, beaucoup utilisent des carabines, donc à voir », conclut-il.

Un chasseur reçoit 17 impacts de plombs à Auris : l’erreur humaine est retenue

Dimanche matin, à Auris, un jeune chasseur et sa compagne ont également été blessés lors d’une battue aux sangliers. L’homme a été touché par 17 impacts de plombs de chevrotine. Il a été opéré ce matin, ses jours ne seraient pas en danger. Sa compagne, elle, a reçu un impact et a pu sortir de l’hôpital dès hier soir. « Trois chasseurs sont en ligne avec une direction de tir qui est bien définie et on arrive à avoir deux chasseurs blessés », enchaîne le commandant de gendarmerie. « C’est-à-dire que le secteur de tir qui doit être de 30 degrés qui n’a pas été respecté".

On est sur une faute humaine, sur un manque de respect des règles liées à la chasse.

gendarmerie

Analyse partagée par Régis Hargues. S’il précise qu’il n’y a pas eu d’erreur de l’ ACCA (association communale de chasse agréée) qui organise la chasse dans les Landes, il avoue que c’est un « accident qui était évitable et qui n’aurait pas dû arriver ». Le chasseur à l’origine du tir a été entendu par la gendarmerie et s’est immédiatement vu retirer son permis de chasser. « Il va y avoir plusieurs auditions, de la gendarmerie mais aussi de l’Office Français pour la Biodiversité (OFB) », précise Régis Hargues.

L’accident par ricochet à Parentis

Tout autre contexte pour cet accident survenu lors d’une partie de chasse au lapin à Parentis. Deux amis en quête de petit gibier ont vu leur journée gâchée. « Il s’agit d’un seul plomb lors d’un tir qui, pour une raison inexpliquée, aurait ricoché et aurait touché le chasseur à l’entre jambes », relate le directeur de la Fédération départementale de la chasse. « On est sur une blessure très superficielle, sans conséquence. L’accident a été référencé comme un ricochet inexpliqué, il n’y a vraisemblablement pas eu de faute du tireur par rapport à son coéquipier ». L’arme, un petit calibre, a été saisie pour les besoins de l’enquête.

La gendarmerie appelle à plus de prudence

L’année dernière, aucun accident n’a été recensé dans les Landes. Pareil cette année depuis juin dernier, date d’ouverture de la chasse au chevreuil. Alors quatre blessés en une journée, « c’est toujours trop », résume le commandant Souplet. Sur cette journée du 20 septembre, « on s’aperçoit qu’à chaque fois c’est un acte pas forcément délibéré, mais un manque de prudence et un non-respect des consignes. Le premier à Auris, on est sur une faute humaine, sur un manque de respect des règles liées à la chasse. A Lipostey aussi cela démontre que les règles de sécurité n’ont pas été appliquées ». Pour connaître toutes ces règles liées à la chasse, cliquez ici.

La Fédération de chasse « a le cul entre deux chaises »

Une balle qui ricoche comme cela peut arriver, une affaire qui reste à élucider, et enfin une erreur humaine qui aurait pu être évitée, trois affaires dont se serait bien passée la Fédération de chasse. « C’est jamais agréable », résume Régis Hargues. « On voit bien comment les choses sont perçues en ce moment, ce qui a tendance à nous agacer. Beaucoup de travail a été fait sur la sécurité. Les accidents ne cessent de diminuer depuis plus de 20 ans. On essaie tous de tendre vers le risque zéro. On a eu un très mauvais week-end, j’espère que c’est le dernier de la saison. On fait plus de 12 000 battues par an dans les Landes, avec près de 20 000 chasseurs dans le département, il n’y aucun problème d’accident. On est vraiment sur l’exception. Les présidents d’association font un travail remarquable et n’ont jamais hésité à exclure quelqu’un quand ils avaient des doutes. Il y a une pression qui est démentielle sur les chasseurs concernant la régulation des grands animaux (sangliers, cerfs, chevreuils) à cause des dégâts agricoles ou sur des propriétés privées. On a tout le temps le cul entre les deux chaises.

La société nous demande de prélever énormément pour des questions de sécurité ou de dégâts, et dans le même temps, on a cette société qui refuse les actes de chasse. Il faut tuer mais pas le voir .

Régis Hargues

Bilan des accidents de chasse sur l'année 2019/2020 en France


Dans une sorte d’impasse, la Fédération se sent mal aimée. Selon elle, les accidents de chasse seraient trop relayés par les journalistes. Régis Argues avance des chiffres pour montrer à quel point les projecteurs sont, selon lui, braqués sur les chasseurs. « L’année dernière, on a dénombré 11 morts à la chasse sur le territoire national. C’est souvent surmédiatisé, mais si on compare aux accidents de baignade, cinquante en Nouvelle-Aquitaine cet été, c’est peu. On a un effet de loupe sur la chasse qu’on ne trouve pas sur les autres activités de loisir ».

Trois enquêtes de gendarmeries ont été ouvertes ce dimanche. Elles devraient permettre d'entendre tous les acteurs et témoins de ces accidents et d'en savoir plus sur leurss circonstances exactes.

 
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