En détention provisoire depuis janvier 2022, la mère soupçonnée d'avoir empoisonné ses filles à Dax, dont l'une est décédée en 2019, est sous le coup d'une nouvelle mise en examen. Elle est suspectée d'avoir tenté de commanditer, depuis la prison, l'assassinat de son ex-mari.
C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire de la mère soupçonnée d'avoir empoisonné ses filles à Dax dans les Landes. Et cette fois, c'est son ex-mari qui en est la cible.
En détention provisoire depuis le 18 janvier 2022, Maylis Daubon a été mise en examen début 2024 pour de nouveaux faits. Elle aurait missionné, depuis la maison d'arrêt pour femmes de Pau où elle est actuellement incarcérée, des personnes en vue de l'assassinat de son ex-mari.
Les premiers faits remontent à novembre 2019, lorsque Enéa, 18 ans, est admise aux urgences après avoir fait un malaise au domicile de sa mère, à Dax. Elle décède six jours plus tard à l'hôpital, conséquence d'une overdose de bêtabloquants. De nombreuses traces d'autres médicaments avaient été retrouvés chez la jeune fille, ainsi que dans le sang de sa sœur cadette.
"L'homme à abattre"
Mise en examen trois ans plus tard pour empoisonnement, puis placée en détention provisoire, la mère de famille a toujours nié les faits. Elle est maintenant accusée d'avoir cherché à porter atteinte à son ex-mari et père des deux filles, Yannick Reverdy, ancien handballeur international français.
Le couple s'était séparé en 2009, et le père avait ensuite "multiplié les alertes et les procédures" concernant "l'aliénation" de ses filles au profit de la mère, alors que le contact entre ses filles et lui était rompu. "Depuis la séparation, il y a eu une succession d'événements visant à le discréditer, à l'écarter de ses filles", détaille l'avocat de Yannick Reverdy, Me Thibault Laforcade.
Depuis cette séparation, mon client a senti qu'il était l'homme à abattre.
Me Thibault LaforcadeAvocat de Yannick Reverdy
Au cours de l'instruction concernant l'empoisonnement des deux filles du couple, en fin d'année 2023, les faits quant à une possible démarche de Maylis Daubon pour attenter à la vie de son ex-mari sont découverts. Une nouvelle "révélation brutale" pour Yannick Reverdy : "Quand il a appris qu'elle voulait s'en prendre à lui physiquement, jusqu'à le faire disparaître, il était dévasté, rapporte son avocat. Ça l'a vraiment fait vaciller, à tel point qu'il a quitté son domicile, par peur de ce qui était peut-être en train de se manigancer."
La détenue, qui nie déjà les faits d'empoisonnement qui lui sont reprochés, a immédiatement qualifié "d'absurde" cette nouvelle mise en examen. "Elle ne comprend absolument pas, elle considère que c'est un moyen de pression supplémentaire pour lui faire avouer des faits qu'elle dit ne jamais avoir commis", relate son avocat, Me Gérard Danglade.
Ma cliente ne voit pas quel intérêt elle pourrait avoir de supprimer son ex-mari. Cela ne solutionne pas le problème essentiel, qui est de savoir si elle peut être déclarée responsable, de manière directe ou indirecte, de l'empoisonnement d'Enéa.
Me Gérard DangladeAvocat de Maylis Daubon
Pour l'avocat de la mère de famille, ce sont également des accusations qui ne reposent sur "aucun élément matériel", mais "uniquement sur des déclarations de codétenues". "C'est une mise en examen curieuse, qui n'a finalement pas de rapport avec l'affaire principale d'empoisonnement', ajoute Me Gérard Danglade.
L'instruction de l'affaire d'empoisonnement étant terminée, c'est maintenant au procureur de la République de Mont-de-Marsan de se prononcer sur les suites judiciaires à donner. Il pourrait décider d'ordonner un renvoi de Maylis Daubon devant la Cour d'assises, pour l'empoisonnement de sa fille, mais aussi pour le nouveau délit pour lequel elle est mise en examen.
L'ex-mari attend des réponses
Yannick Reverdy, lui, attend un renvoi devant la Cour d'assises pour pouvoir obtenir "des réponses de la justice", après une procédure qui dure depuis des années. "Il veut que des mots soient mis sur ce qu'il a vécu, sur ce que sa fille aînée a vécu, martèle son avocat, Me Thibault Laforcade. Pour l'instant, on est encore au stade d'hypothèses, et dans sa situation, ce n'est pas supportable. Il faut des vérités."
Dans l'attente de la décision du procureur de la République, Maylis Daubon demeure en détention provisoire, à la maison d'arrêt pour femmes de Pau.