"Ils vont bétonner au pied de la dune" Les travaux de la ligne souterraine de 400 000 volts ont commencé

Le projet de RTE "Golfe de Gascogne" vise à créer une nouvelle interconnexion électrique entre la France et l’Espagne. Quatre câbles seront enterrés sur 400 km entre le nord Gironde et Bilbao. Dans les Landes, les riverains sont très inquiets des conséquences sur leur santé et sur l'environnement.

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"On n'arrive pas à obtenir de réponses claires." C'est un projet pharaonique qui va traverser leur département, sous la mer et sous la terre, par les dunes. Une ligne à très haute tension, enterrée sous le sol et sous l'océan. Soit quatre cents kilomètres de câbles, entre la France et l'Espagne, pour une tension de 400 000 volts.
Réseau Transport Électricité (RTE) a obtenu toutes les autorisations nécessaires des pouvoirs publics pour son projet. Pour autant, la filiale d'EDF peine à rassurer les riverains. 

Microtunnels sous les dunes

Les travaux ont commencé en novembre. En Gironde, le chantier se situe au Porge, dans le Médoc. Dans les Landes, tout a démarré à Seignosse, plage des Casernes et à Capbreton. Il s'agit de travaux préparatoires sur les sites d'atterrage, qui sont les futurs lieux de jonction entre les câbles souterrains et sous-marins. "Les machines sont là, et les travaux vont très très vite !, s’inquiète une habitante de Capbreton, membre du collectif Stoptht40. Toutes les autorisations ont été signées très rapidement du côté de la préfecture des Landes", poursuit-elle. Le collectif a posté les photos du chantier, mises en ligne par RTE. 

Ils vont bétonner au pied de la dune !

Une habitante de Capbreton (40),

memebre du collectif Stoptht40

"Ce qui nous effraie, c'est un cercle de quinze mètres de diamètre, car c'est à cet endroit que RTE va forer un tunnel qui passera sous la dune !", précise-t-elle.

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LIRE AUSSI. Inquiétudes autour d'une ligne souterraine de 400 000 volts entre Capbreton et Seignosse

Un projet lancé en 2018

Sollicité par France 3 Aquitaine, Jérôme Rieu, délégué RTE pour le sud-Ouest, précise que "le projet a démarré il y a cinq ans". Il y a eu les phases de concertation et d'échanges avec la population et deux enquêtes publiques. Et en novembre, avec toutes les autorisations nécessaires, les travaux préparatoires ont commencé", rappelle-t-il

On a cherché les lieux les moins impactants pour l'environnement.

Jérôme Rieu,

délégué RTE pour le Sud-Ouest

Le représentant de RTE précise que le chantier au Porge est situé sur un ancien parking, celui de Capbreton se trouve également sur une extension d'un parc de stationnement. À Seignosse, il concerne une ancienne pisciculture. "On a positionné des installations pour les travaux préparatoires. Une fois les travaux terminés, les zones seront remises dans leur état initial naturel", assure-t-il.

Concernant les concertations, le collectif rappelle que les réunions ont eu lieu au moment du covid et que par ailleurs d'autres réunions ont été annulées, et donc elles ne reflètent pas l'opinion publique, et donc faussent le débat démocratique. 

Le choix du tracé

Le site de RTE est très détaillé et essaie d'être pédagogique ,sans toutefois convaincre les habitants des communes concernées par le tracé sous les dunes. "Un tracé par l'autoroute était envisageable !", s'insurge un sympathisant du mouvement, opposé au passage de la ligne THT par les dunes. 

Enfouie dans le sol ou au fond de l’océan, la future ligne reliera le poste de Cubnezais (près de Bordeaux) et le poste de Gatika (près de Bilbao). Elle sera la première interconnexion en partie sous-marine entre la France et l’Espagne. Cette ligne doublera les capacités d’échanges d’électricité entre les deux pays, pour les porter à 5 000 MW : c’est-à-dire de quoi alimenter cinq millions de foyers environ.

La solution des micro-tunnels a été choisie afin de limiter les impacts sur le milieu naturel.

Jérôme Rieu,

délégué RTE pour le Sud-Ouest

Contourner le Gouf de Capbreton


Côté français, la ligne THT va sortir de l'eau à Capbreton. "Une liaison sous-marine avait été envisagée, mais elle est techniquement impossible en raison du Gouf de Capbreton (un canyon sous-marin de plusieurs kilomètres de profondeur, NDLR), elle a été abandonnée", explique Jérôme Rieu.
"Il y a donc une sortie enterrée pour contourner le Gouf sur 27 km, et la ligne redevient maritime à Seignosse. Et quand on sort de la mer, on sort dans un micro-tunnel à dix mètres de profondeur. On va creuser un puits en amont des dunes pour faire passer l'installation",
détaille-t-il.

Quel impact sur la santé ?

Les opposants considèrent ce projet, qui transportera une puissance équivalente à la production de deux réacteurs nucléaires, "destructeur pour les plages et les forêts". "Le contournement terrestre par les Landes devrait être enterré à moins de 100 mètres de plusieurs quartiers, maisons, campings, centres de vacances, au cœur des pinèdes, sous des pistes cyclables, des routes, des zones de baignade, surf et pêche", soulignent-ils.

"Ces inquiétudes, on les entend et on les comprend. Il faut ce travail d'explication sur la santé et je suis parfaitement rassurant : il n'y a aucun risque pour les riverains", assure le délégué régional, qui rappelle que RTE est une entreprise publique gestionnaire du réseau électrique. 

Plusieurs riverains ont fait part de leurs craintes liées aux champs magnétiques générés par la ligne. "Ces champs magnétiques sont de 31 micro-Tesla (unité de mesure pour le réseau électrique, NDLR). Ajoutés au 47 micro-Tesla du milieu naturel, cela reste très inférieur à la norme fixée par l'Europe qui est de 40 000 micro-Tesla : c'est 500 fois moins. Pour comparer, un magnet du frigo, c'est 500 micro-Tesla. C'est donc beaucoup moins que les objets du quotidien", s'applique à démontrer Jérôme Rieu qui mise sur la pédagogie.

"On vient de distribuer une lettre d'explication de l'intérêt du projet et de son déroulement. On va continuer à la faire. Il y a aussi des salariés RTE sur les zones de chantier pour répondre aux questions", rappelle-t-il.

"C'est David contre Goliath"

Pas de quoi convaincre les opposants, qui restent mobilisés. Une pétition lancée en ligne par les opposants au projet, à destination des maires des communes landaises concernées par le tracé terrestre de la THT, a récolté près de 8 000 signatures. Une marche solidaire est organisée dimanche 14 janvier, le rendez-vous est donné à 10h30 à la plage des Casernes, à Seignosse. 
"On continue le combat, mais c'est David contre Goliath",
lâche cette habitante en colère, 

C'est à pleurer ! C'est une catastrophe environnementale !

Une habitante de Capbreton,

Membre du collectif StopTHT40

Le collectif StopTHT40 a rallié à sa cause le journaliste militant Hugo Clément, qui vit dans le Pays basque.

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Les surfeurs se questionnent

"Il y a encore des gens qui tombent nez à nez avec les engins de chantier et qui découvrent le projet" a pu constater le collectif StopTHT40, qui prépare une nouvelle action de contestation avec des surfeurs. "Ils se posent beaucoup de questions sur la qualité de l'eau. Les lignes à très haute tension vont passer sous la mer et les écosystèmes, Y aura-t-il des mouvements de sable ? Quid des spots de surf qui sont nombreux dans les Landes ?
On sait déjà qu'il y a un risque de pollution au chrome à Biscarrosse. La chaleur aura-t-elle un impact sur les installations, et les champs électromagnétiques ? Les scientifiques ont déjà évalué que cela pouvait impacter les cétacés qui vivent dans les eaux du littoral landais, les populations de saumons et de homards".

Beaucoup de questions et d'inquiétudes sur la terre et dans la mer.

Le collectif StopTHT40

Des élus pris à partie

Le collectif assure avoir pris contact avec RTE pour obtenir des informations plus précises sur les conséquences environnementales et sur la santé, sans avoir obtenu de réponse.  "Il n'y a pas de clarté dans ce projet, s'agace le collectif qui se dit catastrophé. "Les travaux ont à peine commencé et déjà, il y a des dégâts visibles. À Seignosse, cela va fragiliser encore plus le cordon dunaire, on ne comprend pas. En cas d'incendie en forêt, que se passera-t-il avec les quatre câbles enterrés ? La population est excédée", martèle-t-il.

La forêt est sacrifiée sur plusieurs kilomètres. Il faut que les maires se bougent, on est face à un vrai déni de démocratie.

Collectif StopTHT40

Le maire de Hossegor, l'une des communes concernées par le tracé des dunes, s’est plaint de menaces sur les réseaux sociaux.  "C'est normal, les gens sont écœurés, car les maires du secteur ont tous signé le projet RTE", rétorque le collectif.

La fin du chantier est prévue en 2027. Il va s'échelonner en plusieurs phases en automne et au printemps pour éviter les travaux en période estivale, précise RTE.

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