Landes : inquiétudes autour d'une ligne souterraine de 400 000 volts entre Capbreton et Seignosse

Une nouvelle liaison électrique très haute tension doit relier la France et l'Espagne. Quatre câbles seront enterrés sur 400 km entre le nord Gironde et Bilbao. Dans les Landes, les riverains sont très inquiets des conséquences sur leur santé et sur l'environnement.

"C'est la puissance de plusieurs centrales nucléaires qui va passer sous nos pieds !" alerte Bernard Pentiaux, ingénieur EDF récemment retraité et membre du Collectif Stop THT 40.

Ligne à très haute tension entre la France et l'Espagne

Cette ligne à très haute tension doit relier le site RTE de Cubnezais au nord de Bordeaux, au poste électrique de Gatika, situé au nord-est de Bilbao.

Quatre câbles pourront ainsi transporter jusqu'à 5000 MW d'électricité entre la France et l'Espagne. L'objectif est d'augmenter "la sécurité, la stabilité et la qualité de l'approvisionnement en électricité dans les deux pays" explique Réseau de transport d'électricité. Ces interconnexions s'avèrent précieuses "lorsque la consommation est élevée ou en cas d'incident technique".

Elles permettent aux pays de se soutenir mutuellement dans des situations extrêmes

RTE

RTE installe en ce moment une telle ligne entre la France et la Belgique comme elle l'indique sur ce post Twitter.

Dans le cas de la liaison avec Bilbao, la différence est qu'aucun poteau ne sera visible. Les câbles seront enterrés sur la totalité du parcours. "C'est une bonne chose mais il n'empêche qu'elles doivent rester éloignées des zones habitées", rappelle Bernard Pentiaux, ingénieur EDF retraité et membre du collectif THT40. .

RTE cherche de plus en plus  à enfouir ces lignes à très haute tension pour les rendre invisibles et donc moins inquiétantes

Bernard Pentiaux - ingénieur EDF à la retraite membre du collectif THT40

à France 3 Aquitaine

Sous les plages, près des campings, résidences et pistes cyclables

La ligne sera sous-marine sur trois cents kilomètres puis bifurquera sous les terres afin de contourner le gouf de Capbreton.

Un crochet de 27 kilomètres entre la plage des Océanides et celle des Casernes à Hossegor. 

"Les câbles vont passer à 1,50 mètres en-dessous de plages très fréquentées par les familles et les surfeurs, en commençant par la plage des Casernes à Seignosse, puis piquer sous la dune, longer le camping des Oyats à 10 mètres de la piscine, traverser la pinède et les communes de Seignosse, Hossegor, Angresse, Bénesse-Maremne puis Capbreton, à 80 mètres d'un quartier résidentiel, pour repartir vers l'océan au niveau de la plage des Océanides" précise une membre du collectif, habitant dans une zone résidentielle toute proche du tracé. Et particulièrement inquiète des conséquences que pourraient avoir une telle puissance électrique.

Ne "pas jouer avec le feu"

"On sait que le champ électromagnétique est proportionnel à l'électricité transportée, rappelle Bernard Penthiaux. Nous, on dit il ne faut pas jouer avec le feu. On n'a aucun recul sur les effets de telles lignes enterrées. Nous ne voulons pas devenir une zone expérimentale".

Là, on parle de 3000, 4000 voire 5000 MW qui vont être trimballés ! Vous vous rendez-compte ? c'est colossal !

Bernard Pentiaux - ingénieur EDF à la retraite membre du collectif THT40

à France 3 Aquitaine

Oui pour la ligne mais un tracé légèrement modifié

Le collectif ne s'inscrit pas contre le projet, d'ampleur européenne, mais il demande à RTE d'étudier un tracé légèrement modifié.

"C'est un tracé ajusté" précise Bernard Pentiaux. "Il s'écarte d'un kilomètre et demi au nord et au sud et il longe un peu plus l'autoroute. Ca ne coûtera pas plus cher à RTE".

Ce tracé conviendrait également à l'association Bénesse Environnement. Ses membres redoutent l'enfouissement des câbles le long de la RD 128, sous la future piste cyclable entre Bénesse-Maremne et Capbreton.

"Nous y sommes formellement opposés. Aucune étude ne montre l’innocuité des 400 000 volts à 1m50 sous nos pieds. Nos enfants et nous-même devons être protégés, d’autant plus que le vélo est amené à davantage se développer ces prochaines années" argumente l'association.

A la mairie de Capbreton, une délibération doit être votée début décembre par le conseil municipal pour établir clairement la position de la commune. Le maire ne souhaite pas s'exprimer avant. "La position des 29 élus du conseil sera retranscrite sur le registre de l'enquête publique" assure Jérémy Bjai, le directeur de cabinet. 

Regardez le reportage de Jean Poustis et Laurent Montiel.

durée de la vidéo : 00h01mn49s
Un projet de ligne à très haute tension inquiète. Quatre câbles relieront le nord de la Gironde à L'Espagne. Ils seront enterrés mais ils passeront sous les plages landaises. ©France télévisions

Enquête publique 

L'enquête publique a été ouverte le 17 octobre dernier et se terminera le 16 décembre à minuit. Elle est disponible en ligne ou en mairie et chacun peut y participer. Le collectif Stop THT 40 incite le plus grand nombre à s'exprimer.

Trop grande proximité des lieux de vie, défrichement du massif forestier, nuisances de trois années de travaux sur la départementale 28, l'axe principal du secteur, impact sur le tourisme, sur la valeur immobilière...les remarques sont déjà très nombreuses
La RTE ne fait, pour l'heure, aucun commentaire. "Nous avons un devoir de réserve pendant l'enquête publique" fait savoir son service communication qui précise que le rapport du commissaire enquêteur devrait être rendu début janvier. "RTE y répondra".

L'entreprise de transport d'énergie prendra t-elle en compte la proposition du collectif ? Elle avait déjà accepté de revoir un premier tracé traversant une zone urbaine. Elle pourrait encore une fois éviter d'affronter la colère des riverains. "RTE a tout intérêt à ne pas s'exposer à des recours" glisse Bernard Pentiaux.

Il faut par ailleurs souligner qu'en Gironde, une partie de la ligne sera également enterrée. Entre Cubnezais et l'océan les câbles passeront sous la Dordogne et la Garonne puis traverseront le Médoc pour rejoindre le littoral au niveau de la plage de la Cantine au Porge

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