Jet de soupe sur une toile de Monet, "dégradation de bien culturel" ou désobéissance civile ? Le procès en appel à Lyon

Le 10 février, deux étudiantes et activistes ont jeté de la soupe sur un tableau de Claude Monet au sein du musée des Beaux-Arts de Lyon. Elles ont été jugées et relaxée en juin dernier. Le parquet a fait appel. Un nouveau procès doit se tenir ce mardi 19 novembre.

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Depuis 2022, les actions visant des œuvres d’art menées par des militants écologistes se multiplient en Europe. La Joconde ou encore Les Tournesols ont été la cible de ces activistes. À Lyon, c'est une toile impressionniste qui avait été visée en février. Les auteurs sont deux jeunes femmes d'une vingtaine d'années. Elles ont été jugées devant un tribunal correctionnel et relaxées en première instance. Mais l'affaire ne s'arrête pas là. 

"Désobéissance civile"

C'est eu un geste qui avait fait couler beaucoup d'encre. Le 10 février dernier, Sophie et Iluna, deux étudiantes de 23 et 20 ans appartenant au collectif "Riposte alimentaire", ont aspergé de soupe Le Printemps, une œuvre du peintre impressionniste Claude Monet, exposée au Musée des Beaux-Arts de Lyon. L’action de "désobéissance civile" avait été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, notamment ceux du groupe auquel appartiennent les deux militantes. Les deux activistes entendaient revendiquer la création d'une "sécurité sociale de l'alimentation".

La cible des militantes avait été choisie avec soin : la toile était protégée par une vitre et n’a donc pas été dégradée par le jet de soupe. "C'est un tableau qui est vitré. Notre but n'était vraiment pas de dégrader l'art", a justifié Ilona en mai dernier. Si la toile n'a pas subi de dommages, il n'en va pas de même du cadre.

Discorde municipale

Si le maire de Lyon a "regretté" l'action des deux militantes, il a toutefois évoqué "une angoisse légitime" face aux problèmes environnementaux. Un geste qui "n'a pas été condamné" par le maire, au grand dam de l'opposition municipale. Mais cette action militante avait cependant divisé la majorité municipale. Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture du maire de Lyon à l'époque, avait publiquement et fermement condamné le geste des deux militantes. 

Relaxées

Les deux étudiantes lanceuses de soupe ont été jugées pour "dégradation de bien culturel" le 21 mai dernier devant le tribunal correctionnel de Lyon. À l'audience, le procureur avait requis deux mois de prison avec sursis contre les deux jeunes activistes. Le magistrat avait évoqué "une action immature, inconsidérée qui avait dégradé l'accès à l'art pour tous". La Ville de Lyon, partie civile dans le procès, avait demandé un euro symbolique aux deux jeunes femmes. 

Face à la cour, les activistes avaient plaidé "l'état de nécessité", c'est-à-dire une action menée face à un danger imminent, après avoir épuisé tous les moyens légaux pour alerter sur le changement climatique. "On est face à deux jeunes filles qui ont des convictions et qui ont trouvé un moyen de les exprimer, un moyen non violent. On est dans le critère de l'état de nécessité," a estimé leur avocate Me Laurène Griotier.

La décision de justice a été mise en délibéré au 18 juin. La justice a entendu leurs arguments : les deux jeunes militantes ont été relaxées en première instance.

Appel du parquet

Mais le parquet a fait appel de cette relaxe. La décision qui n'a pas manqué de faire réagir le collectif "Riposte alimentaire". Dans un communiqué, ce dernier a dénoncé une décision politique. "Pour le ministère public, la priorité est de s'en prendre aux lanceurs d'alerte plutôt qu'aux fossoyeurs de nos conditions d'existence, qui eux, continuent d'échapper à toute sanction", a-t-il indiqué. "En pleine COP 29 (...), ces procès auront un goût de cendres", avait annoncé le texte.

Ce mardi 19 novembre, les deux militantes écologistes devront se présenter une nouvelle fois devant la justice pour plaider leur cause. 

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