Procès de deux activistes écologistes à Lyon : "asperger un tableau, c'est tout ce qu'il me reste pour faire entendre ma voix"

Deux militantes écologistes qui avaient jeté de la soupe sur une toile vitrée de Monet au musée des beaux-arts de Lyon, sont jugées pour "dégradation de biens culturels". Elles expliquent leur geste par la nécessité de se faire entendre face à l'urgence de la crise climatique.

Le 10 février 2023, deux militantes de Riposte alimentaire avaient aspergé le tableau de Claude Monet, Le Printemps, et diffusé leur action sur une vidéo diffusée par le mouvement écologiste. Elles sont jugées ce 21 mai devant le tribunal correctionnel de Lyon, et le procureur de la république a requis deux mois de prison avec sursis.

"Il y a toujours un risque juridiquement" reconnaît Ilona, qui se défend de toute volonté de dégradation.

"On a visé un tableau connu, mais surtout vitré car notre but n'est pas de dégrader l'art. Dans 10 ans, on veut pouvoir penser à l'art, on n'a pas envie de ne s'inquiéter que de ce qu'on va manger demain."

Le musée des Beaux-Arts de Lyon avait dénoncé un acte de vandalisme et porté plainte. Des dégâts ont été constatés sur le cadre, mais pas sur la toile qui était "vitrée", selon le musée. Pour le parquet, cette manière d'agir est "égoïste, aveugle et immature, car l'accès du public à une œuvre artistique a été restreint pendant plusieurs jours". Il a requis deux mois de prison avec sursis. La défense plaide la liberté d'expression et l'état de nécessité face au danger de la crise climatique.

"On est face à une urgence, car les marches pour le climat, les manifestations, ça ne marche pas. C'est frustrant d'en arriver là pour essayer de se faire entendre" explique Sophie.

"C'est une crise qui remet en question tous nos rêves et ça n'est pas possible de laisser cela se produire quand l'État est jugé pour inaction devant ses propres tribunaux", poursuit Illona. "Pour moi, la désobéissance civile, c'est tout ce qu'il me reste pour faire entendre ma voix. À travers ça, je veux que notre message soit entendu, c'est-à-dire la nécessité de mettre en place une sécurité alimentaire, de l'alimentation durable". 

Cette association écologiste avait déjà revendiqué une action similaire contre la Joconde au musée du Louvre à Paris. Depuis l'automne 2022, en Europe principalement, des militants de la cause environnementale ont multiplié les actions visant des œuvres d'art pour alerter l'opinion publique sur le réchauffement climatique.

Ils ont par exemple collé leurs mains sur une peinture de Goya à Madrid, projeté de la soupe à la tomate sur les "Tournesols" de Van Gogh à Londres et étalé de la purée de pommes de terre sur un chef-d'œuvre de Claude Monet à Potsdam, près de Berlin.

Sur son site internet l'organisation recense 35 procès et 15 audiences en appel dans le cadre d'opérations de "désobéissance civile" et affirme : "ces procès sont décisifs, car ils posent une question dont la réponse engage tous les citoyens de ce pays : laisserons-nous criminaliser la défense des conditions d’habilitation de notre planète ?". 

Dans deux cas, les militants ont été relaxés. 

Quelles sont les revendications du mouvement ? 

  • 150 euros par mois et par personne pour acheter des produits alimentaires conventionnés
  • Des produits conventionnés par des assemblées locales citoyennes et démocratiques formées sur les enjeux agricoles et écologiques
  • Un système de cotisation garantissant une répartition juste et solidaire, comme pour la Sécurité sociale
  • Alimentation saine et juste avec un accès à une alimentation saine qui rémunère dignement les paysannes et paysans

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