Depuis 2021, Maylis Daubon est soupçonnée d'avoir mortellement empoisonné sa fille Enea à l'aide de médicaments. Incarcérée, elle vient d'être une nouvelle fois mise en examen après que sa deuxième fille Luan, a présenté, elle aussi, des traces d'intoxication.
La mère d'Enea a-t-elle commencé à empoisonner sa fille cadette après le décès de son ainée ? C'est en tout cas ce que pense la défense du père des jeunes filles.
La concordance des dates fait froid dans le dos. En novembre 2019, Enea, 18 ans, meurt à l'hôpital de Dax, après six jours d'hospitalisation. La jeune fille a succombé à une surdose de médicaments, notamment des molécules de propanolol, des bêta bloquants.
Un peu plus de deux ans plus tard, la mère d'Enea, Maylis Daubon est mise en examen et placée en détention provisoire : elle est soupçonnée d'être à l'origine de cet empoisonnement. Désormais, la justice s'intéresse au sort de la sœur cadette d'Enea, Luan. Des analyses toxicologiques ont également révélé chez elle une très forte consommation de médicaments, et ce, pendant un laps de temps précis : entre le décès d'Enea et l'incarcération de sa mère.
C'est comme s'il y avait eu une prise de relais entre Enea et Luan.
Me Thibault Laforcade, avocat du père d'Eneaà rédaction web France 3 Aquitaine
Münchhausen par procuration
Le père d'Enea nous avait accordé une interview en juillet 2022, rappelant qu'il n'avait eu de cesse de dénoncer le comportement de son ex femme - décrite comme mythomane et manipulatrice - et d'alerter sur le sort de ses filles. Pas moins de sept molécules, ainsi que du propanol, déjà responsable de la mort d'Enea, ont été retrouvés dans les cheveux de Luan. Des médicaments qui ne lui ont jamais été prescrits, et qu'elle affirme n'avoir jamais pris.
L'avocat dénonce, lui aussi, l'emprise qu'exerce encore Maylis Daubon sur ses enfants et évoque le syndrome de Münchhausen par procuration, un trouble extrêmement rare qui voit un parent simuler la maladie chez un de ses enfants et le fait soigner en conséquence. " Maylis Daubon a exercé une véritable soumission chimique sur ses filles", souligne Me Laforcade.
Une mère "superprotectrice"
Me Gérard Langlade, qui défend Maylis Daubon, ne nie pas la surmédicalisation des deux jeunes filles. Mais réfute toute intention de nuire. "C'est une mère elle-même grande consommatrice de médicaments, qui est aimante, superprotectrice. Mais elle a toujours fait ça pour leur bien", assure-t-il.
On ne voit nulle part une intention de porter atteinte à l'intégrité physique de ses filles.
Me Gérard Danglade, avocat de Maylis Daubonà rédaction web France 3 Aquitaine
Selon Me Langlade, sa cliente est au plus mal, "moralement", comme "physiquement". "Quoi qu'il arrive, elle ne s'en remettra pas", estime-t-il.
L'instruction est toujours en cours. Le frère du petit ami d'Enea est, lui aussi, mis en examen dans le dossier. Maylis Daubon encourt jusqu'à trente années de réclusion criminelle.