Mercredi 23 octobre, alors qu'il se promenait sur la plage de Contis, dans les Landes, Mathieu Deneyrolles a fait la rencontre d'un bébé dauphin, qu'il a remis à l'eau après plusieurs tentatives. Un sauvetage réussi, mais qui aurait pu mal tourner pour l'animal, comme pour le sauveteur.
Mathieu Deyneyrolles, aujourd'hui âgé de 45 ans, se souvient des plages des Landes comme de son lieu de vacances habituel à cette période de l'année. En revanche, c'est la première fois en quarante ans, qu'il tombe nez à nez avec un dauphin sur ces plages.
"J'ai cru qu'il s'agissait d'un requin"
" On se promenait avec mon amie Caroline et notre chienne quand nous avons été alertés par celle-ci. Elle nous montrait au loin une mouette, devant une masse échouée sur la plage. Dans un premier temps, j'ai cru qu'il s'agissait d'un requin, puis plus j'ai avancé, plus j'ai vu qu'il s'agissait d'un dauphin," confie le promeneur.
Avant de rajouter : " Je ne suis pas un spécialiste de la faune marine. L'animal a été qualifié de bébé par les médias, mais il faisait entre 1m20 et 1m30, ce qui, pour moi qui fais 1m 86, est déjà énorme à transporter. Au début, on ne savait pas s'il était en vie. Mon amie s'est approchée et là, le dauphin s'est mis à pousser des cris, comme s'il pleurait pour appeler sa mère".
J'ai agi sans trop réfléchir, je me suis dit qu'il fallait le mettre à l'eau.
Mathieu DeyneyrollesVacancier
Une remise à l'eau difficile
Le vacancier prend alors son courage à deux mains. Il saisit l'animal par la queue pour le faire glisser sur le sable, jusqu'à l'eau, et essaie, à deux reprises, de le mettre dans les vagues directions son habitat naturel... En vain. Le delphineau s'échoue de nouveau sur la plage à deux reprises.
" J'étais déjà bien trempé, j’étais resté habillé pendant tout le début de la manœuvre, j'ai porté l'animal comme un bébé et j'ai avancé beaucoup plus loin dans l'eau jusqu’à être immergé au-dessus de la ceinture. Et là, il est bien parti dans le bon sens. La seule chose que j'espère, c'est qu'il a retrouvé sa mère. Jeudi matin, nous sommes venus pour vérifier qu'il ne s'était pas échoué à nouveau avec mon amie et nous avons été soulagés de constater que non", conclut Mathieu Deyneyrolles.
Au départ, le Tarbais n'avait envoyé les photos de cette rencontre incongrue, puis de son sauvetage, qu'à son père, qui lui a décidé de contacter les médias, pour informer sur les risques d'échouages et ce qu'il fallait faire. Car, en effet, il y a des choses auxquelles on ne réfléchit pas nécessairement dans cette situation, mais qu'il est impératif de prendre en compte, si vous vous retrouvez face à ce type de situation.
"Pas la meilleure des façons de procéder"
Pascal Ducasse, membre de l'association Pélagis comprend pourquoi Mathieu Deyneyrolles a réagi de cette façon : " On ne peut pas en vouloir à ce monsieur d'avoir remis à l'eau l'animal. Je pense que toute personne normalement constituée aurait réagi de la même façon que lui. Mais ça n'est pas toujours possible, et ce n'était pas forcément la meilleure des façons de procéder."
Le spécialiste de la faune marine explique, que cette fois-ci, la démarche de s'en charger sans professionnel qualifié, était facilitée par leur jeune âge de l'animal : " Si je ne me trompe pas d'après mes premières observations, c'est un dauphin commun, qui adulte fait entre 2m et 2m50.
Là il s'agit donc d'un bébé, voire d'un petit adolescent, qui a pu être désorienté par le courant et s'est retrouvé ainsi échoué sur la plage. Ou alors c'est animal blessé ou malade et sans mère, qui ne vivra de toute façon pas longtemps après sa remise à l'eau, sans soin de la part de celle-ci. Mais espérons qu'il ait juste perdu son chemin et retrouvé sa famille."
Avant d'ajouter : "Je ne sais pas comment s'est déroulé le sauvetage du delphineau. Mais si le sauveteur ou sa compagne ont respiré des effluves expulsés par l'évent de l'animal, soit le petit trou au-dessus de sa tête par lequel il respire, ils doivent consulter d'urgence."
Il faut que le sauveteur et sa compagne soient tous les deux testés concernant la brucellose.
Pascal DucasseAssociation Pelagis
La brucellose est une maladie dont le temps d'incubation va de cinq jours à cinq mois et dont les symptômes principaux sont une forte fièvre en continu, une extrême fatigue, des douleurs musculaires importantes types courbatures.
"Il faut prendre soin de soi, autant que de l'animal que l'on souhaite sauver. Il est d'ailleurs préférable, de ne pas tirer un dauphin comme celui-ci par la queue, au risque d'abîmer sa colonne et ses nageoires. Mais ça, peu de monde le sait à part un professionnel, donc nous n'en voulons absolument pas à la personne qui a pris en charge ce bébé dauphin" , précise le membre de l’association Pelagis.
Quels sont les bons réflexes ?
Si vous vous retrouvez face à un animal échoué sur la plage, peu importe sa taille, il est important de suivre plusieurs recommandations.
Tout d'abord, il ne faut pas toucher l'animal. Ensuite, il est conseillé d'appeler l'association Pélagis au : 05 46 44 99 10, pour être mis en relation avec des professionnels, qui pourront dicter une marche à suivre et/ou envoyer des membres de leur association sur place.
Si l'association ne peut pas agir tout de suite ou si elle ne répond pas, il est conseillé par ses membres d'appeler les pompiers ou les autorités locales. Il faut également ne pas s'approcher, de l'animal échoué surtout s'il semble en furie ou est trop gros pour être transporté seul.
Et si d'aventure votre premier réflexe était de le remettre à l'eau, il faudrait réaliser des tests, auprès d'un professionnel de santé, après le sauvetage, pour vérifier que la faune sauvage marine ne vous a pas transmis une quelconque bactérie.