Et si vous aidiez les scientifiques à étudier le littoral, en prenant une simple photo avec votre téléphone ? C'est l'idée l'application Coastsnap, une initiative lancée sur la côte aquitaine pour mieux comprendre son évolution face aux phénomènes d'érosion.
La démarche est simple. Elle permet de joindre l'utile à l'agréable.
Lors d'une promenade sur le littoral, si vous passez à côté d'une station, il suffit de placer son téléphone dans le support métallique, de prendre une photo et de l'envoyer, sans transformation ni filtre.
Votre cliché va alors enrichir une banque d'images prises d'un même point de vue et analysées par des algorithmes capables de suivre l'évolution du littoral comme l'explique Thomas Bulteau, Ingénieur risques côtiers.
"On a des algorithmes d'images qui nous permettent d'identifier différents descripteurs d'images environnementaux comme le trait de côte ou le pied de dune, par exemple, et donc de caractériser les évolutions de ces descripteurs au cours du temps. Ca va nous permettre de mettre des chiffres sur ces évolutions que l'on peut visualiser sur les photos."
Trois bornes ont été installées le long du littoral aquitain. L'une, en Gironde, sur le belvédère de la plage centrale à Lacanau-Océan, une autre à Capbreton dans les Landes, à côté de l’héliport sur la dune dominant la plage, la dernière à Saint-Jean-de-Luz au Pays basque, en sommet de falaise, au niveau du parking à côté du sentier du littoral.
Ce projet régional de science participative est rattaché à l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine et implique également l'Office National des Forêts et le BRGM. Il vise d'abord à améliorer la connaissance du littoral et fournit un outil participatif précieux qui complète les relevés de l'ONF (Office national des forêts) que Arnaud Bassibey, technicien forestier effectue régulièrement :
"Nous, on venait une fois par semaine avec des relevés techniques GPS photos précises des falaises ou des entailles alors que là, ça va être une photo généralisée de la zone. On va gagner des infos supplémentaires, et ça va appuyer les relevés qu'on fera sur les zones précises".
"Le littoral de Nouvelle-Aquitaine est un territoire d’exception, attractif, préservé mais également mobile et fragile" rappelle CoastSnap sur son site. Sous l'assaut des tempêtes mais aussi en périodes plus calmes, les phénomènes d’érosion côtière et de submersion marine modifient la côte de notre région parfois très rapidement, mettant en péril certains enjeux et activités humaines. A Capbreton, la côte s'érode de 3 mètres par an, à Lacanau de 1 à 2 mètres à Saint-Jean-de-Luz de 0,15 mètres. Ce projet permet presque d'observer ces phénomènes en direct détaille Thomas Bulteau :
"On va multiplier nos yeux sur le littoral. Grâce à un dispositif participatif de ce type, on va avoir accès à un flux d'informations de façon quasi continue, journalière sur l'état de la plage, à distance, sans être obligé de se déplacer, et donc de caractériser l'impact d'une tempête, comment le sable revient après une tempête, l'évolution du niveau de plage ces évolutions saisonnières. Ca va nous permettre d'améliorer notre compréhension du site.
L'observation est essentielle. Mais le projet veut aussi sensibiliser le public. Des panneaux d'information et de sensibilisation sont installés alentours pour alerter les promeneurs sur la fragilité et les risques pesant sur le site et les inciter à aider les scientifiques en devenant un observateur citoyen.
Lancé par l'Australie en 2017, cet outil est aujourd'hui déployé dans de nombreux pays européens ou d'Amérique. En Nouvelle-Aquitaine, il est financé par des fonds européens.