Le procureur de la République de Mont-de-Marsan a donné une conférence de presse après l'interpellation et à la mise en examen de la mère d'Enea pour empoisonnement. L'enquête révèle des faits troublants.
La jeune fille ne savait pas, à priori, qu'elle avait ingéré des bêtabloquants. Une dose mortelle. L'équivalent d'une tablette entière révèle l'autopsie d'après le Procureur.
Overdose de bêtabloquants
"Ce sont de petits cachets que l'on peut écraser, qui se diluent et qui n'ont aucun goût" explique Olivier Janson, le procureur de la République de Mont-de-Marsan. "Rien ne justifiait l'administration de ces médicaments. Enea ne souffrait d'aucune pathologie".
Les bêtabloquants permettent de réguler le rythme cardiaque. En cas de surdosage, ils peuvent provoquer un arrêt du coeur.
La mère d'Enea, mise en examen jeudi pour empoisonnement et placée en détention provisoire, avait consulté des sites internet à ce sujet, peu avant le malaise de sa fille.
Enea est décédée le 19 novembre 2019. Soit six jours après l'intervention des pompiers.
Nombreuses incohérences et personnalité troublante
Une enquête en recherche des causes de la mort avait alors été ouverte, car rien ne pouvait laisser penser à un suicide. Deux inspecteurs du commissariat de Dax, épaulés par la PJ de Bayonne, ont entendu près de 80 personnes pendant 2 ans.
"Le travail des enquêteurs a été considérable dans cette affaire" souligne le Procureur.
Les témoignages ont pointé de nombreuses incohérences concernant les affirmations de la mère "qu'il s'agisse des circonstances du décès, de ce qu'il s'est passé le jour du malaise, de la chronologie, l'emploi du temps, de la présence des uns et des autres".
"Par ailleurs, elle a tenu dans le passé un discours mensonger sur l'état de santé de sa fille, présentée comme étant gravement malade". La jeune fille a ainsi dû consulter pas moins de 32 médecins en deux ans. Elle était par ailleurs déscolarisée.
Selon de très nombreux témoins, la mère avait également l'habitude de mentir à propos des postes qu'elle occupait. "Elle présente une personnalité qui se caractérise par une forme de mythomanie" indique le procureur qui attend que des expertises psychologiques soient réalisées.
Une emprise sur ses filles et sur deux jeunes hommes
Cette femme, qui nie les faits qui lui sont reprochés, avait un lien fusionnel avec ses filles. "Certains évoqueront plutôt une emprise" reconnaît Olivier Janson.
Elle était aussi très proche de deux garçons, deux amis de ses filles. L'un était le petit copain d'Enea, l'autre, son frère âgé de 19 ans au moment des faits. Tous les cinq vivaient ensemble.
Le frère, 21 ans aujourd'hui, est la deuxième personne poursuiviedans cette sordide affaire.
Lui aussi a été mis en examen pour empoisonnement mais laissé libre, sous contrôle judiciaire à l'issue de sa garde à vue. "Il est possible qu'il ait participé à l'empoisonnement" explique le procureur, "il y a des choses qu'il n'a pas pu justifier quant à son emploi du temps et son comportement".
Soupçons de surdosage aussi pour la soeur
Après le décès d'Enea, sa soeur, plus jeune de deux ans, a également été déscolarisée. Elle aurait aussi ingéré des médicaments en dehors de toute prescription médicale.
Comme Enea, elle n'avait plus de contact avec son père. "La séparation avec la mère avait été très conflictuelle. Elles refusaient le moindre rapport avec lui".
Le père des filles avait alerté à plusieurs reprise les services sociaux et judiciaires sur l'instabilité psychologique de son ex-compagne.
Quant à l'avocat de la mère, Me Gérard Danglade, il demande la remise en liberté de sa cliente. Il a fait appel de la détention provisoire.