Les conséquences économiques et sociales de l'épizootie de grippe aviaire se font ressentir chez des centaines d'acteurs de la filière, bien au-delà des éleveurs, déjà eux-mêmes durement touchés.
Chaque jour, les chauffeurs du groupe Moutet sud ouest et Trémont montent au volant de leur camion, pour transporter des palmipèdes. Des trajets entre les exploitations jusqu'aux salles d'engraissement, jusqu'aux abattoirs…
Mais depuis quelques temps, ces acteurs spécialistes de la filière gras se retrouvent avec une autre mission : la quasi-totalité de la flotte de l'entreprise a été réquisitionnée par les services de l'Etat dans le cadre du dépeuplement du département des Landes.
Réquisitionnés pour participer au dépeuplement
Une décision prise avec un objectif : endiguer la propagation de la grippe aviaire qui sévit dans le département des Landes. "A l'heure actuelle, il ne nous reste qu'un seul site hors zone de contamination, indique Yves Ladoussse, dirigeant régional du groupe.
Pour cet acteur de la filière gras, qui a déjà connu les crises de 2016 et 2017, ce nouvel épisode est un coup dur.
On pensait qu'avec l'ensemble de la filière, après ces crises, on savait désormais canaliser les choses.Mais on s'aperçoit que malgré tous les investissements, le retour de ce virus reste très difficile à maîtriser. Ça été encore une grande claque de se voir impuissant face à ce problème.
Chômage partiel en vue
Le directeur connait désormais le scénario des semaines à venir. "Notre activité va s'éteindre peu à peu. A force de dépeupler les campagnes, il n'y a plus d'animaux en place. Notre activité qui est très spécifique dans ce genre de manipulation va s'arrêter.
Nous allons avoir recours au chômage partiel et attendre petit à petit que les campagnes soient assainies avant de reprendre progressivement l'activité".
En attente des aides de l'Etat
A la tête de la maison Lafitte, spécialiste en foie gras Label Rouge, Fabien Chevalier a vu lui aussi ses abattoirs réquisitionnés par l'Etat. La nouvelle épizootie constitue un événement "traumatisant" pour ses 200 salariés, reconnaît le chef d'entreprise, qui fait vivre quelques 80 producteurs avec son activité.
"On a des salariés qui détruisent leur travail de plusieurs mois. Ils le savent très bien et l'ont déjà vécu…", déplore-t-il.
On va assumer maintenant. Sur le volet sanitaire, le volet social, puis ensuite nous devrons assumer économiquement. Sans l'aide de l'Etat, en 2007, nous aurions pu y rester. On va avoir besoin qu'on nous aide à passer cette période très compliquée.
La filière gras, qui fait vivre 7 300 personnes dans le département des Landes attend désormais la fin de la crise afin de pouvoir faire ses comptes.
La crise de la filière : Reportage de France 3 Aquitaine