L'épidémie d'influenza aviaire est hors de contrôle dans les Landes notamment. Alors comment s'en sortir ? La filière canard est à nouveau fragilisée comme lors des précédentes épizooties depuis cinq ans. Émission spéciale sur France 3 Aquitaine samedi 15 janvier à 10h15.
Il déjoue les cordons sanitaires. Son nom : H5N8. Guylène Bernadet, éleveuse à Sort en Chalosse, n'a jamais vu ça. Elle n'a pas connu les précédentes crises de 2016 et 2017. Le 3 janvier, le couperet est tombé, il fallait tout abattre. Dépeuplement, c'est le terme consacré par les autorités.
On a vécu pendant 10 jours au milieu de cadavres ( .. ) on les stockait dans des big bags, ce sont des grands sacs devant bâtiment, on avait l'odeur de la mort, de la putréfaction et la vision des animaux agonisants.
"La gestion de la crise a été beaucoup trop lente. Quinze jours pour dépeupler, on a laissé le virus s'installer, se propager. On n'a pas tiré les enseignements des précédentes crises." confie l'éleveuse. A Sort en Chalosse, petite commune de 400 habitants, il y a 15 éleveurs mais plus aucun volatile.
Contagiosité et mortalité jamais vues
Dès les premiers cas de canards contaminés connus dans un élevage des Landes début décembre, les professionnels de la filière ont serré les poings. Revoilà ce virus H5N8 qui a fait tant de mal à la filière canard et à plusieurs reprises depuis 5 ans dans les Landes notamment, là où se concentre l'élevage de palmipèdes dans le Sud-Ouest.
Le canard est particulièrement sensible à ce virus, plus que toute autre volaille. Et cette fois, le virus surprend par sa contagiosité. Il circule à très grande vitesse et s'immisce dans les élevages bien plus que lors des précédentes épizooties. 264 foyers ont été ecensés dans ces territoires le jeudi 14 janvier à la mi-journée.
À la date du jeudi 14 janvier toujours, près de 1,116 million volailles,essentiellement des canards, ont été abattues sur ordre de l’administration suite à la détection de foyers ou de manière préventive. La consigne ministérielle a été établie vendredi 8 janvier, alors que les éleveurs landais se désespéraient de voir venir la réaction des autorités.
"Les élevages de volailles doivent être dépeuplés rapidement dans un rayon de 5 km, et les mouvements interdits dans un rayon de 20 km. Le ministre a également insisté sur l’impérieuse nécessité de garantir la biosécurité dans les élevages", voilà pour les mesures. Des abattoirs ont été réquisitionnés pour tenir le rythme de cet abattage massif.
L'heure du débat
Restent les questions : pourquoi si tard ?
"On a manqué de moyens logistiques, il faudrait être partout en même temps" remarque Marie-Piée du Cifog, Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras. "On est totalement dépassés, c'est une mortalité jamais vue" concède Serge Mora, Président du syndicat agricole MODEF des Landes. Tandis que le représentant du syndicat basque ELB Patrick Dagoret dénonce les pratiques d'élevage qui se sont développées, ces transports d'animaux d'un territoire à l'autre "On est atterré" dira-t-il. "Tous les modèles sont touchés, petits ou grands." déplore Bernard Layre, le président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
Les professionnels sont-ils d'accord sur la solution radicale pour endiguer l'épizootie ? Si tout le monde s'accorde sur l'ampleur de cette crise inédite par la forme et la rapidité, les invités n'ont pas tous les mêmes remèdes. Contestation de modèles de production, tout abattre ou pas en tant de crises. Le ministre de l'Agriculture défend ses équipes et répète combien le virus a surpris par sa rapidité de propagation.
Il nous faut éteindre l'incendie et accompagner les éleveurs.
Alors faudra-t-il faire avec ce type de virus pour les années à venir ? Oui si l'on en croit le Professeur Jean-Luc Guérin, professeur de l'école nationale vétérinaire de Toulouse et spécialiste de l'influenza aviaire. "La façade atlantique sera régulièrement touchée, pas forcément tous les ans, mais régulièrement par un nouveau type de virus, qui n'a malheureusement rien à voir avec les élevages industriels ".
France 3 Aquitaine fait débattre les protagonistes pour vous éclairer sur cette crise.
Diffusion samedi 16 Janvier à 10h15
Sandrine Papin accueille ces professionnels de l'élevage des palmipèdes, de la filière et le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie qui prend part au débat.
- François Lesparre, Président de la FDSEA 40
- Serge Mora, Président du MODEF des Landes
- Jean-Luc Guérin, Professeur à l’école nationale vétérinaire de Toulouse
- Marie Pierre Pé, Directrice du CIFOG Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras
- Guylène, Pascal et Julien Bernadet, éleveurs en Chalosse
- Bernard Layre, Président de la Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques
- Patrick Dagoret du syndicat basque ELB
?Grippe aviaire ?: 1 émission spéciale avec le ministre #agriculture @J_Denormandie, représentants de la filière & duplex
— France 3 NoA (@France3NoA) January 15, 2021
➡️Ce soir 18.05 sur .3 NoA & samedi 10.15 @F3Aquitaine @FDSEA40 @OFFICIEL_CIFOG #Landes #NouvelleAquitaine @Chambagri24 #ELB @CCI40 @CCINleAquitaine pic.twitter.com/3x1BpStAfO