Grippe aviaire : trop de canards et trop de dérogations pour les laisser dehors

Les autorités sanitaires, dans leurs premiers "retours d'expérience" sur l'épisode de grippe aviaire de l'hiver dernier dans le Sud-Ouest, pointent du doigt la densité trop importante de canards et le fait qu'ils n'aient pas été confinés comme la consigne avait été donnée.

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C'est un rapport qui est attendu dans les Landes et les territoires producteurs de canards après la grave crise de la grippe aviaire l'hiver dernier.  "Si des progrès ont été réalisés dans la filière palmipèdes depuis [la précédente crise de] 2016-2017, le bilan de près de 475 foyers en 2020-2021 dans le Sud-Ouest montre la grande vulnérabilité de cette zone d'élevage face à des dangers sanitaires très contagieux comme l'influenza aviaire", communément appelée grippe aviaire, selon l'avis de l'agence sanitaire Anses publié fin mai.

3,5 millions de volailles abattues 

Le virus H5N8, présent parmi les oiseaux migrateurs, s'est répandu comme une traînée de poudre à partir de décembre 2020 dans les exploitations de cette région réputée pour la production de foie gras. Plus de 3,5 millions de volailles, principalement des canards, ont été abattus, souvent de manière préventive.
On a dans un premier temps évoqué les pistes d'oiseaux sauvages qui auraient pu propager la maladie. Les données montrent qu'"il y a eu peu d'introductions" du virus à partir de la faune sauvage "et beaucoup de diffusion inter-élevages, la densité des élevages et la présence des oiseaux en plein air ayant joué un rôle majeur dans l'épizootie",
écrivent les experts de l'Anses. C'était d'ailleurs la consigne qui avait été donnée : de confiner les volailles.

300 demandes de dérogation

Dans une région où beaucoup d'éleveurs "sont hostiles à la claustration des oiseaux", les canards ont souvent été laissés dehors sur la base d'une dérogation pour les exploitations de moins de 3.200 palmipèdes.
"Dans les Landes, plus de 300 dérogations ont été demandées (environ 200 accordées), notamment pour des canards PAG (prêts à gaver), sans compter les élevages qui n'avaient pas sollicité de dérogation, tout en maintenant leurs
oiseaux en plein air
", est-il relevé. Le document cite l'exemple de Sort-en-Chalosse, qui "comptait 15 élevages, dont les trois quarts avaient demandé des dérogations, conduisant à 25.000 canards PAG en plein air, en période à risque élevé, sur une seule et même commune..."

Les experts préconisent de supprimer cette dérogation sauf cas particuliers à déterminer. A charge pour les éleveurs de mettre leurs oiseaux à l'abri le moment venu, sans quoi il faudrait se séparer des animaux en trop.  

Hygiène et formation

  • Du côté des mesures de précautions sanitaires, les flux de personnes et de matériel entre les élevages ont généré d'autres "manquements à la biosécurité". La formation d'intervenants extérieurs comme les ramasseurs (qui extraient les volatiles des élevages) et les vaccinateurs est jugée insuffisante, d'autant que ce personnel "n'est pas toujours francophone".
  • Par ailleurs, certains chauffeurs transportant les animaux morts ont pu "sortir d'un foyer sans désinfection des roues et bas de caisse, avec dans certains cas des bennes non étanches présentant un écoulement".

Du gavage non-déclaré

Le document relève l'existence "de nombreux mouvements de PAG non déclarés, depuis les élevages vers des particuliers, gavant chez eux quelques dizaines de canards pour leur propre consommation ou pour des connaissances dans de petites salles de gavage très souvent non déclarées".
 Aussi, d'après le document relayé par l'Agence France Presse : "les auditions ont également permis de suspecter l'existence de déplacements d'animaux visant à soustraire une partie de la production des mesures imposées en période de crise sanitaire".

Visioconférence avec le ministre ce jeudi

Marie-Hélène Cazaubon, présidente de la Chambre d'agriculture des Landes, ne souhaite pas réagir tout de suite à ces informations. La "version officielle n'est pas encore signée et nous avons une visioconférence demain avec le ministre", Julien Denormandie.

Pour autant, certaines choses étaient déjà connues des éleveurs et des représentants : "on ne va pas découvrir des choses mais nous avons besoin de mettre en avant certains points de vigilance". La présidente participe justement ce mercredi à un groupe de travail en ce sens avec l'APCA (asso Permanente des chambres d'agriculture). En l'occurrence, ce sont essentiellement celles du Sud-Ouest, Landes, Pyrénées-Atlantiques et Gers qui sont les plus concernées.

Car au-delà de règlement et de préconisations sanitaires qui semblent nécessaires pour ne pas reproduire l'échec de l'hiver dernier, c'est toute une filière et ses professionnels qu'il s'agit de convaincre mais aussi d'écouter et de rassurer.
   

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