Depuis le 1ᵉʳ octobre, la préfecture des Landes (40) autorise par arrêté une expérimentation scientifique des chasses traditionnelles aux alouettes, à la pante et à la matole, deux pratiques pourtant interdites. La Ligue pour la protection des oiseaux s'insurge et a déposé lundi 23 octobre un recours auprès du tribunal administratif de Pau.
La chasse à l'alouette est un sujet qui fâche dans les Landes. Avec l'autorisation d'expérimenter la chasse aux pantes (filets), la polémique enfle à nouveau.
Expérimentation discrète
Depuis leur poste de chasse, deux chasseurs guettent les vols d'alouettes. Ici, ils pratiquent la capture avec des filets appelés pantes. Un appelant est utilisé pour attirer les oiseaux en migration au mois d'octobre." Lors d'un passage d'alouette, depuis la cabane, on fait voler l’oiseau appelant qui attire les autres", explique Philippe Dangoumau, chasseur d'alouettes.
Le ministère de l'Écologie autorise quatre postes de chasse à expérimenter la chasse aux filets. L'objectif des chasseurs est de démontrer que cette chasse traditionnelle est bien sélective.
Quand l'oiseau est pris, il est vivant. Quand c'est une autre espèce qui est capturée, elle est instantanément relâchée.
Philippe Dangoumau, chasseur d'alouettesà France 3 Aquitaine
Alors que la chasse au fusil est actuellement suspendue par le Conseil d'État, cette expérimentation est volontairement menée dans la discrétion. "On veut éviter que nos détracteurs puissent intervenir. On préfère mener cette expérimentation tranquille, et on donnera les résultats le moment venu", justifie le chasseur.
Les chasseurs sont autorisés à capturer 2 000 alouettes des champs avec des pantes et 500 alouettes à l'aide de matoles (cages). Ces dernières doivent être relâchées, après avoir été contrôlées par des agents de l’Office français de la biodiversité.
Recours de la LPO
Cette étude provoque la colère des associations de défense de la nature, qui redoutent que ces pratiques de chasse soient à nouveau autorisées. La Ligue de protection des Oiseaux vient de déposer un recours devant le tribunal administratif de Pau. "La commission européenne est extrêmement claire : elle n'autorisera les prélèvements par piégeage que s'il n'y a pas d'autres méthodes de capture des oiseaux en question. Or les alouettes, on peut les tirer au fusil, par conséquent le piégeage est interdit", explique Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de Protection des Oiseaux.
Mais les chasseurs ne doutent pas que cette expérience permettra de défendre leur tradition. Cette expérimentation doit s'achever le 20 novembre.