Alors que les abeilles viennent tout juste de se réveiller, les temps sont durs pour les apiculteurs. La filière apicole doit faire face à de nouvelles menaces et s'inquiète du recul sur le plan Ecophyto. À Bougue, dans les Landes, les apiculteurs sont assez pessimistes pour les productions de miel à venir.
En ce début mars, ils scrutent la météo, préparent leurs cadres, le matériel, en attendant de pouvoir intervenir sur les ruches. À Bougue dans les Landes, Julien Laffargue, apiculteur, et son équipe sont soulagés, ils n'ont pas constaté trop de mortalité sur leurs abeilles. Mais ils ont dû rester très vigilants. "On y est passé durant l'hiver tous les quinze jours, on a éliminé les ruches faibles à cause du frelon asiatique, le varroa ou par des reines pas forcément "compétitives", rapporte l'apiculteur.
Le bilan semble meilleur que celui de l'an dernier, l'automne et l'hiver précédents, ou ils étaient soumis à la pression du frelon asiatique, qui les a obligés à déplacer les ruches.
Une production divisée par deux
Pourtant, les sources d'inquiétudes restent nombreuses. Côté production, la filière fait face à une forte baisse ces dernières années. "On est passé, en une vingtaine d'années, de 50 kg par ruche en moyenne à 25 kilos", déplore Julien Laffargue, cogérant du Rucher de Claron. Les causes de cette baisse sont multifactorielles. La mortalité des abeilles peut se comprendre par la présence du frelon asiatique comme de celle du varroa, un acarien qui se nourrit du sang des abeilles, mais aussi par la nocivité des pesticides. "On ne sait pas de quoi l'avenir sera fait !"
Du côté de la commercialisation, la menace est aussi présente. La concurrence, notamment des pays asiatiques, fait rage. Dans les grandes surfaces, "on arrive à trouver du miel qui n'est pas du miel", peste l'apiculteur landais. Un produit surtout vendu quatre fois moins cher que la production française.
Un plan Ecophyto sur pause
Autre motif de colère : la mise en pause du plan Ecophyto. "Ce plan sort du Grenelle de l'environnement de 2007", raconte Jean-Pierre Lespiaucq, le président du syndicat l'Abeille Landaise. "Ça fait trois fois qu'on retarde l'échéance pour diviser par deux l'usage de pesticides !" C'est dire si sa profession désespère que des décisions soient enfin prises de façon à limiter la présence des intrants chimiques.
Ces apiculteurs landais comme partout en France, ont vu les ravages des pesticides. "Les butineuses qui vont chercher le pollen ou le nectar se retrouvent face à des produits chimiques sans qu'elles s'en rendent compte. On le voit : on a un tapis d'abeilles devant la ruche", constate Jean-Pierre Lespiaucq, qui déplore 30% de pertes dans ses colonies chaque année. Il voudrait que le pays s'inspire de Cuba qui n'a plus, selon lui, de chimie dans son agriculture depuis les années 1990. "Ils font le double de notre production et ne perdent pas leurs colonies", assure-t-il.