Rion-des-Landes : Aficionados et militants anti-corrida se rejettent la responsabilité des violences

Au lendemain de l'envahissement spectaculaire des arènes de Rion-des-Landes par des militants anti-corrida, qui a fait huit blessés dont un grave parmi les manifestants, ceux-ci, qui mettent aussi en cause les gendarmes, et les organisateurs devraient déposer des plaintes mutuelles.

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Une enquête judiciaire a été ouverte samedi par le procureur de Dax, après l'envahissement des arènes par les manifestants, membres d'Animaux en péril, du CRAC Europe et de la Fondation Brigitte Bardot, pour déterminer les circonstances dans lesquelles un homme a été blessé gravement.

Âgé d'une soixantaine d'années, ce militant anti-corrida a subi, dans des conditions que l'enquête va chercher à éclaircir, un fort traumatisme crânien. Transporté par hélicoptère au CHU de Bordeaux et placé dans un coma artificiel dont il est sorti dimanche matin, son pronostic vital n'est "pas engagé".

La famille d'Alain va déposer plainte contre le responsable des arènes qui a donné un coup de poing dans la nuque et des coups au sol. On a les photos, a assuré le vice-président du CRAC Europe, Jean-Pierre Garrigues.

Samedi, le porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, Christophe Marie, avait assuré que le manifestant avait été "projeté par les gendarmes". Il est revenu dimanche sur ses déclarations.

"L'agresseur n'est pas un gendarme. Des personnes sont témoins de coups portés par un aficionado local. L'agresseur a été identifié", a dit dimanche M. Marie.

M. Garrigues a néanmoins indiqué qu'il se rendait dimanche matin à la gendarmerie de Rion-des-Landes, où les gendarmes souhaitent l'entendre, et qu'à cette occasion il allait "déposer plainte contre eux".

"Il y a eu des exactions des forces de l'ordre contre les militants qui ont été agressés par les gendarmes", a-t-il dit, évoquant des côtes, bras ou jambes cassés ainsi qu'une commotion cérébrale parmi les sept autres blessés.

Brigitte Bardot, au nom de sa Fondation, a "sévèrement" condamné "la brutalité et la sauvagerie avec lesquelles les forces de l'ordre et certains aficionados ont attaqué les manifestants anti-corrida", dans un communiqué publié dimanche.

Elle a également annoncé son intention de porter plainte pour traîner en justice "ceux qui ont blessé les protecteurs des animaux. Quels qu'ils soient", gendarmes ou aficionados.

Le colonel Fabrice Spinetta, chef du groupement des Landes, avait de son côté évoqué samedi une foule de manifestants "très agressive", dont les organisateurs "ne voulaient rien écouter". Les gendarmes réfutent toute violence de leur part, leur intervention aurait même permis d'éviter une confrontation entre les différentes parties.


Permissivité ?

Pour sa part, le maire de Rion-des-Landes va lui aussi porter plainte pour "outrage et dégradation de biens sur la commune", a indiqué un adjoint, Bernard Dehez.
Également président délégué du cercle taurin rionnais, organisateur de la novillada de samedi, une corrida avec mise à mort opposant de jeunes taureaux à de jeunes toreros, M. Dehez va lui porter plainte "car il y a eu des dégradations sur les arènes, des fumigènes ont été lancés et ont mis en danger les spectateurs, et pour la nuisance occasionnée sur notre spectacle qui a occasionné des pertes financières. Et puis une plainte pour violation du ruedo car il est interdit de descendre dans les arènes".

La dernière action de ce type de militants anti-corrida remonte au 8 octobre 2011 lorsque 70 militants s'étaient enchaînés au coeur des arènes de Rodilhan (Gard).

Une autre manifestation pour protester contre la tenue depuis 2011 d'une corrida à Mimizan s'est déroulée sans violence, samedi, mais certains manifestants comptent porter plainte pour "refus de vente" de la part de deux bars-restaurants mimizanais.

L'observatoire National des Cultures Taurines a, dans un communiqué, condamné "fermement les actes de violence commis à Rion par un commando de casseurs venus de la région parisienne dans un bus mis à leur disposition par diverses associations animalistes dont la responsabilité est engagée".

Il avertit "tous les échelons décisionnaires sur les dangers d'une certaine  permissivité qui n'a pour seule conséquence que d'encourager les casseurs dans leurs actions", écrit encore son président André Viard. Permissivité qui selon lui "est à l'origine des affrontements".
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