Marc D'Angelo a perdu sa compagne et sa fille en septembre 2018 lors de l'accouchement au pôle de santé de Villeneuve-sur-lot dans le Lot-et-Garonne. Quatre mois après, il n'a pas accès aux résultats de l'autopsie. Il a porté plainte contre X. L'agence Régionale de la Santé ( ARS ) enquête.
Que s'est-il passé dans la salle d'accouchement du pôle santé de Villenevue-sur-Lot en septembre dernier ? Marc D'Angelo attend toujours les réponses. Sa compagne Sandra est décédée lors de l'accouchement, sa fille Giulla n'a pas survécu. " Un problème dû à l’accouchement et à un manque d’oxygène. Tous ses organes vitaux étaient atteints" raconte-t-il à nos confrères de la Dépêche du midi. Comprendre : les conditions liées à la naissance.
Une grossesse normale
Marc d'Angelo raconte à nos confrères : "Une grossesse qui se déroule normalement. Elle est suivie et tout va bien. Lors du mois d’août, elle commence à avoir des contractions alors que l’accouchement est programmé pour le 3 septembre. Elle va voir la sage-femme et tout rentre, ou presque, dans l’ordre. Mais elle avait toujours mal. Le 3 septembre, jour prévu pour l’accouchement, nous nous rendons au Pôle de Santé du Villeneuvois (PSV). Sur place, Sandra explique qu’elle ressent de nombreuses douleurs. La sage-femme demande alors aux médecins d’effectuer un contrôle pour savoir si tout allait bien, un contrôle qui a été refusé. Sur le monitoring, les données étaient normales ».Il faudra attendre le samedi 8 septembre pour que Sandra entre en salle d'accouchement. Le compagnon décrit une situation normale, un monitoring normal puis une grosse fatigue survient. Par la suite, péridurale, mais la fièvre grimpe même si les soignants lui administrent de quoi la faire baisser. Voici la suite de son récit, recueillie par la Dépêche du Midi : « Quand je reviens vers la salle d’accouchement, le bébé est dans les bras d’un médecin et de personnels dans une chambre d’à côté. On me dit que tout va bien. Je rentre dans la salle d’accouchement. Les sages-femmes sont à quelques mètres du lit, l’air soucieux. Je me précipite auprès de Sandra. Elle a extrêmement froid. Il y a du sang partout » (... ) « Ses lèvres sont bleues, elle ne me parle plus. Quand je me retourne vers le moniteur, je vois que son rythme cardiaque baisse fortement. Je préviens tout le monde. Elle continue à perdre du sang. Le gynécologue s’active à l’éponger et je pense immédiatement à une hémorragie interne. Les médecins s’activent alors, prodiguent un long massage cardiaque. Mais comme elle a perdu beaucoup de sang et que la transfusion n’est pas encore en place, cela ne sert à rien. Pourquoi n’y a-t-il pas des poches de sang immédiatement disponibles dans ce genre de cas. Ce n’est pas normal. Et je l’ai vu mourir dans mes bras »
" Pour moi, il y a faute professionnelle "
Le bébé est né mais immédiatement transporté à Bordeaux. Mais Giulla ne survit pas. Marc D'Angelo cherche aujourd'hui à comprendre ce qui s'est passé : " Je ne comprends toujours pas qu’une césarienne n’a pas été pratiquée immédiatement. C’est normalement la procédure en cas de complication. Pour moi, il y a une faute professionnelle".
Contactée par nos soins, L'agence Régionale d'Hospitalisation nous explique avoir participé aux investigations : 2 médecins inspecteurs se sont déplacés sur le site dès le 10 septembre, 48 heures après le décès de Sandra. Ils ont étudié les bonnes conditions d'accueil et la prise en charge de la maman et du bébé défunts.
explique Eric Morival, représentant de l'ARS à Agen. " Le plateau ( médical ) constitué, les personnels bien formés."Globalement, la situation était maîtrisée.
Il évoque les causes supposées du décès : "une embolie amniotique", soit le passage du liquide amniotique dans le sang maternel. L'embolie amniotique est pratiquement le seul accident qui ne peut être ni prévenu ni prévu. Elle est décrite par les spécialistes comme rare mais grave. Mais Eric Morival précise qu'ils n'ont pas de certitudes absolues sur les causes. " L'autopsie pourra le confirmer, nous n'en avons pas connaissance. " En revanche, il précise que la justice en aurait eu connaissance. " Notre intervention consiste à vérifier la coordination de la prise en charge et verifier si les règles ont été respectées."
L'ARS a fourni ses éléments, arrive alors la phase contradictoire. L'agence attend les réponses du directeur du pôle de santé.
" Pas de dysfonctionnement " pour l'hôpital
Comme nous l'a précisé le directeur du Centre Hospitalier, Bruno Chauvin, il est aussi en attente des résultats de l'autopsie.
Pour moi, il n'y a pas eu de dysfonctionnement. Elle est décédée d'une embolie amiotique, et par voie de conséquence, l'enfant est décédé. L'embolie a entraîné un caillot au niveau du coeur. Sachant que la patiente avait des antécédents. Sa mère ainsi que sa grand-mère ont également eu des embolies.
Bruno Chauvin témoigne aussi du traumatisme de l'équipe hospitalière après ces décès.
Quatre mois après le drame, Marc D'Angelo n'a toujours pas connaissance des résultats de l'autopsie de la maman. Il a porté plainte contre X au commissariat de Villeneuve-sur-Lot immédiatement après les faits. L'enquête est instruite au parquet d'Agen que nous avons contacté mais sans succès : " En réponse à votre demande, Madame le Procureur vous informe qu'elle ne souhaite pas communiquer en l'état sur cette affaire."
Pour le bâtonnier d'Agen, Louis Vivier peut-être Marc D'Angelo a-t-il fait ( comme il est écrit dans la Dépêche du midi ) appel à un avocat " pour déposer chez le juge d'instruction une plainte avec constitution de partie civile pour qu'une information judiciaire soit ouverte." et pour aller au-delà de l'enquête préliminaire.