Depuis des années, des recherches tentent de trouver une alternative aux pesticides dans le cadre de la culture des fraises. En Lot-et-Garonne, une expérimentation est en cours. Une petite guêpe pourrait devenir une auxiliaire précieuse pour les fraisiculteurs dans leur lutte contre les pucerons.
Le puceron ? C'est "l'ennemi numéro 1 de la fraise ", vous dit-on dans ces serres du Lot-et-Garonne. Mais il en existe plusieurs espèces. Depuis des années, des recherces ont lieu pour trouver une alternative au pesticide spécifique, le "Movento", qui préserve ces cultures fragiles.
"Utiliser des produits phytos aujourd'hui, c'est être un pollueur", déplore Sylvie de Laurier Zanuttigh, qui est productrice de fraises à Damazan. "Alors que, quand il n'y pas d'autre solution, on est bien obligés!".
Des pucerons ravageurs
"Avec un seul adulte puceron, on peut avoir plusieurs centaines de descendants. Ça peut aller très très vite !" , assure Emeline Vanespen, directrice de l'AOP Fraises et framboises de France. "C'est un insecte piqueur suceur qui va piquer la plante pour se nourrir". En piquant, il transmet également des virus à la plante et produit un miellat, un liquide très sucré, où des champignons vont se développer. On observe alors une "sorte de couverture noire qui empêche la photosynthèse et qui salit les fruits", les rendant invendables.
"Ça fait plusieurs années qu'on cherche une alternative efficace pour protéger nos cultures", assure la directrice de l'AOP qui assure que ces recherches sont très actives depuis une décennie.
L'intérêt pour la filière est clairement "de trouver des alternatives les plus efficaces possible à l'utilisation de molécules de synthèse pour la lutte contre les ravageurs de la culture". Cela ne veut pas dire que l'usage des pesticides est complètement banni. "Les producteurs font de la lutte raisonnée. Ils commencent par faire tout ce qu'ils peuvent pour que la plante soit bien et ne soit pas attaquée, ni par les insectes ni par les maladies". Elle décrit aussi la lutte biologique possible ou la pose de filets anti insectes. "Mais quand on n'a plus de solutions, il y a besoin d'un remède final".
Une mini-guêpe parasite du puceron
La solution est peut-être en vue, en prospectant du côté des insectes dits "auxiliaires" qui, par leur mode de vie ou leur prédation, débarrassent les fraises des indésirables.
Le super-héros du jour est un petit insecte, à mi-chemin entre le moucheron et la guêpe. Il pourrait venir parasiter le puceron, qui sévit dans les serres. Huit ans de recherche auront été nécessaires pour distinguer cette petite guêpe prédatrice.
Aujourd'hui l'expérimentation porte sur deux types de parasitoïdes. L'un spécialisé dans une espèce de pucerons et un autre plus "généraliste", qui s'attaque à plusieurs espèces.
Pour la première fois dans le Sud-Ouest, des parasitoïdes sont lâchés dans une serre de fraises. Des centaines d'insectes chargés de coloniser les fraisiers infestés de pucerons.
"Ce sont des hyménoptères (parasitoïdes de pucerons) qui vont pondre leurs œufs dans les pucerons", explique Emeric Poret, étudiant en génie écologique. La larve s'y développe et fait gonfler le puceron qui meurt quand la larve en sort devenue adulte.
L'expérimentation prévoit d'effectuer plusieurs lâchers au cours de la saison pour maintenir une préservation des fraises par leurs gardiennes, dévoreuses de pucerons. Nous n'en sommes qu'aux premiers tests dans quelques serres du Puch d'Agenais près de Damazan en Lot-et-Garonne.
Cette petite guêpe représente donc un véritable espoir pour l'AOP Fraises de France, en espérant que l'expérimentation sera à la hauteur des espérances des producteurs en termes de qualité et de rentabilité.
VIDEO > L'équipe de France 3 est allée découvrir le mode de fonctionnement de cet insecte salvateur.