Malgré leurs menaces, la secrétaire nationale d'EELV s'est bien rendue en Lot-et-Garonne ce mardi après-midi. Agriculteurs et chasseurs ont tenté de l'intimider tout au long de son parcours.
"Ne venez pas chez nous, ça va mal se passer", avaient prévenu certains agriculteurs du département. Ce mardi, plusieurs dizaines d'entre eux ont voulu faire savoir à la secrétaire nationale d'EELV que son "idéologie" ne trouverait pas d'écho dans le département. En dépit de ces menaces, Marine Tondelier s'est bien rendue en Lot-et-Garonne ce mercredi, en modifiant quelque peu son programme.
Dans un contexte tendu où s'opposent différentes conceptions de l'agriculture et du partage des ressources, plusieurs dizaines d'agriculteurs et chasseurs se sont rassemblés dès 10 heures devant la gare de Marmande pour lui réserver un comité d'accueil houleux, encadrés par une vingtaine de gendarmes. Le bâtiment a été fermé temporairement. Ne la voyant pas arriver, les manifestants ont ensuite pris la direction de la mairie pour y répandre du lisier, au grand regret de l'édile de la commune. "Je comprends que l’eau soit un vrai problème, d'ailleurs, on ne m'a parlé que de Sainte-Soline, explique Joël Hocquelet. Les violences que l'on a vues là-bas les ont chauffés à blanc, mais je leur ai dit que la dégradation de l’espace public n’était pas tolérable."
Villeneuve-sur-Lot était un leurre
Ayant eu vent d'un éventuel changement de programme, certains agriculteurs et chasseurs, dont le co-président de la Coordination rurale 47, José Pérez, se sont postés sur le rond-point de l'hôpital de Villeneuve-sur-Lot dès ce matin. Aux alentours de 13 heures, une partie des manifestants de Marmande les y ont rejoints... Permettant ainsi à Marine Tondelier d'arriver plus tranquillement.
Lundi 27 mars, la secrétaire nationale d'EELV indiquait qu'elle ne cèderait pas aux menaces. Promesse tenue ce mardi après-midi à Marmande, où elle participe bien à la manifestation contre la réforme des retraites, sous les huées et les insultes de certains agriculteurs restés sur place. "Vous avez soutenu des terroristes dans les Deux-Sèvres samedi, vous êtes contre les paysans" lui lance Patrick Franken, vice-président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne. "Vous avez beaucoup de préjugés sur nous, rien ne va dans ce que vous dites", lui répond-elle.
Plus tard, Marine Tondelier s'est retrouvée temporairement bloquée par un cordon de manifestants et leurs engins agricoles menaçant de lui balancer du purin, avant de pouvoir finalement repartir. "Je suis élue d'opposition au Rassemblement National depuis 8 ans à Hénin-Beaumont, si je restais chez moi à chaque fois que les gens ne voulaient pas que je sorte, je serais confinée à vie, ironise-t-elle. Le président de la chambre d'agriculture a l'air d'intimider et de faire pression sur beaucoup de monde, mais ce territoire ne lui appartient pas et je remercie toutes celles et ceux qui ont permis que ce déplacement se fasse quand même."
Marine Tondelier est encore attendue ce soir à Agen, où elle doit animer les États généraux de l'écologie à partir de 18 heures. Les manifestants, eux, ont déjà prévu de bloquer les accès à la rue Garonne, et pourraient également perturber sa participation à une table ronde à Montesquieu mercredi. Il y sera question de LGV et de l'agriculture de demain, en présence de Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d'agriculture... et cosignataire du communiqué de menaces.