La France compterait onze millions de chats errants, sauvages, contraints de se battre pour se nourrir, vecteurs de maladies, menaçant la biodiversité. La seule solution pour mettre fin à cette prolifération exponentielle est la stérilisation obligatoire martèle l'association One Voice.
"Ces chats errants, ils n'ont pas demandé à être là ! Ils survivent comme ils peuvent dans les rues, certains sont embarqués dans des fourrières et ils sont nombreux à finir euthanasiés" dénonce Muriel Arnal, la présidente de One Voice.
Enquête sur les fourrières
Son association, bien connue pour dénoncer toute sorte de maltraitance animale, vient de lancer une vaste enquête sur les chenils fourrières.
La première, visitée de façon anonyme et où des caméras cachées ont été installées, est celle de Caubeyres, en Agen et Marmande, en Lot-et-Garonne.
Cette structure intercommunale est chargée de récupérer chats et chiens errants, de les identifier, de les nourrir et les héberger le temps que leurs propriétaires, s'ils existent et s'ils se manifestent, viennent les récupérer. Le fonctionnement est expliqué sur la page facebook de la fourrière.
Les animaux ne peuvent y rester plus de 8 jours. Au delà, ils sont confiés à des refuges. Certains, affaiblis ou malades, décèdent. D'autres sont euthanasiés.
Euthanasie incontournable
"Nous recueillons beaucoup de chats sauvages qui ne sont pas sociabilisés" explique Philippe Auboin, le président de la structure.
On ne peut même pas les manipuler. Ils peuvent vous sauter au visage, vous griffer, vous mordre sans prévenir, ils sont comme des tigres, ils n'ont pas l'habitude de l'humain. Et ils sont parfois porteurs de maladies.
Philippe Auboin - Président chenil fourrière de Caubeyressource : France 3 Aquitaine WEB
"Nous travaillons avec trois associations dans le département, aucune ne nous prend ces chats là. Nous n'avons pas d'autre choix que de les euthanasier et on le regrette tout autant que tout le monde. On ne peut pas se permettre de se retrouver avec des centaines, voire des milliers chats sauvages !"
Au chenil, 500 à 600 chats sont récupérés chaque année, environ 80% sont sauvages.
Conditions de vie indignes
Sur ce site de Caubeyres, les enquêteurs de One Voice dénoncent des conditions de vie indignes pour les animaux. "Certains agonisaient (...), étaient laissés sans eau ni nourriture", "aucune attention ne leur est portée" rapportent-ils. Leur rapport a été mis en ligne sur la page web de One Voice.
Fausses rumeurs
Ce sont de fausses rumeurs qui pèsent lourdement sur notre structure et qui s'écrase sur le personnel. On les traite de nazis, de criminels, c'est très grave
Philippe Auboin - Président chenil fourrière de Caubeyressource : France 3 Aquitaine WEB
"Les conditions de travail ne sont pas faciles, il y a les maladies, certains chats sont contagieux, ils peuvent avoir le typhus. On ne peut pas leur installer de panières ou de coussins qui seraient des nids à microbes. Et puis, il y a les euthanasies à effectuer, c'est dur. Certains agents travaillent ici depuis 30 ans, ils ont tous envie que ces animaux aillent bien et retrouvent une famille".
Philippe Auboin a porté plainte contre One Voice pour intrusion et diffamation. Il aurait préféré être directement contacté. "Cela aurait été beaucoup plus simple que l'on échange directement, que l'on fasse une visite ensemble. Là, les choses sont sorties de leur contexte et interprétées. Il y avait d'autres manières de faire. Encore une fois, c'est lourd de conséquence humainement parlant".
Une misère bien réelle
One Voice aussi a porté plainte de son côté, pour mauvais traitement par un professionnel et demande la fermeture du chenil.
"Le fait que ces chats soient sauvages et nombreux n'est pas une raison pour les laisser agoniser" s'indigne Muriel Arnal, qui se dit bien consciente du problème de l'errance féline.
Ces chats ont été abandonnés, ils se retrouvent sans famille, sans abris, on les laisse se reproduire. Cette misère là est bien réelle. Après ils sont placés en fourrière, maltraités, tués. Il faut absolument instaurer une stérilisation obligatoire
Muriel Arnal - Présidente One Voicesource : France 3 Aquitaine WEB
La présidente de One Voice prend la Wallonie pour exemple qui a rendu la stérilisation des chats obligatoires sauf dans les élevages.
Une chatte et ses petites engendreraient 10 000 chatons en sept ans. "On a un problème, personne ne le prend en charge, il faut une vraie politique" martèle t-elle. "En fourrière, la moitié sont tués en moyenne, en liberté ils portent atteinte à la biodiversité, en tuant nombre d'oiseaux puisqu'ils n'ont rien d'autre pour se nourrir, il est urgent d'agir".
Avec ces enquêtes coup de poing dans les fourrières, Muriel Arnal espère que les choses évolueront, qu'une prise de conscience et qu'une réflexion émergera.
One Voice a lancé une pétition en ligne réclamant un plan d'urgence contre l'errance féline.
Dans certaines communes, une politique de "chat libres" a été mise en œuvre comme à Bordeaux ou à Guéret dans la Creuse.
Elle consiste à capturer, répertorier, stériliser et vacciner les chats puis à les remettre en liberté.
Une politique coûteuse pour les municipalités souligne One Voice, alors qu'une stérilisation généralisée obligerait chaque propriétaire à prendre ses responsabilités.