Trois personnes poursuivies pour l'organisation d'une rave party non autorisée durant l'été 2022 à Sérignac-Peboudou en Lot-et-Garonne comparaissaient ce vendredi 4 novembre devant le tribunal correctionnel d'Agen. La procureure a réclamé des peines de prison avec sursis.
L'affaire avait fait grand bruit au cœur de l'été dans cette zone reculée du Lot-et-Garonne, à la limite de la Dordogne.
D'un seul coup, en pleine nuit du 29 au 30 juillet 2022, des colonnes entières de véhicules débarquent dans le petit village de Sérignac-Péboudou.
4000 fêtards réunis dans un champ
4000 personnes venues de France, d'Espagne, des Pays-Bas, de Belgique ou encore d'Allemagne s'installent près du lac des Graoussettes, sur un terrain privé, sans avoir obtenu l'accord du propriétaire. Des murs de son sont montés. La fête, une rave party non autorisée, durera quatre jours.
Les autorités décident de ne pas intervenir. "On ne peut pas évacuer 4000 personnes qui n’ont absolument pas l’intention d’être évacuées, dans le calme et en garantissant le maximum de sécurité" explique alors Juliette Béregi, sous-préfète et directrice de cabinet de la préfecture du Lot-et-Garonne.
Trois personnes interpellées, les trois organisateurs présumés
Cependant, à l'issue de la manifestation, trois personnes sont interpellées et placées en garde à vue. Laissées libres sous contrôle judiciaire, elles comparaissaient ce vendredi devant le tribunal correctionnel d'Agen.
Les prévenus sont trois hommes âgés de 29, 34 et 41 ans, poursuivis entre autre pour l'organisation sans déclaration d'un rassemblement festif sur un espace non aménagé et mise en danger d'autrui.
La fête se déroule en effet tout près d'un lac, où la baignade est interdite. La préfecture avait dû déployer des équipes de la Croix-Rouge, les services départementaux de sécurité incendie et de secours à la personne ainsi que des moyens de secours fluviaux pour assurer un minimum de sécurité.
Le parquet réclame douze à quinze mois de prison avec sursis contre les trois hommes.
Événements culturels non reconnus
La défense déplore l'impossibilité de déclarer ce genre d'événements. "Ils ne sont toujours pas autorisés en France alors que cela fait trente ans qu'ils existent" souligne Me Marianne Rostan. "Il y en a 4 000 chaque année".
Le problème est que les pouvoirs publics ne veulent pas les considérer comme des évènements culturels à part entière. On les voit uniquement comme des problèmes de trouble à l'ordre public.
Me Marianne Rostan - avocate de la défenseà France 3 Aquitaine
Légaliser ces rassemblements permettrait justement de les déclarer et de les encadrer, plaide l'avocate.
Elle affirme en outre que les trois prévenus ne sont pas les organisateurs de la free party de Sérignac-Peboudou. L'un d'entre eux n'est autre que le médiateur de la manifestation, Benjamin Rochefort. Dix ans qu'il tient ce rôle. "Un médiateur est une personne qui représente les organisateurs auprès des autorités" explique-t-il, "car les organisateurs étant systématiquement poursuivis, ils ne peuvent pas aller se présenter eux-mêmes. L'objectif est de faire l'interface".
Benjamin Rochefort assure que c'est la première fois qu'un médiateur se retrouve ainsi devant un tribunal. Et cela pose problème.
"Il faut que notre statut soit officialisé pour que cela ne se reproduise pas" dit-il. "Parce que s'il n'y a plus de médiateur dans les raves, il n'y a plus de lien avec les pouvoirs publics. Ça pourrait engendrer des difficultés pour mettre en place les secours par exemple".
Le jeune homme ne compte plus tenir un tel rôle après cette expérience inédite pour lui. Le jugement a été mis en délibéré au 2 décembre.