Fumel : Michel, ouvrier, ou le sentiment d'abandon après la fermeture de " L'usine "

Michel a du vague à l'âme quand il parle de la fin de sa vie ouvrière. Le 4 juin 2018, le couperet est tombé : finie l'emblématique usine de Fumel dans le Lot-et-Garonne. Un an après, quelle place a-t-il dans la société ? Quelles sont ses attentes ? 

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Michel a du mal à contenir son émotion. Il n’est pas revenu sur le site à l'abandon. L'usine a fermé le 4 juin. Fin de l'histoire entamée 171 ans auparavant. Michel Freyne, 51 ans, a encore la gorge nouée. 

Jamais je n’aurais pensé écrire la dernière page de l’usine.

L'usine est comme pétrifiée, comme si " les gars étaient partis à la pause déjeuner ". Tout est encore en place, les machines-outils, les chemises fabriquées pour l'industrie automobile ou navale. Mais plus les 38 salariés qui restaient encore à se battre pour poursuivre l'histoire industrielle de " L'usine " comme on l'appelle encore ici.
 
 
 

 

Une usine qui a forgé un territoire


Fumel, accrochée à flanc de colline au-dessus du Lot, a été une ville minière prospère, paradoxe dans ce département agricole. Pendant des décennies, les paysans avaient l'habitude de récolter le minerai à même le sol et de le porter à l'usine.
Il  a connu plusieurs propriétaires : La Société Minière et Métallurgique du Périgord, puis Pont-à-Mousson, puis nouveau changement : Metaltemple et Metal Aquitaine pour finir. 
 
 
 

Aujourd'hui, trouver sa place dans la société


L'usine a, durant toutes ces décennies rythmé la ville, la vie. Michel Freyne a appris son métier au centre de formation de l'usine. Sa belle-famille y a travaillé. Le savoir-faire des gars de l'usine était largement reconnu. Un savoir-faire qui s'en est allé avec " les 38 qui ont été mis à la porte", Michel est amer. 

Michel Freyne y a passé 35 années de sa vie, toute sa vie professionnelle. Une fierté, mais maintenant il se demande pour quoi faire ? Il connait chaque recoin de ces immenses ateliers, il a travaillé sur un paquet de machines.

Lui qui a touché jusqu’à 2000 € de salaire n’aura plus jamais les mêmes revenus bien sûr. Il est indemnisé pour la perte de son emploi. Ensuite ? Il vient tout juste d'apprendre que son dossier est éligible au plan amiante. Il sera ainsi accompagné financièrement par une allocation de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante jusqu'à l'âge de la retraite. Il ne cherchera donc plus d’emploi. Mais durant tous ces derniers mois, l'inquiétude de l'avenir l’a empêché de dormir. Il se pose encore et toujours la question de sa place dans la société.

Michel est pompier volontaire, il garde le contact et se rend utile. A travers ses interventions sur son secteur, il rencontre des personnes âgées sans le sou, des habitants vivant du RSA, autant dire en grande difficulté. Alors, il prend son sort comme il vient. Mais il est toujours aussi en colère contre cette injustice sociale, ces inégalités dans la société, c’est ce qui lui fait mal au cœur... 
 

Penser à ceux qui ont des mains en or


Son attente de la société aujourd'hui ? De la reconnaissance. Et que les erreurs qui ont conduit à la fermeture de son usine ne se reproduisent plus, que les élus écoutent et répondent aux appels à l’aide.

Car c'est ce qui lui a manqué, à lui et ses collègues. Ils ont eu le sentiment d’abandon.  Alors, s’il a un message à faire passer, c’est aussi qu’on s’intéresse et qu’on donne leur chance à ceux qui travaillent avec leurs mains.

Je sens qu'il y a des gens, ils ont des mains en or. J'ai l'impression qu'on leur a coupé les bras. 

Michel n'opposent pas ceux qui travaillent autrement :

Des politiques, des cerveaux, des ingénieurs, c'est cette union qui fait qu'on arrive à montrer qu'un pays il a une force. 
 

Exister !


"Exister, c'est pas vivre avec 5 ou 6000 euros par moi ! C'est surtout dire vous participez au développement de la France !"

Michel ne cache pas son inquiétude pour son territoire auquel il est très attaché. Fumel, cité enclavée, a perdu des habitants au fil des décennies et des soubresauts de " L'Usine ".

Les jeunes s'en vont, c'est triste. 

Il parle aussi au nom des autres, comme lui, qui ont connu la vie d'ouvrier, dans des site, qui plus est, exposés aux pollutions comme l'amiante à Fumel. Alors il exprime une attente, qu'il entende cette phrase " On va faire en sorte de vous aider à finir votre vie tranquillement, c'est tout ce qu'on demande. "  Michel ne se plaint pas de son sort, il va bénéficer de la préretraite amiante. Mais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête puisqu'il a travaillé durant trois décennies dans un environnement amianté. 

 
 











 
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