Suicide chez les agriculteurs : "maintenant que cette parole n'est plus taboue, il faut recréer du lien social"

Le député LREM de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne Olivier Damaisin a été chargé par le gouvernement d'établir un état des lieux du mal-être agricole. D'ici six mois il présentera ses propositions pour lutter contre les différentes sources de mal-être chez les agriculteurs.
 


Quand Olivier Damaisin évoque les multiples raisons du mal être agricole, il cite cet exemple, présenté au salon de l'Agriculture par Edouard Bergeon. 
Le réalisateur d'Au nom de la terre, film à succès autour d'une tragique histoire du monde paysan, a montré au président Emmanuel Macron des photos de courriers. Ces derniers, reçus par un agriculteur portaient à même l'enveloppe la mention "redressement judiciaire".

 

Stigmatisation

"Vous vous rendez-compte, pour l'agriculteur ce que cela signifie ?, interroge Olivier Damaisin. La stigmatisation que doit ressentir le destinataire de la lettre? Il ne sait pas si le facteur en a parlé, si d'autres personnes ont vu ce courrier et combien, désormais, connaissent sa situation…"

Des éléments à prendre en compte pour expliquer le mal-être agricole, estime le député LREM du Lot-et-Garonne, qui a été chargé par le gouvernement d'établir un état des lieux sur la question.
  

Un tabou brisé

Au programme, des rencontres avec des chambres d'Agriculture, les syndicats, les services de l'Etat, la MSA… et bien évidemment des familles d'agriculteurs.
"Depuis l'annonce de ma mission, je reçois énormément de témoignages, de personnes qui veulent parler, assure le député. La parole de ces personnes n'est plus taboue, il faut désormais recréeer un lien social".

Parmi les revendications des agriculteurs, la mobilisation contre les accords de libre échange, de type Mercosur ou Ceta reviennent régulièrement. Mais le député l'assure, les problèmes financiers ne sont pas l'unique source de souffrance. "Certains agriculteurs se suicident alors qu'ils n'ont pas de problème financier. Ils souffrentde solitude et d'isolement", avance-t-il. 


Le suicide, question centrale

La question du suicide des agriculteurs reste centrale. Selon la MSA, ils étaient 372 à se donner la mort en 2015. Le député craint que ce chiffre ne soit sous-évalué. "Il y a les suicides qui ne sont pas comptabilisés, pour des questions d'assurance, ou parce que la famille a honte.

Et puis celui qui meurt dans un accident alors qu'il roulait à grande vitesse et n'a pas essayé de freiner, comment on le comptabilise? "


Selon ce dernier, les raisons de cette souffrance sont multiples. "Il y a l'agri bashing, l'endettement, mais aussi la solitude. Autrefois, il y avait les corvées communes, les agriculteurs se retrouvaient pour effectuer certains travaux ensemble. 
Aujourd'hui, certains ne voient plus personne!"



Le député se donne six mois pour recueillir la parole puis faire des propositions et des préconisations, avant, il l'espère, un projet de loi.


En Lot-et-Garonne, France 3 Aquitaine a rencontré des agriculteurs témoignent qui de leurs difficultés et évoquent, pudiquement, ce qui peut mener certains d'entre eux au suicide.
 
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